Les participants au symposium international sur le "tiers payant", organisé vendredi à Marrakech, à l'initiative de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP), ont appelé au renforcement de la coopération entre le Maroc et les pays africains frères pour développer ce nouveau mécanisme du service public en vue d'assurer un accès équitable aux soins à tous les citoyens. La réforme de la couverture médicale au Maroc nécessite la généralisation du "tiers payant" pour toutes les maladies, prioritairement pour l'achat des médicaments onéreux utilisés dans le traitement des pathologies lourdes ou chroniques, a indiqué pour sa part,, le ministre de l'Emploi et des Affaires sociales Abdeslam Seddiki. Lors de ce symposium international, organisé sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI sous le thème "le tiers payant entre l'équilibre financier des organismes de prévoyance sociale et le rôle des mutuelles dans la facilitation de l'accès aux services de santé", les participants ont notamment plaidé pour l'organisation de séminaires, de stages et de rencontres avec les responsables des structures de santé publiques et privées et avec les responsables des organismes de l'assurance-maladie obligatoire (AMO). Soulignant la nécessité de mettre le tiers payant au centre des politiques publiques, ils ont dans ce sens appelé les producteurs des soins au Maroc et dans l'ensemble du contient africain à s'engager dans le projet de la généralisation du tiers payant, en mettant en place un échéancier pour la mise en place du tiers payant généralisé qui couvrira l'ensemble des services de santé et permettra d'élargir l'accès aux soins et d'alléger le poids financier supporté par les assurés sociaux et leurs familles. Ils ont également mis en avant la contribution du mouvement mutualiste à la réussite de la mise en place du tiers payant et ce, à travers le renforcement des services complémentaires et ceux relatifs à la prévoyance sociale et la mise en place de mécanismes souples et dynamiques pour consolider les rôles des mutuelles, appelant à la création d'un organisme consultatif et institutionnalisé entre les mutuelles, les représentants des producteurs de soins, les institutions de santé publiques et privées et les organismes de prévoyance et d'assurance maladie, qui sera chargé de l'évaluation continue de l'évolution de la mise en place du tiers payant et de la proposition des solutions aux pratiques qui pourrait représenter un élément de blocage de ce système. Ils ont souligné en outre la nécessite d'un engagement des organismes de prévoyance sociale pour mener des études ayant pour objectifs de mette en place des systèmes d'information en coordination avec les institutions publiques chargées des impôts et de la régulation de l'assurance-maladie, le ministère de la Justice et la Direction générale de la sécurité nationale pour garantir et préserver le système du tiers payant contre les fraudes. Ils ont également insisté sur la nécessité d'assurer la continuité de l'amélioration des pratiques liées au tiers payant en associant les institutions de gouvernance et les institutions politiques et associatives à son évaluation et de garantir la protection des assurés sociaux et de leurs ayants droit ainsi que les fonds des organismes de prévoyance contre les pratiques de prix exagérés et non conformes aux prix de références approuvées par les autorités compétentes. Les participants ont aussi appelé les gouvernements à œuvrer à la mise en place de politiques publiques garantissant la protection des populations des assurés sociaux et leurs accès au tiers payant, et à appuyer les opérations de coordination entre les mutuelles pour l'ancrage du système du tiers payant et l'unification des efforts pour garantir un climat de confiance avec les producteurs de soins et renforcer les systèmes des services de prévoyance au profit des adhérents, tout en invitant l'ensemble des organes de l'Union Africaine à intégrer les présentes recommandations dans ses documents de travail dans le secteur de la santé. Organisée à l'initiative de la MGPAP en collaboration avec l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), cette rencontre scientifique a réuni des personnalités représentants le Burkina Faso, le Sénégal, le Tchad, Djibouti, la Côte d'Ivoire, la Tunisie, la France, l'Espagne, le Portugal, la Turquie, ainsi que les organisations internationales comme l'Union des mutuelles d'Amérique, l'Union de la mutualité Africaine qui ont débattu de plusieurs thématiques intéressant le secteur de la mutualité, notamment celle du tiers payant. La réforme de la couverture médicale au Maroc nécessite la généralisation du "tiers payant" pour toutes les maladies S'exprimant à l'ouverture du Symposium international, M. Seddiki a souligné que le tiers payant, qui permet aux patients de dispenser de l'avance des frais de traitement, y compris les consultations et les analyses médicales aussi bien que les médicaments coûteux, se veut un pilier essentiel à la réussite des stratégies visant à garantir un accès juste et équitable aux soins et constitue la meilleure solution des retards survenus récemment au niveau des compensations. Il contribuera également à réduire la durée du traitement, améliorer les conditions de prise en charge, assurer le suivi médical et la gouvernance des dépenses du secteur, a-t-il ajouté. Le ministre a également relevé qu'en dépit des efforts déployés par les mutuelles dans ce sens, les prestations ne répondent pas tout à fait aux aspirations et aux attentes des adhérents, ce qui se manifeste clairement par les chiffres, soulignant que le total des payements enregistrés dans le cadre du tiers payant par la Caisse nationale des organismes de prévoyances sociale (CNOPS) a été de l'ordre de 1.783.618.553 dirhams en 2015, contre 1.758.975.698 dirhams en 2014, soit une petite croissance de 1 pc. Le secteur privé quant à lui a capitalisé avec un total de 1.291.255.510 dirhams, soit une croissance de 72 pc, alors que le secteur public a enregistré un total de 252.510.897 dirhams, soit une croissance de 14 pc, tandis que le montant enregistré au niveau du secteur mutualiste était de la valeur de 209.801.69 dirhams, a-t-il ajouté. De son coté le président du conseil d'administration de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP), Abddelmoula Abdelmoumni a souligné, dans une allocution similaire, que le tiers payant compte parmi les terrains de solidarité auxquels les mutuelles souhaitent investir selon leurs capacités pour donner à la proximité un sens réel et à la situation du mutualiste moins de précarité. La mutuelle Générale s'ouvre institutionnellement sur le territoire marocain en parfaite coordination et partenariat avec les autorités locales dans une logique d'engagement territorial et non dans une logique de privation et d'exclusion sociale, fait-il remarquer, précisant que la MGPAP est implantée dans 74 villes et villages du Royaume. Ainsi, la mutualité a contribué, selon les chiffres de la Fédération internationale des mutuelles et des coopératives pour l'Amérique Latine, à faire augmenter sa part dans le secteur des assurances de 23,8 pc en 2007 à 27,3 pc actuellement, ce qui prouve la solidité du mouvement mutualiste à affronter les crises économiques et financières et à poursuivre l'offre de ses services à ses adhérents, souligne le président de la MGPAP. "Nous ne voulons ni concurrencer le secteur privé, ni se considérer comme une alternative en matière de production de soins publics, mais continuer simplement à jouer un rôle de troisième voie pour une catégorie sociale n'ayant pas les moyens suffisants pour accéder aux soins de qualité", s'est-il expliqué. Organisé par la MGPAP en partenariat avec l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), ce symposium a été marqué par la signature des statuts de l'Union africaine de la mutualité (UAM) avec 12 pays africains, ainsi qu'un hommage rendu à deux femmes sahraouies élues et actives dans le domaine social et de la gouvernance ainsi que trois femmes africaines de la Côte d'Ivoire, Burkina Faso et du Sénégal en reconnaissance à leur efforts dans le domaine de la mutualité. Il s'agit de Mmes Daoudi Batoul, élue locale active dans le domaine de l'enseignement, Fatimatou Zaama, activiste sahraouie, Kayo Slaha Clarisse, secrétaire générale de l'UAM, également députée à l'Assemblée générale de la Côte d'Ivoire, Juliette Compaoré, trésorière de l'UAM, et Yacine Fall, première vice présidente de la même instance. Cette manifestation s'inscrit dans le cadre de la contribution de la Mutuelle générale et de l'Agence nationale de l'assurance médicale (ANAM) ainsi que d'autres établissements publics et privés, nationaux et internationaux, dans le débat autour des moyens de généralisation du tiers payant et son rôle dans le renforcement du système de couverture médicale au Maroc. Au programme de ce symposium, qui a réuni des différents personnalités du secteur de la mutualité dont des représentants des différents prestataires de santé, des experts, des chercheurs et des responsables associatifs de plusieurs pays africains et européens, figure deux panels portant sur "La pratique Africaine en matière du tiers payant et ses perspectives" et "L'expérience Internationale et européenne en matière du tiers payant, les acquis et les attentes". Hausse de 88 pc des recettes de la MGPAP entre 2008 et 2015 Les recettes de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP) sont passées de plus 200 millions de dirhams (MDH) en 2008 à plus 380 MDH en 2015, soit une hausse de 88 pc, a annoncé, samedi à Marrakech, le président du conseil d'administration de cette instance, Abdelmoula Abdelmoumni. S'exprimant à l'ouverture de la 68ème assemblée générale de la MGPAP qui se tient à la ville ocre sous le thème "la continuité dans la lutte contre la précarité par le rapprochement, l'amélioration et la diversification des services médicaux et sociaux, un pilier essentiel pour le développement du système mutualiste", M. Abdelmoumni a souligné que les actifs financiers ( trésorerie) ont enregistré une hausse de 108 pc avec plus de 430 MDH en 2015 contre plus de 200 MDH en 2008. De même, les remboursements sont passés de 78,6 MDH en 2008 à plus de 152,4 MDH en 2015. M. Abdelmoumni a indiqué, en outre, que des efforts colossaux ont été déployés par les organes de gestion au sein de la mutualité en vue d'améliorer et d'augmenter les recettes, les actifs financiers et les fonds placés, dont une grande partie a été dédiée à l'amélioration et au rapprochement des services médicaux et sociaux des adhérents à travers le Royaume, notant que ces revenus ont enregistré une nette hausse en dépit de l'augmentation des remboursements. Concernant les dossiers de maladie et les primes de retraite et de décès, le président de la MGPAP a fait savoir que la MGPAP a œuvré à accélérer la mise en œuvre du chantier de réforme portant sur le remboursement des dossiers de maladie, aussi bien au niveau de l'accueil, de l'archivage et du traitement qu'au niveau de la régionalisation de ce service en vue d'atténuer la pression sur le centre et de faciliter les procédures. De même, il a précisé que les dossiers de maladie ont évolué de 90 pc, tandis que le taux de traitement des dossiers a atteint 107 pc, notant que les primes de retraite et de décès ont connu la même tendance avec une croissance de 97 pc par rapport à 2008. Et de relever que la MGPAP a également pris de nouvelles mesures pour la gestion des réclamations avec la mise en place d'un service dédié à cet effet, outre l'intérêt accordé à la politique de proximité de l'adhérent, le renforcement de la régionalisation à travers le soutien aux délégations administratives de la mutualité et l'institutionnalisation des bureaux administratifs en coordination avec les autorités locales. Elle a aussi procédé à la rationalisation des dépenses, l'amélioration des conditions d'accueil aux niveaux des différentes unités médicales et sociales relevant de la MGPAP, au renforcement de ses partenariats avec les autorités de tutelle à savoir les ministères de l'Economie et des finances et de l'Emploi et des affaires sociales, ainsi que les institutions mutualistes provinciales, régionales et continentales. M. Abdelmoumni a également souligné que la MGPAP a érigé, grâce à ses efforts, la mutualité au rang des composantes de l'économie sociale et solidaire au niveau national, faisant remarquer que l'approche de la mutualité se base sur le partage des risques entre les adhérents et l'égalité d'accès aux services médicaux. Il a aussi fait remarquer que les mutuelles ont toujours comblé les besoins dans les zones éloignées de l'axe de Rabat-Kénitra-Casablanca, ajoutant que la place distinguée dont jouit la MGPAP à l'échelle internationale est le fruit d'une action incessante qui place les adhérents au centre de ses prestations et de la coopération avec plusieurs acteurs œuvrant dans les différents chantiers amorcés au sein de cette institution. L'Assemblée générale a approuvé les deux rapports moral et financier au titre de l'exercice 2015, ainsi que le projet de création d'un service d'assistance médicale dans le secteur mutualiste, le projet du système délimitant les méthodes de fondation et de gestion de la Caisse de sécurité supplémentaire au décès, la révision de la bourse annuelle de la scolarisation des orphelins du secteur mutualiste et l'approbation de la création d'une bourse annuelle au profit des personnes ayant des besoins spécifiques au sein du secteur. Elle a été marquée par la présence de Haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l'armée de libération (HCAR) Mustapha El Ktiri, ainsi que des représentants du ministère de l'Emploi et des affaires sociales, des organisations et des instances de la mutualité internationales et africaines, des syndicats et des délégués des mutualités et des membres du Conseil d'administration et des représentants des groupes parlementaires et des conseillers.