tension entre Paris et Bamako est à son comble et selon le Premier ministre Kokalla Maïga, la France forme des terroristes dans une enclave de l'est malien. Le ton ne cesse de monter entre la France et le gouvernement de transition malien, sur fond de redéploiement de l'opération Barkhane. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a accusé Paris d'avoir participé à la déstabilisation du pays et à la montée en puissance du terrorisme, dans un entretien en russe avec Sputnik. Le dirigeant a d'abord blâmé Paris et ses alliés pour leur action en Libye, qui a entraîné un afflux de terroristes vers le Mali. Mais il a aussi mis en cause directement l'armée française, l'accusant de former des groupes armés dans l'enclave de Kidal, dans l'est du pays. Choguel Kokalla Maïga reproche à la France d'avoir offert ce territoire à un mouvement proche de l'organisation terroriste Ansar Dine, qui a prêté allégeance à Al-Qaïda. L'armée malienne interdite d'accès à Kidal «Le Mali n'a pas accès à Kidal, c'est une enclave contrôlée par la France. Il y a des groupes armés entraînés par des officiers français. Nous avons des preuves... Nous ne comprenons pas cette situation et ne voulons pas la tolérer», a déclaré le Premier ministre de transition à Sputnik. Le responsable a ajouté que la France interdisait à l'armée malienne d'approcher de cette enclave de Kidal. Ces déclarations interviennent alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas. Début juin, la France avait annoncé suspendre ses actions militaires au Sahel, après la prise du pouvoir par le colonel Goïta. Paris compte plus largement mettre un point final à l'opération Barkhane, qui dure depuis désormais sept ans. Un retrait militaire que ne digèrent pas les autorités maliennes, qui y voient une forme de renoncement. Début octobre, Choguel Kokalla Maïga avait déjà fustigé un «abandon en plein vol», à la tribune de l'Onu. Le Premier ministre avait regretté une décision «unilatérale », prise sans concertation avec le gouvernement malien et les Nations unies. Macron veut que «l'Etat revienne» La situation s'était encore tendue davantage après les propos d'Emmanuel Macron, qui avait appelé sur France Inter à ce que «l'Etat revienne» au Mali, ce 5 octobre. Une attaque à peine voilée contre le gouvernement de transition, dont le Président français met en doute la légitimité. Bamako avait finalement répliqué en convoquant l'ambassadeur français. Vendredi, en marge du 28ème sommet Afrique-France, le président français Emmanuel Macron a déclaré que la France « n'a pas vocation à rester dans la durée au Mali » assurant que c'est la raison pour laquelle le pays est « en train de fermer des bases ». Le chef de l'Etat a expliqué qu'à « Tessalit ou à Kidal (nord du Mali) » le travail de la France « n'est pas d'avoir des bases militaires » et estime que « l'Etat malien doit avant tout revenir ». Il souhaite que la France « retire (ses) bases militaires le plus vite possible » mais « ça suppose un retour d'un Etat fort et des projets d'investissement, pour que les jeunes ne se tournent pas, dès que les groupes terroristes reviennent, vers le pire ». « Mon objectif, c'est bien celui-là. Ça ne m'intéresse pas d'avoir des bases de toute éternité sur le sol africain. Ce n'est pas la vocation de la France», a-t-il poursuivi, arguant que « la France n'est là que pour lutter contre le terrorisme, pas pour soutenir tel ou tel régime ». Le blogueur Sénégalais Cheikh Fall, présent à l'échange, a immédiatement réagi. « Cessez de coopérer et collaborer avec ces présidents dictateurs et programmez un retrait progressif et définitif de vos bases militaires en Afrique », lui a-t-il lancé. «Sans les Africains, il n'y aurait pas eu de France» Au sommet Afrique-France vendredi, de jeunes africains, invités au débat avec Macron, ont sérieusement «bousculé» le président français en l'interpellant sur la «France Afrique» et sur le Sahel. L'activiste malienne Adam Dicko a axé son intervention sur la responsabilité de la France au Sahel dénonçant un discours «paternaliste ». «Monsieur le Président, vous dites tout le temps que sans l'intervention de la France, il n'y aurait pas de gouvernement au Mali. Sachez bien que sans l'Afrique, la France n'existerait pas. Nous sommes liés par l'histoire et vous devez cesser de faire croire que vous voulez aider les Africains. Nous devons plutôt parler de partenariat. L'Afrique n'est pas un continent de misère ou de chômage, mais un continent jeune, optimiste, enthousiaste», assène-t-elle. Sur la question de l'intervention française au Mali, elle dit : «la présence de la France au Sahel est la conséquence de l'intervention de la France en Libye qui à l'époque a ignoré l'Union africaine» rappelle Adam Dicko à Emmanuel Macron. De son côté, la Coach et formatrice, Ragnimwendé Eldaa Koama du Burkinabè, titulaire d'un master en management des systèmes informatiques et d'une licence en ingénierie des travaux informatiques, s'est adressée au président français «sans filtre» et plein de formule imagée. «Si la relation entre les pays d'Afrique et la France était une marmite, sachez qu'elle est très sale, cette marmite monsieur le Président ! Je vous invite à la récurer».