Si le Maroc s'en sort bien en matière de mutualité, la problématique se pose à beaucoup d'autres pays car le filet social n'est pas aussi généralisé d'où le challenge de l'Union Africaine de la Mutualité (UAM) en revitalisant ses organes. Cela passe nécessairement par l'activation de l'approche participative et de communication avec les acteurs concernés. Renouveler et redynamiser les structures, tels étaient les enjeux majeurs de l'assemblée générale de l'Union Africaine de la Mutualité (UAM), tenue du 12 au 13 mars au complexe Dawliz à Salé. Une assemblée qui a tenu toutes ses promesses puisque le Maroc a été élu pour quatre ans, en la personne de Moulay Brahim Al Atmani, (lire l'encadré). Lors de ce conclave, plusieurs questions ont été débattues. Mais ce qui retiendra le plus est, sans aucun doute, le financement de la protection sociale. Si le Maroc s'en sort bien en matière de mutualité, la problématique se pose avec beaucoup d'acuité à d'autres pays car le filet social n'est pas aussi généralisé d'où le challenge de l'UAM en revitalisant ses organes. Cela passe nécessairement par l'activation de l'approche participative et de communication avec les acteurs concernés, un pilier fondamental pour réaliser la justice spatiale et sociale. Faut-il rappeler, à ce sujet, que l'UAM est un organisme qui se veut un modèle de coopération Sud-Sud. Parmi ses principaux objectifs de l'UAM, figure principalement l'instauration du principe de la solidarité dans tous les secteurs du domaine social (couverture médicale et régime de retraite). Et c'est à juste titre que le chantier de la généralisation de la couverture sociale, lancé sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI, pour la promotion de la justice sociale et spatiale a été présenté aux participants et qui pourrait servir de modèle à d'autres Etats. Pour l'UAM, ce projet représente une révolution sociale eu égard à ses incidences directes et concrètes sur l'amélioration des conditions d'accès des citoyens aux soins de santé et la protection de catégories vulnérables. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que la centralité du système mutualiste est la composante intégrante de la couverture sociale. Puisqu'il joue un rôle prépondérant dans la facilitation de l'accès aux soins, la prévoyance sociale, les actions de solidarité et la consécration de la justice spatiale en matière de santé. Couverture sociale C'est dans cette optique qu'a souligné, dans son allocution, Moulay Brahim Al Atmani l'exemple marocain et la présence d'un grand nombre de participants qui confirme davantage le rôle pionnier du royaume en matière de couverture sociale à travers notamment le chantier de généralisation de la couverture sociale, lancé sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Selon le président de l'UAM, cette étape connaîtra la mise en place de nouvelles feuilles de route et stratégies visant à atteindre les objectifs primaires de l'UAM avant d'ajouter qu'il s'agit d'une nouvelle ère de collaboration entre les différentes mutuelles africaines. En Côte d'Ivoire, par exemple, le gouvernement s'y met. La mutuelle de ce pays connait un réel progrès et l'on compte près de 500 000 adhérents. C'est dans cette optique que les principales recommandations de l'assemblée ont notamment concerné la mise en place d'un programme de coopération, visant à soutenir la protection sociale de tous les adhérents, tout en faisant de l'union un pilier en matière de justice sociale en Afrique. D'ailleurs, les résultats des élections de ce samedi ont démontré une volonté commune de réforme, soulignant les grands espoirs de l'union pour relever ses défis. Et la solidarité prend tout son sens. A cet effet, les organisations membres, comme le stipule les statuts de l'UAM, visent à maintenir en faveur de leurs affiliés, en particulier et de la population en général, les mécanismes de solidarité. Elles sont convaincues que chacun doit participer en fonction de ses capacités financières et doit bénéficier des prestations selon ses besoins. Il faut dire qu'à l'universalité des principes fondamentaux que partagent les organisations amènera les membres de l'UAM à agir tant au niveau africain qu'international. En effet, face à la libéralisation accrue du commerce mondial, il est nécessaire d'affirmer au plus haut niveau que les soins de santé ne constituent pas des biens comme les autres, et qu'il ne peut y avoir de dérèglementation du secteur de la santé. Car ce marché présente d'importantes perfections et occasionne des contraintes fondamentales au plan humain et social. La crise sanitaire liée à Covid-19 en est la parfaite illustration. Assistance technique Créée en 2007, l'UAM est un instrument de mise en réseau du mouvement mutualiste en Afrique pour défendre et représenter les intérêts communs des organisations membres et apporter une assistance technique de premier ordre en matière de mutualité et dans les domaines apparentés. Basée à Rabat, cette instance panafricaine constitue un espace d'échanges, de dialogue, de coordination et de plaidoyer du mouvement mutualiste africain auprès des gouvernements et des instances internationales dans un cadre de coopération Sud-Sud. Toujours est-il que l'AG de l'UAM, placée sous le thème « protection sociale, un chantier décisif pour garantir la justice sociale en Afrique » tenue à Salé, a été l'occasion pour les participants de prospecter de nouvelles pistes de financement des mutuelles. En la matière, le défi est grand sur le continent quand on sait qu'il y a plus de demandes, de besoins que de cotisants. Autrement dit, le filet social manque cruellement. Wolondouka SIDIBE 3 questions à M. Fouad Moutaoukil «Améliorer les indicateurs socio-économiques »
Pour le Directeur général, l'Union africaine de la mutualité, Fouad Moutaoukil, on ne peut parler de justice sociale sans la justice économique, d'où il faut créer les conditions idoines pour l'amélioration des indicateurs socio-économiques. - A votre avis, peut-on parler de justice sociale sans évoquer la justice économique ? - La justice sociale et la justice économique sont étroitement liées car la protection sociale est fondée sur la lutte contre la pauvreté, la vulnérabilité. C'est un outil pour l'amélioration des indicateurs socioéconomiques et sert d'indices de classement sur le volet social et économique dans la lutte contre les maladies, le vieillissement et le chômage. Il s'agit aussi de l'amélioration du panier de la ménagère ainsi que le revenu du citoyen. - Qu'en est-il de votre partenariat avec les autres entités sur le continent ? - Il faut rappeler que l'Union africaine de la mutualité est un carrefour de partage, d'échange. Aujourd'hui, nous comptons 13 pays membres de l'UAM. Notre action vise à agrandir ce réseau avec plus d'adhérents et de sympathisants. Autrement dit, notre objectif est d'attirer plus de structures évoluant dans le secteur de la mutualité car comme on le dit bien l'union fait la force d'autant plus que l'UAM a atteint sa maturité sur le continent. Nous sommes à l'ère de la protection sociale d'où la nécessité de converger nos actions dans ce sens en partageant nos expériences. -L'épineuse question est le financement de la protection sociale. Quelle est votre démarche dans ce sens ? - C'est un challenge de notre institution car il faut innover et créer d'autres mécanismes de financement. Et Covid-19 a montré qu'il faut s'investir davantage dans la protection sociale pour protéger plus les personnes vulnérables. Il a montré que personne n'est à l'abri. En la matière, le Maroc a montré son engagement dans la protection sociale à travers les différents mécanismes mis en place.
Recueillis par W. SIDIBE
Bon à savoir
Au terme de son assemblée générale, tenue, samedi à Salé, le Maroc a été porté à la présidence du bureau exécutif de l›Union Africaine de la Mutualité (UAM), en la personne de Moulay Brahim Al Atmani, pour les quatre prochaines années. Rappelons que M. Moulay Brahim Al Atmani est aussi président du Conseil d›Administration de la Mutuelle générale du Personnel des Administrations Publiques (MGPAP). C'était lors du début des travaux de l›Assemblée générale de l›Union africaine de la mutualité, placée sous le thème « la Protection sociale, un chantier décisif pour garantir la justice sociale en Afrique ». Les autres membres du Conseil exécutif et du comité directeur de l›UAM sont le Sénégalais Babakar Ngom (1er vice-président), le Malien Djikine Babassa (2ème vice-président), Tiomela Augustin (Cameroun-secrétaire général), Gnobo Paul (Côte-D'Ivoire - secrétaire général adjoint), Mohamed Ahaimedou (Mauritanie-trésorier) et Mouigni Fatma (Iles Comores - trésorière adjointe).