Ce jeudi 18 février 2021 marque la célébration de la journée mondiale d'action en faveur du droit de grève. Un événement symbolique marqué cette année par le contrecoup économique de la pandémie du Covid et un élan de solidarité, sans précédent, entre patrons et employés pour préserver le tissu économique. Toutefois, cette « union de fait » reste loin de signifier une lune de miel entre patronat et syndicats. En témoigne le dialogue social qui, depuis 2019, demeure en suspens au point de susciter l'ire d'une classe laborieuse qui n'hésite plus à monter au créneau pour dénoncer la précarité dont elle souffre. Un malaise qui ne disparaîtra pas de sitôt, à cause d'abord des multiples lacunes du projet de loi sur le droit de grève initialement présenté au parlement, et ensuite en raison du mépris du gouvernement à l'égard des doléances légitimes exprimées et imposées par les syndicats comme préalables pour son adoption. D'autant plus qu'avec l'approche des élections législatives, tous les indicateurs laissent croire que l'Exécutif actuel ne fait que gagner du temps en attendant de refiler la patate chaude à son successeur qui sortira des urnes. Entretemps, les salariés et fonctionnaires du Royaume se retrouvent entre le marteau et l'enclume, soucieux de préserver leurs emplois en période de crise et en même temps inquiets de garantir leurs droits les plus élémentaires dans un environnement professionnel qui a connu en l'espace d'une année un chamboulement total, notamment à travers la généralisation du télétravail dans beaucoup de secteurs d'activité, la baisse de productivité, avec comme corollaire le rétrécissement marqué de la marge de manœuvre des représentants du salariat. Un nouveau contexte plein de défis qui représentent autant de points de tension entre patrons et employés, vu l'absence totale de volonté et d'engagement effectif du gouvernement doublé d'un déficit patent en matière de réglementation et de législation à même de cadrer et de répondre à ces problématiques inédites, ce qui ouvre la voie à de possibles dérapages de part et d'autre, tout en augurant de lendemains qui déchantent pour la tant attendue période post-crise du Covid. D'où la nécessité d'un engagement rapide et honnête pour la résolution de l'équation très compliquée du dialogue social. Amine ATER