Les prêts douteux au Maroc verront leurs ratios se dégrader à deux chiffres à cause de la pandémie de Covid-19. Les perspectives des banques africaines sont stables pour 2021, mais un retour aux niveaux de performance pré-pandémique n'est pas prévu avant au moins deux ans, prévoit Fitch Ratings. La qualité des actifs se détériorera plus rapidement en 2021 et au-delà en raison de l'effet de la pandémie sur les ménages et les entreprises, combiné à l'expiration des mesures temporaires d'allégement de la dette, souligne l'agence de notation dans un communiqué, fraîchement publié. Le scénario le plus probable est la restructuration active des prêts aux grandes entreprises, empêchant une hausse plus marquée des prêts douteux, ajoute la même source. Une telle flexibilité ne sera pas accordée aux prêts à la consommation et aux PME et ces segments entraîneront une augmentation des prêts douteux à long terme, est-il indiqué. Toujours dans ledit communiqué, Fitch note que des ratios de prêts douteux feraient preuve d'une dégradation à deux chiffres dans certains pays, en particulier au Nigéria et au Maroc. « Notre scénario de base est qu'avec une capacité de génération de revenus toujours saine, la plupart des banques de la région resteront rentables malgré d'importantes pertes de crédit. La reconstitution des bénéfices sera plus lente pour les banques sud-africaines », prévoit l'agence de notation internationale. Autre pronostic du Fitch : le financement et la liquidité resteront globalement stables, et la croissance des dépôts restera forte.
Risques de liquidité en devises
Il est souligné aussi que les risques de liquidité en devises ne se sont pas matérialisés, notamment au Nigéria, mais présentent un risque important pour les notations des banques. Le risque pour le capital provient de la qualité des actifs, mais nos tests de résistance montrent que les banques disposent de fonds propres sains et pourraient résister à des chocs modérés, ajoute l'agence de notation américaine. De l'autre côté, 50% des notations bancaires couvertes par Fitch ont des perspectives négatives, "contre 35% il y a un an, suite à de multiples révisions à la baisse depuis le déclenchement de la crise. Par conséquent, les perspectives de notation du secteur sont négatives. Ces perspectives, ajoute la même source, « reflètent soit le fait que le souverain soit sur les perspectives négatives, soit une faiblesse autonome, généralement autour du capital ». Rappelons que l'encours des créances en souffrance détenues par les établissements bancaires au Maroc, durant le mois d'octobre, s'est encore alourdi de 670 millions de dirhams par rapport au mois précédent. A fin octobre 2020, le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques atteint 79,69 milliards de dirhams, en hausse significative de plus de 10 milliards de dirhams en un an, soit +14,3%. Rapporté à l'encours total des crédits bancaires de 936 milliards de dirhams, le taux de créances en souffrance du secteur bancaire ressort, à fin octobre 2020, à 8,53%, contre seulement 7,6% au début de l'année. La hausse des ces créances concerne aussi bien les prêts aux entreprises que ceux aux ménages.