Mohamed Abderrahman Tazi, Réalisateur et ancien directeur de la production à 2M Les Echos quotidien : Votre dernier téléfilm, Al Makina, sera diffusé demain sur 2M. Pourquoi ce timing? Mohamed Abderrahman Tazi : En fait, je réalise un téléfilm par an pour 2M. Un peu comme le forgeron qui essaie de ne pas perdre la main. Dans mon cas, c'est la proximité avec le public que je ne veux pas perdre, d'autant plus que, dans ce genre de film, il y a un rapport différent avec le spectateur que celui du cinéma, où il paie son billet. Ici c'est la télévision qui s'introduit dans les foyers, elle va vers le public. Qu'est ce qui vous a intéressé dans le scénario de Hassan Foutta ? Le concept m'a beaucoup plu. C'est celui d'un couple marrakchi qui remporte un séjour de 48h à Agadir. C'est une histoire simple, qui peut arriver à n'importe qui. Ce que je trouvais surtout intéressant c'était l'idée de projeter un couple de classe très moyenne au milieu d'un grand palace avec toutes les situations comiques que cela laisse imaginer. Ce sont d'ailleurs des situations à travers lesquelles beaucoup de Marocains pourront se reconnaître. Quelle était votre principale difficulté lors du tournage ? C'est ma première expérience avec ces comédiens. Ce sont des acteurs qui ont déjà excellé dans le théâtre, la sitcom, dans des rôles définis ou ce que j'appelle les productions ramadanesques. La principale difficulté était d'arriver à les amener à partager ma vision de la situation comique. Pendant les premiers jours du tournage, je ne cessais de répéter : Soft ! Soft ! Sinon pendant les trois semaines de tournage, nous avons travaillé en équipe. Je tiens toujours à être à l'aise pour faire de la création. Des projets en perspective ? Je viens de finaliser une mini-série destinée à la télévision. En fait, il s'agit d'une suite aux aventures de Houssain et Safia, les deux héros de Rass Lamhaïne entre autres. En six à dix épisodes, je poursuis les tribulations des ces deux personnages qui seront interprétés par Rachid El Ouali et Samia Akariou. Sinon, le Centre cinématographique marocain vient récemment de m'accorder une aide à la production pour mon prochain film, Al Bayra : une jeune femme, indépendante financièrement, qui préoccupe ses parents, cherchant absolument à la caser. Il s'agit encore une fois d'une comédie, un peu dans le même esprit qu'À la recherche du mari de ma femme ou Lalla Hobbi. Je joue sur les références sociales. L'idée est de faire rire les Marocains en leur donnant une image réaliste et comique de notre propre réalité. Une idée sur le casting ? J'ai quelques noms en tête, mais je préfère attendre la fin du mois de ramadan pour me prononcer. C'est pour moi l'occasion de voir pratiquement tous les comédiens à l'œuvre. Je vais donc surveiller de près ce qui se fera pendant ce mois. Justement, en tant que télespectateur, que pensez-vous de la production audiovisuelle nationale ? Premier constat, c'est qu'il y a eu un gros progrès aussi bien à Al Oula qu'à 2M, au niveau de l'organisation. Les chaînes n'ont pas attendu deux ou trois mois avant ramadan pour penser à leurs nouvelles grilles. Par contre, on a toujours tendance à penser qu'avec la harira on doit rire. Mais pas avec du burlesque ! À mon avis, il faudrait plutôt penser à des programmes continus sur l'année avec des spécificités pendant le mois sacré. Or, il semble que les chaînes programment spécialement pour ce mois. C'est entre autre à cause de la publicité. Mais ce n'est pas à la publicité de décider, il faut au contraire respecter le public.