À quelques jours de l'ouverture de la Conférence internationale sur le climat (COP26) en Ecosse, l'Arabie Saoudite et le Bahreïn ont annoncé viser la neutralité carbone d'ici 2060. Premier exportateur de pétrole brut au monde, l'Arabie saoudite a annoncé samedi viser la neutralité carbone d'ici 2060, à quelques jours de l'ouverture de la conférence internationale sur le climat (COP26) en Ecosse. Le royaume saoudien, l'un des plus grands pollueurs au monde, a aussi assuré qu'il participerait aux efforts internationaux pour réduire les émissions mondiales de méthane --parmi les gaz à effet de serre les plus connus-- de 30% d'ici à 2030. Selon les Nations unies, plus de 130 pays se sont fixé ou envisagent de se fixer pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre à un niveau net de zéro d'ici à 2050, un objectif que l'ONU juge «impératif» pour préserver un climat vivable. «J'annonce aujourd'hui l'objectif zéro émission de l'Arabie saoudite d'ici à 2060 grâce à une stratégie d'économie circulaire du carbone », qui vise à augmenter l'efficacité de l'utilisation des ressources et à diminuer l'impact sur l'environnement, a déclaré le prince héritier Mohammed ben Salmane dans une allocution au forum «Saudi Green Initiative», qui s'achèvera dimanche à Ryad. «Je suis heureux de lancer des initiatives dans le secteur de l'énergie qui réduiront les émissions annuelles de carbone de 278 millions de tonnes d'ici 2030, soit plus du double de l'objectif précédemment annoncé», a-t-il ajouté sans donner trop de détails. 450 millions d'arbres Ces objectifs «vont nous permettre d'assurer une transition (énergétique) durable», a de son côté affirmé le ministre saoudien de l'Energie Abdelaziz ben Salmane. La neutralité carbone consiste pour un pays à ne pas émettre plus de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, qu'il ne peut en absorber via par exemple des plantations d'arbres ou des technologies de capture de CO2 directement dans l'atmosphère. En mars, Ryad avait dévoilé une vaste campagne pour réduire ses émissions, notamment un plan visant à planter des milliards d'arbres au cours des prochaines décennies. Et le prince héritier a affirmé samedi que son pays comptait planter dans un premier temps plus de 450 millions d'arbres. Sur Twitter, le président de la COP26, le Britannique Alok Sharma a qualifié d'«historique» l'annonce de l'Arabie saoudite et émis l'espoir «qu'elle encouragera les efforts d'autres pays». Bahreïn et Emirats sur la même voie Le Bahreïn «vise à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, afin de faire face aux défis posés par le changement climatique et afin de protéger l'environnement», relate l'agence de presse officielle BNA à quelques jours de l'ouverture de la Conférence internationale sur le climat (COP26) en Ecosse. Selon l'agence, le pays construira une «économie circulaire du carbone» et compensera ses émissions notamment en capturant le carbone et en plantant des arbres. Le Royaume, qui n'est pas membre de l'OPEP, n'exporte pas de pétrole brut, mais uniquement des produits raffinés. Il produit néanmoins 200.000 barils par jour, qui comptent pour 80% de ses revenus. Le 8 octobre, les Emirats arabes unis, riche pays du Golfe allié à l'Arabie saoudite, avait annoncé viser la neutralité carbone d'ici 2050.
«Un aller simple vers un désastre» Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a averti vendredi que la situation climatique actuelle était «un aller simple vers un désastre» et souligné la nécessité d'»éviter un échec» lors de la COP26 à Glasgow, du 31 octobre au 12 novembre. Le Programme des Nations unies pour l'Environnement notait récemment dans un rapport que malgré les engagements à réduire les émissions de gaz à effet de serre, les plans de production de charbon, de pétrole et de gaz étaient toujours largement incompatibles avec les objectifs de l'accord sur le climat de 2015 qui vise à limiter le réchauffement climatique. Selon la BBC, par ailleurs, une importante fuite de documents montre que plusieurs pays comme l'Arabie saoudite ou le Japon ont demandé aux Nations unies de minimiser la nécessité de s'éloigner rapidement des énergies fossiles. Ces pays estiment, selon ces documents, que le monde n'a pas besoin de les réduire aussi rapidement que le préconise le projet de rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Cheville ouvrière de l'OPEP, l'Arabie saoudite affirme vouloir produire la moitié de son énergie à partir d'énergies renouvelables d'ici 2030. Pays relativement important en termes de carbone, elle émet de l'ordre de 600 millions de tonnes de CO2 par an, davantage que la France mais un peu moins que l'Allemagne (800 millions de tonnes). De son côté, le géant de l'énergie Saudi Aramco, qui fait l'objet d'un examen minutieux de la part des investisseurs sur ses émissions, s'est engagé samedi à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050.