Les fondamentaux du crédit des banques marocaines se remettent lentement des perturbations causées par la Covid-19, indique Fitch Ratings, agence de notation financière internationale. Dans son dernier rapport, l'agence prédit qu'au Maroc, ce secteur aura une rentabilité beaucoup plus élevée en 2021, par rapport aux creux causés par les défaillances de 2020, bien que « le rétablissement aux niveaux d'avant la pandémie devrait prendre au moins un an de plus ». Ce retard est dû aux défaillances qu'a laissées l'année 2020. Une période façonnée par la pandémie de la Covid-19 qui a affecté le système bancaire, notamment à travers l'accélération des créances en souffrance, les tensions sur les liquidités ou encore le ralentissement de la distribution des crédits. « Nous nous attendons à une détérioration modeste de la qualité des actifs après la fin des mesures de soutien aux emprunteurs et une capitalisation obsolète », indique le rapport, soulignant que la rentabilité du secteur a fortement chuté pendant la pandémie en raison d'une augmentation prudente des provisions par les banques dans la crainte d'une dégradation des conditions d'exploitation. Revenant sur l'évolution des provisions pour dépréciation des créances, l'agence indique qu'elles ont énormément pesé sur la performance opérationnelle, en consommant « en moyenne 62 % des bénéfices d'exploitation avant dépréciation des banques en 2020 (25% en 2019). La hausse a été particulièrement élevée pour CIH Bank, où les provisions ont consommé 94% du résultat opérationnel avant dépréciation. La banque est plus exposée que ses pairs sur les particuliers et sur l'immobilier. Les deux sont vulnérables aux défis actuels liés aux conditions économiques ». Après ce gros coup, le rapport prévoit des provisions plus modérés en 2021, ce qui réduira la pression sur les indicateurs de rentabilité. Ménages et secteur de l'immobilier : quels enjeux pour la rentabilité des banques ? Les dommages subis par les profils de crédit des banques marocaines se sont traduit au niveau des réalisations des banques cotées par une forte baisse des résultats due à une hausse importante du coût du risque et à l'impact de la contribution des banques au fonds Covid-19. Les risques à la baisse incluent un chômage élevé et une pression sur les flux de trésorerie pour les entreprises et les ménages, qui continueront de peser sur les profils financiers des banques. Le taux de chômage au Maroc est passé à 12,8% au deuxième trimestre 2021, contre 12,3% au cours de la même période un an plus tôt. Cette situation met la pression sur l'immobilier et le revenu des ménages, dont le poids de la dette représente jusqu'à 33,3% du produit intérieur brut (PIB), tandis que les prêts au logement représentaient 24% des prêts bancaires globaux et sous forme de garanties à des crédits à fin avril 2021. Covid-19 : La qualité des actifs est à l'épreuve de la récession La détérioration des indicateurs de qualité des actifs en 2020 a été contenue par d'importantes mesures d'abstention et par la croissance du crédit au secteur privé, qui a été stimulée par des programmes de prêts à grande échelle garantis par l'Etat. « Il est peu probable que l'on retrouve les niveaux pré-pandémie avant au moins 2022, car les risques liés à la qualité des actifs demeurent ». Les principaux risques pesant sur la qualité des actifs proviennent de l'exposition des banques aux secteurs vulnérables, tels que le tourisme, l'industrie et le commerce (30% des prêts du secteur) et le commerce de détail (environ 33%). Un éventuel soutien du gouvernement en cas de crise Un autre indicateur à suivre est la capacité de soutien des pouvoirs publics en cas de défis prolongés. Elle est modérée en raison d'une dette publique au Maroc qui a déjà atteint 68% du PIB, souligne Fitch Ratings. Les banques marocaines continuent à faire face à un environnement des affaires encore instable qui présente un ensemble de risques et qui devrait continuer à mettre la qualité de leurs actifs sous pression.