"Kolna Mgharba" est une sitcom qui célèbre la ville des arts, Assilah. Une forme de soutien à l'art et à l'artisanat marocains, frappés de plein fouet par la crise sanitaire. "Le public de "Kolna Mgharba" est invité à explorer une sorte de musée tout au long de Ramadan" - Comment participez-vous à la promotion de l'artisanat marocain, frappé de plein fouet par la pandémie, dans vos sitcoms en général ? - La sitcom est pour nous une occasion de promouvoir le tourisme national en général. Chaque année, nous mettons en avant les caractéristiques d'une région du royaume, ses monuments historiques, ses ruelles, ses quartiers, ses souks... L'année dernière avec la sitcom « Lcoopératif », nos caméras ont été braquées sur le potentiel des coopératives féminines. On a voulu marketer l'image des coopératives marocaines. Nous veillons toujours à garder une touche artisanale dans les costumes portés par les comédiens à travers des tenues traditionnelles revisitées. Idem pour les décors. - A qui appartiennent les tableaux diffusés dans votre sitcom "Kolna Mgharba" ? - A chaque fois que l'histoire de la sitcom se passe dans une ville précise, je souhaite créer un décor identique aux ruelles de la ville ciblée, d'autant plus que cela donne un aspect aéré à la narration, dans le sens où l'on ne reste pas tout le temps enfermé dans des pièces ou des appartements. D'autre part, ça donne beaucoup de crédibilité à la sitcom et ça permet au public de s'y identifier facilement. Cette année, l'histoire de la sitcom se passe dans la ville d'Assilah, la ville des arts, connue pour son festival international depuis 42 ans avec son atelier principal de peintures murales et donc on ne peut pas construire une ruelle de cette ville sans penser à un grand mur peint. Pour cette raison, nous avons fait appel à l'artiste marocaine originaire d'Assilah, Narjiss Joubari, qui n'a pas hésité à répondre favorablement à notre demande et qui a consacré beaucoup de temps à nous peindre un mur de 9m/3m avec le thème des parapluies. La signature de cette artiste est connue par ses couleurs sombres et foncées, mais pour le mur de la sitcom, on a plutôt opté pour des couleurs vives et joyeuses pour rester cohérents avec l'histoire de la sitcom. En plus, d'autres tableaux ont décoré les murs des maisons de la sitcom, peints par plusieurs artistes originaires d'Assilah tel que Moad Al Joubarai, Mohammed Al Anzaoui et Rabii Messnani. Notre deuxième objectif, après celui de la fiabilité des décors, est de participer à la diffusion de la culture dans la société. On sait très bien que la sitcom est très suivie par toutes les catégories sociales et toutes les tranches d'âge, et un tel choix va nous permettre de développer implicitement le goût visuel du public, invité à explorer une sorte de musée tout au long du mois de Ramadan. - Des spectateurs trouvent que dans vos productions, vous faites appel à pratiquement les mêmes acteurs et actrices. Comment justifiez-vous ce choix ? - Je pense que la réussite de la sitcom repose essentiellement sur une large palette de comédiens et sur la direction d'acteurs et la caractérisation des personnages, pour assurer une identification immédiate par le public. Je cherche une comédie qui se révèle charmante, bien jouée par les comédiens, d'où l'importance du casting, où on trouve des têtes d'affiche, les piliers de la comédie marocaine à qui on fait souvent appel. On n'en a pas des centaines, malheureusement. Par contre, pour les jeunes, on a une panoplie de choix. Ce sont des jeunes talentueux, avec des formations académiques, avec qui je prends beaucoup de plaisir à travailler, quitte à révéler certains (es) au public marocain. - En tant que réalisatrice, comment avez-vous vécu la période de confinement en 2020 ? - J'ai vécu une bonne partie du confinement en tournage de la sitcom « Lcoopératif ». C'était très étrange vu que le plateau de tournage ne ressemblait pas du tout à cet espace de confort et de création que je connaissais. On prenait toutes les précautions nécessaires mais avec beaucoup de peur. Je changeais la mise en scène de plusieurs séquences pour éviter le contact entre les comédiens... Par la même occasion, j'ai réalisé des capsules de sensibilisation sur le Covid-19 qui ont été diffusées sur 2M. Le confinement a aussi été pour moi une occasion de reprendre tous mes projets d'écriture restés en stand-by. Le confinement a donc ses avantages tout comme ses inconvénients, l'essentiel est de garder le cap. Portrait: Créatrice et star de téléfilms du mois de Ramadan Safaa Baraka avance doucement mais sûrement. Femme de caractère en tournage mais d'une douceur inouïe, elle a su faire sa place dans un milieu particulièrement masculin. Passionnée par le cinéma et l'audiovisuel, Safaa Baraka a une licence professionnelle en Audiovisuel. Elle a accumulé une expérience de douze ans en tant que chef monteur et directrice artistique en post production, sur plusieurs projets de cinéma et de télévision, où elle a collaboré avec plusieurs réalisateurs de renom.
"Le montage de films et de séries m'a donné confiance en me montrant qu'il n'existe pas une seule façon de faire des films. Chacun doit aborder la mise en scène à sa façon, il suffit d'avoir un point de vue, de l'instinct et surtout de la détermination", nous déclare la jeune réalisatrice, née en 1981.
Son premier téléfilm "3awdat Al Madi" a été réalisé en 2015. Interprété par l'acteur Rabii Kati et Ilham Ouaziz, ce téléfilm était sélectionné par la chaîne Al Oula pour la représenter dans le festival de la télévision de Meknès, où il a remporté le Prix du meilleur premier rôle feminin.
Son deuxième téléfilm, "Dakirat Al Hob", interprété par Dounia Boutazout, Rabii Kati et Oussama Bestaoui, diffusé durant Ramadan 2017 sur Al Aoula, a eu beaucoup de succès chez le public. Preuve en est que ce téléfilm était une sorte de carte visite qui l'a présentée au public marocain. "Le succès de ce téléfilm m'a permis de collaborer avec plusieurs producteurs sur d'autres projets, jusqu'au jour où le producteur Khalid Nokri m'a proposé la réalisation de la sitcom « Hay Bahja » en 2018 pour 2M, puis « Lbahja Tani » en 2019, « Lcoopératif » en 2020 et « Kolna Mgharba » en 2021, nous confie-t-elle.