Après l'annonce jeudi de l'appareillage d'un premier tanker iranien pour le Liban, Hassan Nasrallah a dévoilé dimanche le départ d'un deuxième navire iranien transportant du carburant vers le Liban. Nasrallah a déclaré dimanche dans un discours télévisé que le premier navire est désormais «en mer», et a ajouté : «Je vous dis que notre deuxième navire naviguera dans quelques jours, si Dieu le veut, et d'autres navires suivront». Il a poursuivi : «Nous continuerons sur cette voie tant qu'il y aura un besoin au Liban». «Le but est d'aider tous les Libanais et toutes les régions libanaises», a-t-il dit, pas seulement «le parti ou les chiites». Ce que nous apporterons sera pour tous les Libanais et tous ceux qui vivent sur le sol libanais. Ce ne sera pas pour une région libanaise sans l'autre. Et de rappeler que le mouvement n'est pas une alternative à l'Etat dans cette affaire ou dans toute autre affaire. « Nous ne pouvons pas l'être et nous ne sommes pas une alternative aux entreprises qui importent du pétrole. (...) Nous ne sommes pas censés apporter la pleine demande d'essence et de diesel du Liban, mais plutôt de bonnes quantités qui allègent la pression sur les entreprises et les stations », a poursuivi le dirigeant du Hezbollah. L'importation par le Hezbollah d'un navire-citerne d'Iran est vue d'un mauvais oeil par ses opposants, qui craignent une tentative iranienne de contrôler le Liban par le biais du mouvement chiite. Nasrallah a minimisé l'importance de ces positions, les qualifiant d'»intimidation», stigmatisant par la même occasion l'initiative américaine d'approvisionner le Liban en énergie. Abordant la réponse américaine à son annonce précédente de l'envoi d'un premier tanker, Hassan Nasrallah estime que ce qui importe est que "si cela se produit et nous saluons le gaz égyptien et l'électricité jordanienne et tout effort qui garantit la production d'électricité". Il faisait ainsi allusion aux propos de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban qui annonçait la réactivation du gazoduc Egypto-jordano-syrien dont une branche arrive à Deir el Ammar. Deux ans d'effondrement économique Il a cependant appelé les Etats-Unis à cesser d'empêcher d'autres pays d'aider le Liban, notant que la réactivation de ce gazoduc prendra des mois avant de pouvoir être fonctionnel. Les politiciens libanais ont averti à plusieurs reprises que leur pays était devenu une arène de conflit entre les intérêts des pays régionaux et occidentaux, notamment entre Téhéran d'une part, et d'autres capitales, dont Riyad et Washington, d'autre part. À la lumière de l'effondrement économique de deux ans, que la Banque mondiale a classé comme l'un des pires au monde depuis 1850, le Liban connaît depuis des mois une crise du carburant qui s'aggrave, qui se reflète largement dans divers secteurs, notamment les hôpitaux, les boulangeries, les communications et les denrées alimentaires. Dimanche, le Liban a relevé les prix des carburants de cinquante à soixante-dix pour cent, dans une démarche qui s'inscrit dans le cadre de la levée progressive des subventions aux carburants avec l'épuisement des réserves en dollars de la Banque du Liban. Une entreprise iranienne pour explorer le pétrole Libanais Au cours des derniers mois, la capacité du gouvernement à fournir l'électricité à toutes les régions du pays a diminué, ce qui a conduit à un allongement du temps des coupures à plus de 22 heures par jour. Les producteurs privés ne sont plus en mesure d'obtenir le carburant nécessaire pour couvrir les heures de panne de courant, les obligeant également à rationner et à augmenter leurs tarifs de manière significative en raison de l'achat de diesel sur le marché noir. Toujours au sujet des carburants, le Hezbollah s'est dit prêt à amener une société d'exploration et d'exploitation iranienne du pétrole et du gaz offshore, une mesure cependant qui dépendra de l'approbation des autorités libanaises. Nasrallah a suggéré qu'une entreprise iranienne entreprenne la tâche d'explorer le pétrole et le gaz sur les côtes libanaises. Il a ajouté que les entreprises iraniennes « n'ont pas peur des bombardements israéliens et qu'elles peuvent extraire et vendre du gaz et du pétrole ». Il existe des différences entre le Liban et l'occupation israélienne sur la souveraineté sur les zones riches en pétrole et en gaz de la Méditerranée. Gouvernement : toujours l'impasse En dépit de l'atmosphère décrite comme étant positive ces dernières semaines, les discussions entre la présidence de la république et le Premier ministre désigné semblent aujourd'hui faire face à quelques difficultés alors qu'elles étaient entrées dans la phase finale. Aucune nouvelle réunion entre les deux hommes ne semble être pour l'heure prévue en raison de désaccords concernant les noms proposés des prochains ministres de l'intérieur qui ne seraient pas acceptés par Saad Hariri, des Finances, proposés par Nabih Berri mais rejeté par le chef de l'état, de l'énergie et de la justice. Par ailleurs, certains partis politiques auraient fait également part de nouvelles exigences. Les différends entre les deux hommes porteraient sur trois points, le premier étant sur le bureau du Premier ministre, l'ancien député Marwan Abou Fadel et Jacques Sarraf faisant l'objet de réserves de la présidence, le deuxième point étant que le candidat le plus apte au ministère de l'intérieur parmi quatre candidatures actuelles. Et enfin, le ministère des finances, avec l'insistance de Nabih Berri à nommer le directeur des opérations de la Banque du Liban Youssef Khalil.