En Afrique, seule 10% de la population bénéficie d'une couverture maladie. L'Union africaine de la mutualité, qui vient de se réunir à Marrakech, a émis plusieurs recommandations pour améliorer la situation. La ville ocre, capitale de la mutualité africaine. En effet, Marrakech a accueilli les 16 et 17 septembre les travaux des pays membres de l'Union africaine de la mutualité (UAM). Ce fut l'occasion pour cette organisation de faire le point sur l'évolution des activités des mutuelles sur le continent. À ce propos, le symposium international sur le «tiers payant», qui a réuni des centaines de participants nationaux et étrangers, a été le cadre idéal pour dresser un tableau de la situation et baliser le chemin pour le futur. Plusieurs responsables africains et européens ont à ce propos levé le voile sur la pratique mutualiste dans leur pays. Et au terme des travaux, ils ont appelé à une généralisation du tiers payant, en mettant en place un échéancier pour sa concrétisation. Cela permettra de couvrir «l'ensemble des services de santé et permettra d'élargir l'accès aux soins et d'alléger le poids financier supporté par les assurés sociaux et leurs familles», ont indiqué les mutualités. Le système du tiers payant dispense les patients d'avoir à supporter les coûts médicaux à condition de cotiser auprès des mutuelles. Actuellement, on estime qu'à peine 10% de la population africaine bénéficie de la couverture médicale, contre 20% dans le monde. Coopération Lors de leurs travaux à Marrakech, les mutualistes ont mis en avant la contribution du mouvement mutualiste à la réussite de l'instauration du tiers payant et ceci à travers le renforcement des services complémentaires et de ceux relatifs à la prévoyance sociale ainsi que la mise en place de mécanismes souples et dynamiques pour consolider les rôles des mutuelles. Ils ont ainsi appelé à la création d'un organisme consultatif et institutionnalisé entre les mutuelles, les représentants des producteurs de soins, les institutions de santé publique et privées et les organismes de prévoyance et d'assurance maladie. Les mutualistes ont plaidé pour l'organisation de séminaires, de stages et de rencontres avec les responsables des structures de santé publique et privées ainsi qu'avec les responsables des organismes del'assurance-maladie obligatoire (AMO). Enfin, le développement de la coopération entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne est également souhaité pour un meilleur partage d'expériences. L'UAM s'élargit À Marrakech, l'Union africaine de la mutualité (UAM) a accueilli de nouveaux membres. Il s'agit du Djibouti, des Îles Comores et du Tchad. Ces nouvelles adhésions portent à plus de 18 le nombre de pays membres de cette organisation dont le siège est basé à Rabat. Présidée par le Marocain Abdelmoula Abdelmoumni, l'UAM compte en tout 10.000 membres actifs dans les fédérations, les unions et les réseaux de mutuelles. «L'Union a pour objectif dans un cadre de coopération sud-sud de diffuser dans tous les pays africains les principes dont s'inspire la Mutualité dans l'assurance-maladie, la prévoyance, la retraite et dans tous les autres secteurs de la protection sociale», fait-on savoir auprès de la présidence de l'UAM. Parmi les objectifs de l'UAM, on cite également l'amélioration de l'accès aux soins de santé des populations africaines et l'extension de l'action mutualiste sur l'ensemble du continent, aussi bien en milieu urbain que rural. Abdelmoula Abdelmoumni Président de l'Union africaine de la mutualité (UAM) En Afrique, la majorité de la population demeure sans couverture médicale, tout en souffrant de l'exclusion sociale et c'est ce qui constitue un chantier de pensée pour tous les acteurs africains œuvrant dans ce sens, car il faut le dire, l'Afrique est un continent prometteur en termes d'opportunités dans le secteur mutualiste. Beaucoup reste à faire pour développer ce secteur, qui facilitera indéniablement l'accès aux soins aux populations. C'est dans cette optique que nous nous sommes tous engagés dans la création de notre Union africaine de la mutualité, dans le but de promouvoir l'action mutualiste sur tout le continent africain et de faire valoir les principes qui guident le mouvement mutualiste mondial. Nous croyons fermement que notre union est un espace d'échange, de dialogue, de coordination et de coopération, et qu'elle constitue une plateforme pour les plaidoyers du mouvement mutualiste africain devant les instances internationales. Par ailleurs, l'UAM s'est inscrite dans une politique de régionalisation, qui s'est traduite dans un premier temps par l'ouverture du premier «bureau subrégional de liaison» en décembre 2014, notamment le «Bureau de l'UAM pour l'Afrique de l'Ouest» à Abidjan. Nous œuvrons actuellement à l'ouverture d'autres bureaux régionaux, notamment en Afrique du Nord, en Afrique Centrale et en Afrique australe. Notre objectif à travers ces bureaux régionaux est de promouvoir les valeurs de la mutualité, démocratiser la couverture médicale et sensibiliser les gouvernements à notre rôle en tant qu'acteur de l'économie sociale et solidaire.