L'incompréhension continue de régner entre les médecins et les infirmiers à propos de la pratique de l'anesthésie. Les infirmiers semblent rassurés. Détails. La décision de Khalid Ait Taleb d'accorder aux infirmiers anesthésistes la possibilité de pratiquer des actes d'anesthésie et de réanimation a provoqué la colère des médecins. Si le ministère pense que cette décision est largement fondée en vue de faire face à la pénurie des médecins anesthésistes et réanimateurs, ces derniers affirment qu'une telle décision pourrait s'avérer dangereuse et mettre la vie des patients en danger. De leur côté, les infirmiers ne semblent pas contre et s'estiment être capables de réaliser des actes aussi sensibles dans les cas critiques. Une colère injustifiée, selon les infirmiers ! Face à la colère des médecins, les infirmiers se montrent confiants. Nous avons contacté les représentants de la profession pour mettre la lumière sur les points de divergence existants. Dans une déclaration à "L'Opinion", Habib Kroum, président de la Fédération nationale des anesthésistes réanimateurs (FNAR), affirme que la pénurie des médecins anesthésistes date depuis longtemps, avant même le mandat du ministre actuel de la Santé et de la Protection sociale. Selon lui, la circulaire est en faveur des infirmiers anesthésistes, qui, avant cette réglementation, n'étaient pas en mesure de prendre la décision de pratiquer l'anesthésie pour les malades en situation critique. Du moment que le refus d'assistance à une personne en danger est un délit réprimé par le Code pénal, la colère des médecins face à cette décision ministérielle n'est aucunement expliquée, insiste M. Kroum qui précise que laisser un malade en danger souffrir, et qui risquer de perdre la vie, pour des raisons par manque d'effectifs, est «éthiquement, humainement et religieusement inacceptable ». Il ajoute que la circulaire représente une sorte de protection à la fois des patients et des infirmiers, pour éviter que ces derniers soient réprimandés pour non intervention durant les cas jugés critiques et ceux déclarés d'urgence. En réalité, durant ces dernières années, le manque d'effectifs dans le secteur de la Santé se fait de plus en plus ressentir. Ainsi, en anesthésie et réanimation, le Maroc compte seulement 200 médecins, un manque qui se répercute sur la programmation des actes de chirurgie et, par conséquent, prive les citoyens de leur droit d'accéder aux soins nécessaires. En guise de rappel, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, a appelé, dans une circulaire datée du 7 septembre, les infirmiers en anesthésie et réanimation relevant du secteur « à prendre temporairement la relève des interventions les plus préalablement programmées par le médecin en chef ou le chirurgien, et qui ne peuvent être reportées, même en l'absence d'un médecin anesthésiste- réanimateur ». Parallèlement, la décision du ministère a fait réagir la Fédération nationale des médecins anesthésistes du Maroc (FNAM) qui, dans son communiqué qui remonte au 9 septembre, estime que le manque d'effectif dans le secteur public n'est pas en mesure de justifier une telle décision considérée comme allant à l'encontre des recommandations internationales.