Ils seraient 460 personnes à avoir subtilisé quelque 13,5 milliards de dinars que Kaïs Saied voudrait récupérer et réinvestir dans « des projets dans les zones pauvres » Dans un message télédiffusé Mercredi, le président tunisien Kaïs Saïed, a déploré que 13,5 milliards de dinars tunisiens - soit près de cinq milliards de dollars - d'argent public aient été volés au peuple par des centaines de personnes, promettant un "compromis judiciaire" à ceux qui rendraient l''argent. "De mauvais choix économiques" ont provoqué "une pression financière" sur le pays, forçant les commerçants à casser les prix de certaines denrées, a-t-il par ailleurs déploré lors de cette intervention. Il s'en est aussi pris aux hommes affaires qui constituent artificiellement des stocks pour monter les prix. Ils s'exposent à des poursuites judiciaires. "Kaïs Saïed veut remettre en cause les pratiques (de corruption) et répondre aux préoccupations des Tunisiens à bout", estime Karina Chabour, journaliste à France 24. Dans la foulée, il a annoncé l'élaboration d'une proposition de loi d'arrangement judiciaire pour permettre à tous ceux qui ont été reconnus coupables d'abus de deniers publics de régulariser leur situation moyennant la restitution des montants usurpés en finançant des projets sociaux et d'infrastructures dans les délégations prioritaires, sous leur responsabilité. Une liste nominative des personnes impliquées est classée par ordre d'importance des montants à restituer et celle des délégations par ordre de priorité. Chacun sera appelé à verser le montant à sa charge pour financer la construction d'écoles, dispensaires, hôpitaux et autres équipements, voire des infrastructures, sous sa garantie décennale dans le cadre d'un arrangement judiciaire qui restera provisoire jusqu'à la réception définitive, dix ans après des constructions. Montrer aux Tunisiens la justesse de ses choix Kais Saied qui se place en opposition aux élites politiques et économiques, est appelé à convaincre les Tunisiens d'abord et la communauté internationale ensuite de l'opportunité de ces choix décisionnels, comme la souligne le politologue tunisien Slaheddine Jourch, qui estime que le président "est devant un grand défi: montrer aux Tunisiens et au monde qu'il a pris les bonnes décisions". Saied avait déjà annulé en janvier dernier, la prestation de serment de ministres pourtant validés par le Parlement, estimant que les soupçons de corruption pesant sur eux l'en empêchait. Enfin, et dans la poursuite de son processus de limogeage de hauts responsables de l'Etat, l'hôte du palais de Carthage a évincé mercredi le président de la chaîne de télévision nationale Mohamed al Dahach, après que des représentants du syndicat des journalistes et de la ligue des droits de l'Homme se sont vus refusé l'accès à la chaîne de télévision alors qu'ils avaient été invités à participer à une émission. Al-Dahash a été remplacé temporairement par Awatef Al-Dali à la direction de la National Television Corporation.