La mission des préposés religieux n'est pas une mission ordinaire. Cette fonction revêt une importance décisive au moment où l'Etat désire contrer l'influence de courants religieux externes. Retour sur cette responsabilité qui touche à l'éducation de la société et aux valeurs spirituelles. L'évolution institutionnelle de la formation des préposés religieux représente aujourd'hui un modèle d'excellence pour les initiatives qui s'inspirent de cette approche. Pour traiter la question de la formation religieuse dans le contexte national, il convient avant tout de distinguer entre la formation religieuse (al-takwîn al-dînî) et l'enseignement religieux (al-ta'lîm al-dînî), qui a un encadrement et une spécificité propres. Autre remarque importante, il y a deux catégories de préposés religieux, exerçant leurs missions dans tous les lieux affectés à la pratique du culte musulman. Il s'agit des préposés religieux contractuels et les préposés religieux chargés. Actuellement, le Royaume compte 70.000 préposés religieux chargés des missions religieuses ou d'assistance. Leurs missions se résument à l'Imamat, l'Imamat et l'encadrement, l'orientation, la prédication, l'Adhan, la narration du Hadith, la lecture du Hizb, et des missions d'assistance. On entend par missions d'assistance, la garde, le nettoyage et l'inspection. « Ces missions ne sont pas considérées comme un lien de travail entre l'Etat et les préposés religieux, cela permet à ces derniers la liberté d'exercer tout autre métier ou activité », nous affirme le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Pour leur part, les préposés religieux contractuels sont recrutés en vertu d'un contrat conclu selon les dispositions de l'article 25 du dahir n°1-14-103 du 20 rejeb 1435 (20 mai 2014) portant création de l'Institut Mohammed VI de formation des Imams et des Morchidines et Morchidates, affirme notre interlocuteur. Et de préciser qu' « il y a deux catégories des Morchidines et Morchidates : ceux issus de l'Institut Mohammed VI de formation des Imams et des Morchidines et Morchidates, et ceux recrutés par contrat, titulaires d'une licence ou d'une licence d'études fondamentales ou, enfin, d'une licence professionnelle délivrée par l'une des universités marocaines, ou de tout autre diplôme reconnu équivalent. Chaque année, l'Institut Mohammed VI de formation des Imams et des Morchidines et Morchidates prépare 150 imams morchid et 100 morchida, après une année de formation dense et solide en ce qui concerne l'aptitude sociale, culturelle et religieuse. Depuis la création de l'institut, jusqu'en 2020, 3.575 (2.460 hommes et 1.115 femmes) imams morchids et morchida sont issus de cet établissement. Une formation dense en une seule année De par sa stature en tant qu'Amir Al Mouminine, dépositaire de l'Imamat suprême fondée sur les liens de la Béia (allégeance), SM le Roi Mohammed VI n'a de cesse d'entourer de sa sollicitude les affaires cultuelles pour assurer l'essor de la vie spirituelle des citoyens et mener des réformes appropriées des institutions en charge de ce domaine. Un tel engagement a été réaffirmé par SM le Roi dans Son discours prononcé à l'occasion de la session ordinaire du Conseil Supérieur des Oulémas (27 septembre 2008 à Tétouan), dans lequel le Souverain s'est dit résolument déterminé à aller de l'avant dans la mise à niveau et la rénovation du champ religieux afin d'assurer la sécurité spirituelle de la Nation. Dans cette optique, Sa Majesté le Roi a donné le coup d'envoi du programme de Qualification des imams dans le pacte des ouléma (Mithaq Al Oulamae). Les Oulémas ont donc le devoir de s'atteler à assurer la mise à niveau des Imams de mosquée et à se déployer dans la ville et la campagne pour guider les gens, les éclairer, combattre et infirmer les allégations mystificatrices colportées par les tenants de l'extrémisme. Encadrement et mise à niveau des imams de mosquée Ce sont 1.435 oulémas qui ont été mis à contribution pour l'encadrement et la formation des Imams dans le cadre d'une action de proximité, en réunissant les imams dans des mosquées désignées à cet effet, deux fois par mois. En plus, les préposés religieux chargés bénéficient d'une formation continue assurée par les imams morchidines lauréats de l'Institut Mohammed VI, dans le cadre du "plan de soutien" à l'encadrement religieux au niveau local, dont la présentation a été présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, le 13 juin 2014. Ce plan a été élaboré par le Conseil supérieur des Ouléma en coordination avec le ministère des Habous. Ce plan, qui place les imams instructeurs au coeur de ses actions, et qui marque une nouvelle étape dans l'encadrement religieux au niveau local, porte sur le renforcement des mesures préventives et du développement, la promotion de l'équipement et l'encadrement pour préserver l'ordre religieux général, la mise en place d'un réseau d'information intégré pour la communication et la préservation des composantes du champ religieux, outre son rôle dans l'amélioration de la qualité du programme de lutte contre l'analphabétisme dans les mosquées. S'agissant des mesures du développement, elles exigent trois éléments : garantir les fonctions nécessaires à la transmission, en tête desquelles l'accomplissement des piliers, mettre la religion au service des nobles valeurs conformément aux choix du Royaume et développer régulièrement les fonctions religieuses au sein et à l'extérieur des mosquées. La formation à l'Institut est ouverte aux jeunes, hommes et femmes, âgés de moins de 45 ans, possédant une licence délivrée par une université marocaine, ou par une institution équivalente ou supérieure, dans n'importe quelle discipline. Les candidats à ce cours doivent remplir certaines conditions : connaître tout le Coran par coeur dans le cas des imams, ou au moins la moitié du Coran dans le cas des morchidates, jouir de leurs droits civils, avoir des attitudes personnelles adéquates et être physiquement aptes. Concernant la formation des préposés religieux contractuels, les matières enseignées, les langues arabe et française, l'informatique, la géographie, l'Histoire de l'Islam, les courants islamiques, la doctrine et le soufisme, la jurisprudence des femmes, entre autres. En plus de ces matières de « base », les étudiants bénéficient d'une formation professionnelle, en agriculture, électricité. Parallèlement, le ministère de tutelle avait mis en place en 2018 la première édition du programme tripartite de formation, étalée sur 2018-2019-2020, qui consiste à les former dans les domaines administratifs et techniques. La deuxième édition de ce programme de formation a démarré cette année, pour prendre fin en 2023. Les futurs imams et morchidines sont ainsi aidés à se familiariser avec ces sciences, sans lesquelles il est difficile de remplir la fonction de guide religieux et à s'insérer positivement dans les sociétés dans lesquelles ils oeuvrent et contribuer à résoudre les problèmes qu'ils pourraient rencontrer.
Safaa KSAANI
Ramadan La France, première destination des imams marocains
Le Maroc est considéré comme le plus important pays exportateur d'imams et prédicateurs vers plus de 12 pays en Europe et au Canada pendant le mois de Ramadan. Selon le ministère des Affaires islamiques et des Habous, 386 imams, prédicateurs et prédicatrices ont été envoyés en 2018, contre 418 en 2019. Pandémie oblige, aucun imam n'a été envoyé lors des deux derniers Ramadans. Cette délégation d'imams et de prédicateurs marocains est perçue comme un moyen d'éclairer les membres de la communauté et corriger certaines interprétations qui peuvent nuire à la compréhension de la religion et à la pratique du culte. Parmi les pays de destination, se trouvent la France, qui reste la première destination des imams marocains en accueillant 161 imams en 2018, contre 164 en 2019, mais aussi la Belgique, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark, la Suède et le Canada. Il convient de noter que l'opération de coordination avec les autorités des pays d'accueil est assurée par Si Mohamed Rifki.