Il y a un an décédait en Chine la première victime du Covid-19, mais une politisation de l'épidémie ne permet pas de connaître l'origine du virus. Le 11 janvier 2020, Pékin annonçait le décès deux jours plus tôt de la première victime connue du nouveau coronavirus, un homme de 61 ans qui faisait régulièrement ses courses dans un marché de Wuhan, métropole de 11 millions d'habitants au centre de la Chine. La mort de cet homme, dont le nom même reste inconnu, sera suivie par près de 1,9 million d'autres à la surface du globe en l'espace d'un an. S'il est clair que l'épidémie s'est manifestée pour la première fois fin 2019 sur le vaste marché Huanan de Wuhan, où étaient vendus des animaux sauvages vivants, l'origine du nouveau coronavirus ne s'y situe pas pour autant nécessairement. Tout simplement parce qu'il faut beaucoup de temps à un virus pour muter au point de devenir hautement contagieux, souligne l'épidémiologiste Daniel Lucey, de l'Université Georgetown à Washington. Le fait que le virus était très contagieux lors de son signalement en décembre 2019 signifie qu'il circulait déjà depuis longtemps. «Il n'est absolument pas plausible» que le virus ait pris naissance au marché de Wuhan, selon le professeur Lucey. «Il est apparu naturellement plusieurs mois auparavant, peut-être un an avant, peut-être même encore plus tôt». Problème: les autorités chinoises, soucieuses de se dédouaner de toute responsabilité dans l'apparition du virus, tentent d'accréditer sans preuve une théorie selon laquelle l'épidémie aurait été introduite en Chine depuis l'étranger. Wuhan, source à victime du virus Elles font valoir que des traces du virus ont été découvertes dans des eaux usées en Italie ou au Brésil avant l'apparition de la maladie à Wuhan. Mais ces analyses ne prouvent rien quant à l'origine du virus, selon des experts. Dès janvier 2020, les chercheurs chinois eux-mêmes désignent le marché Huanan comme l'origine de l'épidémie. La ville de Wuhan est placée en quarantaine dès le 23 janvier, puis toute sa province, le Hubei, prenant au piège plus de 50 millions d'habitants. En mars, le récit des autorités commence à changer: le patron des services anti-épidémiologiques chinois, Gao Fu, explique que le marché n'est pas la source mais «la victime» du virus. L'endroit où l'épidémie n'aurait fait que s'amplifier. Découvrir l'origine du virus est pourtant crucial pour prévenir la réapparition d'une épidémie. Cela permettrait d'orienter les mesures de prévention vers telles ou telles espèces animales, interdire leur chasse ou leur élevage et éviter les interactions avec l'homme. «Si nous parvenons à comprendre pourquoi (les épidémies) apparaissent, nous pourrions combattre leurs vecteurs», plaide Peter Daszak, président d'EcoHealth Alliance, une association basée aux Etats-Unis et spécialisée dans la prévention des maladies. Le rôle purement scientifique de la Chine a été loué initialement à l'international, le pays ayant rapidement partagé le génome du virus, par contraste avec sa gestion opaque de l'épidémie de Sras dans les années 2002-03. La Chine «s'est montrée relativement ouverte», reconnaît la biologiste Diana Bell, de l'Université d'East Anglia au Royaume-Uni. Le problème c'est que dans le chaos qui s'est emparé de Wuhan début 2020, des traces du virus ont pu être effacées ou déplacées, compliquant encore le casse-tête. Pékin en sauveur de l'humanité «Cela n'a rien d'étonnant. Chaque épidémie se déroule de la même façon. Dans le chaos et la panique», observe Peter Daszak. Politiquement en revanche, le régime du président Xi Jinping ne tient pas à s'étendre sur les premières semaines de l'épidémie, après avoir été critiqué à l'époque pour avoir tenté d'étouffer les alertes de médecins dès décembre 2019. Mais avec la maîtrise de l'épidémie dès le printemps dernier, Pékin se pose désormais en sauveur de l'humanité, offrant ses vaccins aux pays pauvres au titre de «bien public mondial». Pas question dans ce contexte de tolérer les voix critiques. Fin décembre, une «journaliste citoyenne» qui avait couvert la quarantaine à Wuhan a été condamnée à quatre ans de prison. Pour ne rien arranger, l'attitude de l'administration américaine a contribué à dissuader les autorités chinoises de partager leurs connaissances sur le virus, estime Peter Daszak, qui espère un dégel avec le départ de Donald Trump de la Maison Blanche. Ce dernier a empoisonné l'atmosphère de coopération en parlant de «virus chinois» et en suggérant que ce dernier aurait pu s'échapper du laboratoire de virologie de Wuhan -- une possibilité écartée par la communauté scientifique. Les savants estiment que le virus provient de la chauve-souris mais ignorent toujours quel autre animal aurait pu servir d'intermédiaire pour le transmettre à l'homme. L'Allemagne dépasse les 40.000 morts, mais « le pire est devant » Le nombre total de décès provoqués par le coronavirus en Allemagne a franchi dimanche le seuil des 40.000, a annoncé l'institut de veille sanitaire Robert Koch (RKI), et la chancelière Angela Merkel a prévenu que les prochaines semaines seront «la phase la plus dure de la pandémie». L'Allemagne a enregistré 465 décès de la maladie Covid-19 ces dernières 24 heures, portant le total depuis le début de la pandémie à 40.343, a précisé l'institut. Plus de 1,9 million de personnes ont été contaminées jusqu'à présent, avec près de 17.000 nouveaux cas comptabilisés depuis samedi. Dans son message vidéo hebdomadaire samedi, la chancelière Angela Merkel a prévenu que le plein impact de l'intensification des contacts sociaux durant les périodes de Noël et du Nouvel an ne se voyait pas encore dans les statistiques. Elle a averti les Allemands que les semaines à venir constitueraient «la phase la plus dure de la pandémie» à ce jour avec nombre de médecins et personnels médicaux travaillant au maximum de leurs capacités.