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Nouveau Modèle de Développement: La crainte du piège des pays à revenus intermédiaires
Publié dans L'opinion le 07 - 06 - 2021

L'ambition du NMD de faire du Maroc une puissance économique régionale dépend de la mise en oeuvre d'orientations disruptives capables de redémarrer la croissance, tout en capitalisant sur les acquis des 20 dernières années.
Le Nouveau Modèle de Développement (NMD) a fixé une série « d'ambitions » pour le Maroc, dont la transformation du paysage économique. Un remodelage conditionné par un gain de compétitivité et une amélioration de l'environnement des affaires qui devrait faire passer le PIB par habitant de 7826 dollars en 2019 à 16.000 dollars à l'horizon 2035, ce qui équivaut à une hypothèse de croissance moyenne annuelle de plus de 6%. La Commission Spéciale du nouveau Modèle de Développement (CSMD) table également sur l'amélioration de l'indice de participation aux chaînes de valeur mondiales de l'économie nationale de 43% en 2019 à 60% en 2035. La valeur ajoutée industrielle de moyenne ou haute technologie devrait également s'accroître, passant de 28% en 2019 à 50% en 2035.
Si l'on croit le rapport de la CSMD, le Maroc dispose aujourd'hui « d'atouts et de potentialités considérables pour réussir son décollage économique». En clair, la Commission conseille d'exploiter les gisements de prospérité dont dispose le Royaume, à savoir « un capital naturel abondant appelé à être davantage transformé, un capital immatériel riche à valoriser, une position géostratégique privilégiée qui présente des opportunités d'insertion sur les chaînes de valeur mondiales ou encore un marché intérieur à reconquérir et moderniser ».
4 chantiers majeurs à relever
Accélérer la croissance économique représente ainsi l'un des principaux socles du NMD. Il n'empêche que la CSMD a exprimé sa crainte de voir le tissu économique tomber dans ce qu'elle appelle « le piège des pays à revenu intermédiaire ». Soit un essoufflement du rythme de croissance du PIB par habitant sur une longue période, qui se traduit par la faiblesse des gains de productivité et représente un obstacle structurel à la transition vers la catégorie de pays à revenu élevé. Pour éviter ce scénario, les membres de la Commission tablent sur une accélération soutenue et résiliente de la croissance pour atteindre la barre minimale des 6% citée plus haut. Pour atteindre ce palier de croissance, le NMD préconise le lancement de quatre chantiers majeurs pour « renforcer la sophistication de l'économie nationale et la faire converger vers la structure des économies les plus avancées ». Des leviers de changement qui passent par la modernisation et la formalisation du tissu économique existant de manière à le rendre plus concurrentiel et productif, la diversification via l'introduction de nouvelles activités et savoir-faire, la montée en gamme pour renforcer la valeur ajoutée locale et l'internationalisation via l'orientation des entreprises marocaines vers l'export.
Au plan de la modernisation et la formalisation du secteur économique, le NMD compte faire du Maroc une plateforme régionale d'investissement. Une ambition qui reste tributaire du renforcement des capacités et de l'indépendance de organes de régulation via la mise en place d'un cadre juridique « unifié et complet », capable de gérer les conflits d'intérêts, l'accès à l'information ou encore la protection des lanceurs d'alerte. Parallèlement, un effort d'identification des secteurs économiques les plus exposés à la corruption et à un niveau de concurrence insuffisant doit être mené, avant d'y introduire des mesures ciblées et spécifiques, notamment l'introduction de nouveaux modes de contrôle et la révision des systèmes d'autorisations et de dérogations, tout en facilitant l'entrée de nouveaux acteurs.
Diversification de l'offre comme des formules de financement
Renforcer la compétitivité économique passe, pour sa part, par la réduction des coûts de production (transport et logistique, énergie, zones d'activités compétitives), l'amélioration de l'accès au financement pour les TPME en renforçant la concurrence dans le système bancaire, voire en favorisant la création de banques mutualistes et coopératives, conjuguée à l'introduction de nouveaux acteurs financiers (FinTech et paiements mobiles). La hausse de la compétitivité passe également par la consolidation du Made in Maroc, qui est tributaire d'une rupture avec le modèle économique actuel. Pour y arriver, la CSMD ambitionne de faire passer le nombre d'entreprises exportatrices de 6.000 à 12.000, celui des jeunes entreprises à croissance rapide dénommées « Gazelles » de 1.000 à 3.000 ou encore celui des brevets déposés de 300 à 1.000 par an.
La mise en oeuvre de ces chantiers repose également sur la diversification productive et la montée en gamme du secteur privé, via la mise en place de task-forces sectorielles, chargées de déployer des démarches proactives visant à identifier et valoriser les potentialités sectorielles sous-exploitées de l'économie marocaine. Des cellules qui ont pour vocation de baliser le terrain à des structures comme le Fonds Mohammed VI, appelé à évoluer en banque publique d'investissement. Le NMD préconise, par ailleurs, l'accompagnement des entreprises pour renforcer leurs capacités managériales, organisationnelles et technologiques.
Un effort d'accompagnement qui devra adopter des approches spécifiques en fonction de la taille et des besoins de l'entreprise. Ce qui requiert la structuration et la professionnalisation des acteurs chargés de l'accompagnement, à grands coups de certification et de labellisation. Des programmes qui devront être financés en partie par l'Etat et en partie par les entreprises de bénéficiaires. Cette réorientation de l'appareil économique s'annonce d'emblée budgétivore et nécessitera des financements publics de l'ordre de 4% du PIB annuellement en phase d'amorçage (2022-2025) et de l'ordre de 10% du PIB à l'horizon 2030. Le financement des cinq paris retenus, les réformes structurelles qui l'accompagnent, la transformation productive de l'économie ou encore le développement d'écosystèmes territoriaux devront ainsi être lancés dès 2022.
3 questions avec Kamal Zine, expert en économie et conseiller financier
"La réalisation des objectifs de croissance fixés par le NMD repose sur la qualité et l'efficience des politiques publiques qui seront mises en place"
- Pensez-vous que l'objectif fixé par le Nouveau modèle de développement, d'atteindre les 16.000 dollars de PIB/habitant à l'horizon 2035, est réalisable ?
- Pour atteindre cet objectif, il faut réaliser une croissance annuelle moyenne de près de 5,5% du PIB par habitant. Ce chiffre prend comme hypothèses une hausse de la richesse créée de 6,5% et un accroissement démographique de 1% par an. Il s'agit d'un objectif ambitieux si nous regardons les performances de l'économie marocaine durant les 10 dernières années. Néanmoins, si nous revenons à la période allant de 2000 à 2010, on peut constater que l'économie marocaine était capable de croître à un rythme soutenu se situant entre 5% et 7%. Cela repose donc, en grande partie, sur la qualité et l'efficience des politiques publiques qui seront mises en place durant les 3 prochaines législatures.
- En se basant sur des projets de développement déjà existants, le HCP table lui aussi sur 16.000 dollars de PIB/habitant en 2035, est-ce que le NMD ne devrait-il pas viser plus haut ?
- Il s'agit d'une moyenne annuelle. Nous pouvons imaginer que, dans un contexte économique international prospère, le taux de croissance sera supérieur à 6%. Par contre, l'économie marocaine pâtira d'un ralentissement de sa croissance en cas de crise économique ou financière internationale. L'objectif est donc de construire une économie dynamique et résiliente, capable d'atteindre cet objectif, et pourquoi pas de le dépasser si les moyens nécessaires et les conditions de réussite sont réunis
- La CSMD a estimé le coût du déploiement du NMD à 4% du PIB/an entre 2022 et 2025, puis de 10% en 2030. Sachant que le Maroc est engagé dans plusieurs chantiers budgétivores, dans quelle mesure ses projections sont-elles atteignables ?
- Le rapport a abordé la question du financement. Il s'agit de s'inscrire dans une démarche de priorisation des investissements, surtout durant la phase d'amorçage. En outre, la mobilisation de ressources financières additionnelles nécessiterait une réorientation de l'effort fiscal vers les projets à fort impact socioéconomique et peu consommateurs de devises. Le secteur privé local et les investisseurs étrangers seront également décisifs dans la réussite du financement du nouveau Modèle. Enfin, si le Maroc réussit à enclencher le cercle vertueux de la croissance, il réussira à augmenter les recettes fiscales et à catalyser les initiatives portées par les acteurs privés.


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