Aérien, maritime, ferroviaire et hôtelier, c'est un packaging complet de rabais qui est proposé aux Marocains résidant à l'étranger en l'espace d'une semaine. Des offres, notamment au niveau du ferroviaire et de l'hôtelier, qui suscitent l'indignation des MRM ou Marocains résidant au Maroc. C'est une semaine chargée en annonces heureuses qu'ont vécue les Marocains résidant à l'étranger, depuis le 13 juin, date du communiqué du Cabinet Royal où le Souverain a appelé l'ensemble des acteurs de l'Opération Marhaba 2021 à appliquer des tarifs spéciaux pour les MRE. Un communiqué royal qui a déclenché une véritable avalanche d'annonces d'offres promotionnelles en direction des Marocains du monde, allant de l'aérien jusqu'à l'hôtelier. La RAM fait carton plein La Royal Air Maroc est la première entreprise à avoir répondu favorablement aux instructions royales avec la mise en place d'une grille tarifaire largement revue à la baisse sur l'ensemble de ses liaisons directes avec le Maroc. Une offre limitée à la période estivale et qui a permis d'écouler quelque 120.000 billets en l'espace de 48 heures et de voir certaines liaisons entièrement bookées, et ce, jusqu'à la mi-septembre. Face à l'afflux de la demande et la saturation des vols depuis l'Europe, la compagnie aérienne a annoncé le 17 juin le lancement de vols additionnels en provenance de Bruxelles, Paris, Francfort, Amsterdam, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Lyon. De nouvelles liaisons ont été programmées du 29 juillet au 4 août et du 2 au 8 septembre. D'ailleurs, les premiers jours de l'offre, le site de la RAM a été mis K.O, alors que les agences commerciales, tant au Maroc qu'à l'étranger, sont littéralement assiégées. Au niveau du transport maritime, les MRE se sont vu présenter des alternatives à la voie espagnole, exclue de l'opération pour la seconde année consécutive. Les autorités ont ainsi annoncé la mobilisation de 8 ferries pour assurer le passage depuis les ports français de Marseille et Sète et le port italien de Gènes. Trois ferries seront ainsi déployés pour assurer la liaison aller-retour entre Tanger Med, Sète et Gènes, deux navires pour relier Tanger Med à Marseille ou encore trois ferries pour assurer la traversée entre Nador et Sète. Objectif : 650.000 passagers pour le maritime Une opération dont le coût est estimé à près de 2 milliards de DH et qui devrait permettre de transporter entre 20.000 à 27.000 voyageurs et 15.000 véhicules par semaine. Concernant la mise en place de tarifs préférentiels, les prix de référence des billets aller-retour avec véhicules ont été fixés à 995 euros pour 4 personnes pour les lignes long-courrier et à 450 euros pour les liaisons moyen-courrier. Parallèlement, des négociations sont toujours en cours avec les autorités portugaises pour déployer de nouvelles dessertes depuis le port de Portimao. Un choix qui vise notamment la communauté marocaine établie en Espagne qui ne sera pas obligée de faire le déplacement jusqu'en France ou en Italie pour atteindre le Maroc. Le gouvernement compte ainsi assurer le transit de quelque 650.000 passagers et 180.000 véhicules entre les 15 juin et le 15 septembre. Reste à savoir si les compagnies maritimes étrangères qui officient sur ces lignes s'aligneront également sur ces tarifs ou conserveront leurs grilles tarifaires qu'un certain nombre de MRE, habitués au passage par les ports andalous, jugent exorbitants. Une fois arrivés au pays, les Marocains résidant à l'étranger pourront bénéficier d'une offre dédiée de la part de l'ONCF. L'ONCF et les hôteliers rejoignent la danse Ce ne sont ainsi pas moins de 21 trains par jour qui ont été mobilisés au départ de Tanger vers le Sud (Rabat, Casablanca, Marrakech) et l'Oriental (Fès, Nador, Oujda). Un renforcement qui touche également la ligne reliant l'aéroport international Mohammed V aux gares de Casablanca. L'ONCF a ainsi mobilisé une dizaine de trains pour assurer un départ toutes les deux heures de 5 à 23 heures. Les MRE pourront également bénéficier de ce que l'Office désigne comme un tarif de bienvenue, baptisé « Ahlan », qui comporte une réduction de 50% sur les billets aller-retour, du 15 juin au 15 septembre. Cette offre s'applique ainsi à l'ensemble des destinations couvertes par l'ONCF, comme aux différentes gammes de trains allant du TGV aux trains navettes reliant Casablanca à Kénitra. Cette avalanche d'offres MRE s'est par la suite étendue au secteur hôtelier, comme le rapporte nos confrères de Médias 24, la Confédération nationale du Tourisme (CNT) avait évoqué la mise en place imminente de baisses « conséquentes » des tarifs. La CNT a ainsi annoncé dans un premier temps que les MRE ne s'acquitteraient que de 20 à 25 % du tarif normal, tout en précisant que des établissements hôteliers appliquaient déjà des remises de 50% en faveur des MRE. Des annonces qui ont depuis été revues à la baisse et fixées à 65% pour les Marocains résidant à l'étranger et 50% pour les nationaux. Les MRE devront ainsi présenter une carte de séjour délivrée par un autre pays ou un passeport étranger avec une filiation marocaine pour bénéficier de ces rabais. Seul bémol, ces mesures nécessitent une vérification physique de ces documents et excluent toutes réservations en ligne. A. A.
Repères La grogne des MRM Cette explosion d'offres dédiées aux MRE, notamment celles de l'ONCF et du secteur hôtelier, ont suscité la colère et l'ironie des Marocains sur Internet. Les internautes se sont ainsi baptisés les MRM ou Marocains résidant au Maroc et s'insurgent sur l'exclusion des nationaux des offres promotionnelles durant cette période estivale. Certains parmi eux appellent même à lancer une campagne de boycott des chaînes et établissements hôteliers et appellent à privilégier la location chez l'habitant. Ces MRM estiment également avoir contribué à l'effort de solidarité national lancé depuis le début de la pandémie et expriment leur désarroi de voir les nationaux exclus de ces offres promotionnelles, rappelant au passage que les nationaux avaient été en première ligne lors de la dernière saison estivale pour porter soutien au secteur du tourisme. Pour les MRM, les opérateurs touristiques feraient ainsi preuve d'ingratitude en les excluant ou en décidant des réductions moindres pour les nationaux. Une grogne qui représente une énième polémique sur le tourisme interne, perçu depuis toujours par l'opinion publique comme le parent pauvre de l'offre touristique nationale.