Le Liban vit au rythme des pénuries de carburant et de médicaments. Les apothicaires alertent du danger des ruptures de stocks, et les files devant les stations-services sont de plus en plus longues. À la suite de la pire crise économique de son histoire, le Liban souffre d'un effondrement financier et d'une pénurie de liquidités allouées à l'importation de matières premières, telles que le carburant et les médicaments, ce qui a provoqué une pénurie sur les marchés. Les répercussions de cette crise sont exacerbées par des divergences politiques qui empêchent la formation d'un gouvernement pour succéder à l'actuel gouvernement par intérim, dirigé par Hassan Diab, qui a démissionné le 10 août 2020, 6 jours après une explosion catastrophique dans le port de Beyrouth. Les abords des stations-service au Liban, en particulier la capitale Beyrouth, sont le théâtre d'une tension constante, atteignant parfois le point de bagarres et de tirs en l'air, au milieu d'une crise étouffante. Depuis des semaines, le Liban souffre d'une pénurie de carburant, ce qui a entraîné la fermeture de la plupart des stations, tandis que le reste connaît de longues files d'attente. « Les files d'attente d'humiliation », appellation par les Libanais des scènes de voitures faisant la queue dans les stations des heures durant pour faire le plein, souvent sans pouvoir le faire en raison de l'épuisement des quantités disponibles. Plusieurs fois, certaines stations ont été la scène de chaos ponctué de problèmes et de fusillades qui nécessite l'intervention de la police et de l'armée parfois pour rétablir l'ordre. Une douzaine de personnes ont été blessées à la suite d'affrontements au couteau lors de bousculades pour faire le plein de carburant dans la ville de Deir al-Zahrani dans le sud du pays. Rupture des stocks des médicaments Par ailleurs, le Syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques a réitéré son avertissement sur le « danger de rupture de stocks d'un grand nombre de médicaments dans les sociétés qui lui sont affiliées et du danger de perpétuer une telle situation sans action immédiate pour y remédier. » Le Syndicat a confirmé dans un communiqué que « le processus d'importation est presque totalement arrêté depuis plus d'un mois en raison de l'accumulation des cotisations en faveur des sociétés exportatrices, dont la valeur dépasse 600 millions de dollars, et de l'échec des sociétés importatrices à obtenir les autorisations préalables pour réimporter, comme l'a imposé la décision de la Banque du Liban prise début mai », notant qu'il a souligné que « les sociétés importatrices continuent de répondre aux besoins du marché des quelques médicaments dont elles disposent sans interruption, ce qui augmente l'épuisement des stocks des quelques médicaments restants. » Le communiqué ajoute que « Les stocks des sociétés de centaines de médicaments essentiels qui traitent les maladies chroniques et incurables sont épuisés, et des centaines d'autres médicaments seront en rupture de stock au cours du mois de juillet en cours » à défaut d'importation immédiate. La balle est dans le camp de la Banque du Liban Mais, plusieurs sources au fait des questions libanaises avancent que la question des subventions des médicaments convenue à l'issue de la réunion de Baâbada reste tributaire du versement de fonds par la Banque du Liban. Même son de cloche auprès du Syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques qui a souligné que « la seule solution à court terme passe par une traduction sur le terrain de l'accord qui a eu lieu entre le Ministère de la Santé Publique et la Banque du Liban sous l'égide du Président de la République, notamment en ce qui concerne le maintien de l'aide aux médicaments selon les priorités du Ministère de la Santé Publique, le payement de toutes les cotisations des entreprises exportatrices à l'étranger afin qu'elles puissent reprendre la fourniture du marché libanais en médicaments. Le syndicat a renouvelé son appel à « la mise en place d'un système de distribution de médicaments qui sécurise les besoins mensuels du patient tels que déterminés par le médecin traitant, et empêche le stockage, le trafic et la contrebande ». Nasrallah préconise d'importer du pétrole iranien
Dans un discours sur les développements de la situation libanaise, le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a réaffirmé sa promesse sur la question des carburants, à savoir que si l'Etat s'avère incapable de fournir des dérivés du pétrole, il irait en importer de l'Iran, révélant que toutes les avancées logistiques pour amener du carburant et pour sa distribution ont été accomplies en quelques jours. Il a également appelé ceux qui l'ont attaqué pour sa position à profiter de l'aide de ses partenaires pour le bien du Liban et à en faire de même avec leurs alliés, les sommant de se tourner vers les leurs : « Que les amis de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis forment une délégation et amènent de l'essence, du diesel, du carburant, des denrées alimentaires et des marchandises d'Arabie saoudite, des Etats du Golfe et des Etats-Unis », et nous serons les premiers à les applaudir ». Nasrallah a également avancé l'idée de construire de petites raffineries de pétrole à Al-Zahrani et à Tripoli, pour la réduction du coût des hydrocarbures