La tension demeurait palpable mardi en Palestine après des premières frappes aériennes israéliennes depuis des mois sur la bande de Gaza. Les avions de combat israéliens ont lancé des frappes aériennes tôt dans la journée, mardi, sur la bande de Gaza, après qu'une roquette a été lancée depuis la bande vers l'Etat hébreu, selon des témoins oculaires et le mouvement Hamas. Les raids israéliens ont ciblé un site de sécurité dans la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tandis que les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé que leurs défenses aériennes avaient riposté aux avions israéliens. De son côté, Hazem Qassem, porte-parole du Hamas à Gaza, a estimé dans un communiqué de presse que "le bombardement sioniste de certains sites vides est une tentative vaine d'empêcher notre peuple palestinien de défendre la ville d'Al Qods et la mosquée Al-Aqsa". Les raids sont intervenus quelques heures après que l'armée israélienne a annoncé que le système de défense aérienne Iron Dome avait intercepté un missile tiré lundi soir depuis la bande de Gaza vers Israël, à la suite des violences contre les Palestiniens. L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué : "Des sirènes ont retenti dans la zone proche de la bande de Gaza. Un missile a été tiré depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien, qui a été intercepté par le système de défense Iron Dome". Aucune partie n'a immédiatement revendiqué le lancement de ce missile. Selon une statistique de l'Agence France-Presse, il s'agit de la première roquette tirée depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien depuis le 1er janvier, lors d'un attentat auquel l'Etat hébreu a répondu, comme d'habitude, par des raids sur des sites du secteur palestinien assiégé. Ce raid survient un jour après que plus de 19 Palestiniens et sept Israéliens ont été blessés lors d'affrontements entre la police israélienne et des Palestiniens dans et autour de la mosquée Al-Aqsa à Al-Qods occupée, tandis que 18 personnes ont été arrêtées, deux jours après des affrontements similaires qui ont laissé plus de 150 Palestiniens blessés. Washington "profondément préoccupé" Vendredi, plus de 150 Palestiniens ont été blessés lors d'affrontements avec la police israélienne dans la cour de la mosquée Al-Aqsa. Lundi, le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, a déclaré que son pays était "profondément préoccupé" par ces tensions. Il a souligné que des responsables américains de premier rang sont en contact avec Israël, l'Autorité palestinienne et les pays arabes. Par ailleurs, les Israéliens craignent que les Palestiniens de la bande de Gaza ne rejoignent les événements d'Al Qods. Les forums de sécurité israéliens estiment possible une implication des forces de la résistance palestinienne contre l'occupation, d'abord pour tenter d'affirmer leur existence, ensuite pour empêcher tout isolement de la Cisjordanie et Al Qods, et enfin pour maintenir la bande de Gaza sous les feux médiatique et politique. Escalade à Gaza ? Des sources sécuritaires israéliennes et des analystes ont répété ces dernières semaines que le Hamas, qui a salué les attaques récentes en Israël, ne souhaitait pas une guerre cette année en invoquant principalement deux raisons. Premièrement, les capacités militaires du mouvement ont été affectées par la guerre de mai 2021. Et deuxièmement, en cas de conflit, le nouveau gouvernement israélien risque de suspendre les milliers de permis de travail accordés ces derniers mois à des ouvriers de Gaza, territoire sous blocus plombé par un taux de chômage local avoisinant les 50%. Lundi, le Jihad islamique, principal groupe islamiste armé palestinien après le Hamas, mais qui contrairement à lui n'administre pas la bande de Gaza, a toutefois menacé d'une nouvelle escalade militaire. "Nous ne pouvons plus rester silencieux sur ce qui se passe à Jérusalem et en Cisjordanie occupée", a déclaré Ziad al-Nakhalé, le chef de ce mouvement disposant selon le renseignement israélien de milliers de combattants et de roquettes à Gaza. La bande de Gaza, l'étroite bande côtière avec une population de 2,3 millions de Palestiniens, a mené quatre guerres sanglantes avec Israël depuis 2008, dont la dernière en mai dernier, lorsque les tensions autour de la mosquée Al-Aqsa ont déclenché un conflit armé entre les deux côtés qui a duré 11 jours, tuant environ 266 Palestiniens, dont 66 enfants, et du côté israélien, 14 personnes. Le 20 mai, avec la médiation égyptienne, Israël et le « Hamas » sont parvenus à un accord de cessez-le-feu après cette violente confrontation militaire. Depuis la dernière vague de violence qui a débuté le 22 mars, 23 Palestiniens ont été tués. RAAM suspend son soutien au Premier ministre
Des violences entre policiers israéliens et manifestants palestiniens ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem, et fait plus de 150 blessés, ce vendredi 16 avril. En réaction aux violences israéliennes qui ont fait 150 blessés parmi les Palestiniens, le parti arabe RAAM membre de la coalition de Naftali Bennett, a suspendu son soutien au gouvernement. Ces affrontements de l'esplanade d'Al Qods ont refroidi Raam, le parti arabe israélien d'obédience islamiste qui avait accepté de participer à la coalition gouvernementale du Premier ministre Naftali Bennett. Le mouvement a diffusé un communiqué dimanche, dans lequel il suspend temporairement son soutien au gouvernement. « Si le gouvernement poursuit ses mesures arbitraires » à l'esplanade des Mosquées, « nous soumettrons une démission collective », a-t-il prévenu. Les travaux de la Knesset – le Parlement israélien – étaient déjà suspendus jusqu'au 5 mai. Mais le symbole reste fort, car Raam est le premier mouvement arabe à soutenir un gouvernement israélien. Lors des élections législatives de juin dernier, Raam et sept autres partis de la coalition (de gauche, de droite et d'extrême droite) ont permis à Naftali Bennett de déloger le précédent Premier ministre, Benyamin Netanyahu, au pouvoir de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021.