A l'heure des Fake News (fausses nouvelles) et la tendance à emprisonner les journalistes, le combat de l'Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA) s'avère périlleux et de longue haleine. Son Président, M. Yao NOEL, de nationalité ivoirienne, aborde toutes ces questions mais aussi la conférence programmatique que l'Union va organiser au Maroc, une première du genre. Dans le contexte actuel, peut-on réellement parler d'une presse libre en Afrique ? La question est complexe en certains endroits de notre continent. Il existe, en effet, une presse qui exerce ses activités en toute liberté. Mais vous savez très bien que la liberté, comme la démocratie, est une œuvre de longue haleine, une sorte de... « Révolution inachevée ». Il faut encore et toujours se battre pour la conquérir et la renforcer. L'Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine se fixe donc ses objectifs de promotion de la liberté de la presse et de sécurité des journalistes pour la garantir.
Quelles sont les actions que compte mener l'UJPLA dans la lutte contre les Fake News ? Pour l'UJPLA, la première sécurité du journaliste, c'est sa responsabilité, son professionnalisme et sa crédibilité. Si un journaliste livre ou divulgue des Fake News ou fausses informations, il se jette lui-même en pâture, à la fois d'un point de vue éthique, déontologique, moral, social et, surtout, physique. L'UJPLA, qui est une organisation professionnelle, s'engage à travers ses rencontres, séminaires, ateliers de formation, etc, à former davantage les journalistes afin qu'ils soient de vrais professionnels et « techniciens » de l'information juste, vraie, avérée et vérifiée avant diffusion.
L'emprisonnement des journalistes est chose courante sur le continent. Quelle analyse faites-vous à sujet ? C'est une réalité mais dans la plupart des Etats africains, les dirigeants ont, peu à peu, fini par comprendre que l'emprisonnement d'un journaliste n'est bon ni pour eux, ni pour leur pays, ni pour la démocratie encore moins pour les journalistes eux-mêmes. La place d'un journaliste n'est pas dans la cellule de prison. Elle est dans sa rédaction et son organe de presse. Bien évidemment, le journaliste doit respecter les règles et lois à commencer par celles qui régissent son propre métier. Ça, c'est un principe cardinal et aussi démocratique car la liberté de la presse, comme toutes les autres libertés, commence par le respect de celle des autres membres de la société. Pour l'UJPLA, c'est une position de principe : le journaliste n'est pas au-dessus des lois ni en dessous. Mais si un journaliste enfreint et viole les règles de son métier, les lois de son pays, plusieurs autres mécanismes et non l'emprisonnement peuvent être mis en jeu pour le lui faire comprendre et admettre sans qu'il soit indiqué ou nécessaire de le mettre dans les quatre murs d'une geôle.
Sur un autre plan, l'Union des journalistes de la presse libre africaine envisage une conférence programmatique au Maroc. De quoi s'agit-il ?
La conférence programmatique de l'UJPLA au Maroc vise, comme l'indique bien son nom, à dégager les axes essentiels d'activités pour notre jeune organisation. C'est le lieu pour moi de remercier le Royaume du Maroc qui est un grand pays africain, un pays important pour l'UJPLA et qui a donné une suite encourageante à notre requête. Nous remercions notre 1er vice-président El Atouabi Madjouline, qui est lui-même du Maroc, et qui a engagé les démarches et pourparlers avec les autorités de son pays afin de faire de ce projet une réalité. L'occasion de cette conférence programmatique permettra aussi à plusieurs journalistes, membres de l'UJPLA originaires de pays au Sud du Sahara, de découvrir ce beau pays qu'est le Maroc, la richesse de son patrimoine culturel, son histoire millénaire, son hospitalité légendaire, son attractivité et son dynamisme économique.
Lors de votre rencontre du 25 février dernier avec l'Ambassadeur du Royaume du Maroc en Côte d'ivoire, SEM Abdelmalek KETTANI, vous avez déclaré que « l'UJPLA veut faire du Maroc une place forte de son action sur le continent africain ». Qu'avez-vous voulu dire ?
Tout d'abord, je voudrais, une fois encore, remercier SEM Abdelmalek KETTANI, Ambassadeur du Royaume du Maroc en Côte d'Ivoire, pour sa spontanéité et sa disponibilité à recevoir la délégation de l'UJPLA. Et il l'a fait avec une fraternité toute africaine. Pour ce qui est de notre volonté de faire du Royaume du Maroc une place forte de l'action de l'UJPLA en Afrique, vous le savez, et je l'ai toujours rappelé, le Maroc est un pays important et qui compte beaucoup en Afrique de par sa position géographique. L'UJPLA, qui est une organisation continentale, axée sur la promotion de la liberté de la presse et la sécurité des journalistes, ne peut pas ignorer ce grand pays africain. L'UJPLA veut compter résolument sur ce pays essentiel entre l'Afrique Subsaharienne et l'Afrique du Nord pour œuvrer à la pleine réalisation de ses objectifs sur le continent.
Bio express
Le Président de l'UJPLA n'est pas néophyte en matière de journalisme. Avec quarante années d'exercice de ce métier, Yao NOEL a embrassé la profession depuis mars 1978 (parallèlement à ses Etudes de Droit). Dans sa longue carrière, M. Yao a vu ses efforts récompensés par des Distinctions et des Prix dont « Officier dans l'Ordre Nationale du Mérite Ivoirien », « Officier dans l'Ordre du Mérite de la Communication de la Côte d'Ivoire ». A ce tableau élogieux, il faut ajouter « Le Diplôme d'Honneur de Père-Fondateur et Premier Président de l'UNJCI (l'Union Nationale des Journalistes de Côte d'Ivoire) ». Ancien Correspondant de Jeune Afrique en Côte d'Ivoire, Togo, Ghana, Yao Noël est une référence dans la presse du pays de Félix Houphouët-Boigny. Ce n'est donc pas étonnant s'il est, avec d'autres journalistes du continent africain, à l'origine de l'UJPLA, une organisation panafricaine, composée de journalistes professionnels, tous ayant pour activité principale, régulière, la collecte, le traitement et la diffusion de l'information.