La prise en charge de la covid-19 par les cliniques ne cesse d'accumuler les controverses, le problème du coût de l'hospitalisation et les chèques de garantie n'ont pas encore réglés malgré la médiation du ministre de la Santé. Les cliniques privées refusent de respecter les tarifs réglementaires sous prétexte de leurs inconformité avec les coûts réels, tandis que les associations de défense des consommateurs s'indignent. Eclairage. La question de la prise en charge de la cvodi-19 par les cliniques privées continuent d'alimenter la controverse entre les cliniques privées et l'opinion publique. Plusieurs comportements ont provoqué la l'indignation des citoyens, quand ils ont appris que certains établissements présentent des factures exorbitantes pour l'hospitalisation des patients de covid-19, en imposant des chèques de garantie avant leur prise en charge. Les cliniques furent aussitôt recadrées par le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb qui a qualifié cette pratique d'illégale. Quelques jours plutôt, ce dernier a tenu une réunion avec l'Agence nationale des cliniques privées (ANCP) et l'Agence nationale de l'Assurance maladie pour disséquer ce problème. Ces derniers ont convenu de la nécessité de respecter la grille tarifaire de la prise en charge fixé par l'ANAM comme cadre de référence pour le remboursement des frais de la covid-19 par l'Assurance maladie obligatoire (AMO). Les cliniques refusent la tarification de l'ANAM Les représentants du secteur privé ne sont pas prêts à faire des concessions sur les prix des soins liés à la Covid-19. Interpelé sur ce sujet lors de son passage à Radio 2M, Redoine Semlali, président de l'Association nationale des cliniques privées, a considéré qu'il est impossible d'appliquer les tarifs définis par la nomenclature en vigueur, ajoutant que la réanimation est très couteuse. « On ne peut pas faire de réanimation à 1 500 DH », a-t-il martelé, rappelant « Nous mettons en place une offre de soins de qualité et performante ». Même argument pour Moulay Said Afif, président de la fédération nationale de la Santé, qui a fait état d'un décalage entre le coût réel de la prise en charge surtout en réanimation et la tarification de référence établie par l'Agence nationale de l'Assurance maladie. M. Afif appelle à ce que les experts de l'Agence, de la CNSS, de la CNOPS et les représentants du secteur privé se mettent à table pour convenir d'un tarif commun qui fasse l'unanimité. « La santé n'a pas de prix, mais elle a un coût, il faut qu'on sache quel est ce coût », a-t-il précisé ajoutant qu'il faut se mettre d'accord sur une revalorisation des tarifs de la prise en charge de la covid-19 pour qu'ils soient conformes avec le cout réel des hospitalisations. « Tant qu'on ne prend pas en compte le cout réel de la prise en charge, nous resteront dans un dialogue de sourds », a-t-il renchéri. À entendre les représentants du secteur privé, on comprend qu'ils appellent à la redéfinition d'une grille des tarifs liés aux soins de la covid-19. Ces derniers estiment que le coût réel de la réanimation varie entre 7 000 et 8 000 DH par jour. Néanmoins, Said Afif n'a pas nié l'existence de quelques abus de la part de quelques établissements hospitaliers privés, indiquant qu'ils ont été rappelés à l'ordre et sanctionnés. « On ne peut pas régler toute la misère du pays » ! Par ailleurs, l'imposition d'un chèque de garantie pose un problème de déontologie et de citoyenneté. Il est question de savoir si les personnes, qui ne disposent pas des sommes suffisantes pour se payer une hospitalisation dans une cliniques privées, peuvent être prises en charge par ces dernières, sans qu'ils se voient imposées des conditions préalables, qu'elle soit d'ordre financier ou administratif. À cet égard, Rédouane Semlali a déclaré que les cliniques privées ne peuvent pas régler toute la misère du pays ». « Le problème se règle à Rabat », a-t-il ajouté. Ce commentaire risque de ne pas passer inaperçu. M. Semlali a ainsi jeté la responsabilité sur l'Etat de trouver une solution pour faciliter l'accès des citoyens aux offres de soin du secteur privé, rappelant que l'Assurance maladie obligatoire n'est pas encore généralisée. Le président de l'ANCP a affirmé que les cliniques ne se sont pas des partis politiques, ajoutant qu'elles sont des endroits qui font une offre de soins. Une façon d'affirmer leur vocation lucrative. Un problème de régulation selon les associations de protection du consommateur Il s'agit en premier lieu d'un problème de régulation, aux yeux de Ouadie Madih, SG de la Fédération nationale des associations des consommateurs au Maroc (FNAC). Celui-ci considère que les organes de contrôle ne jouent pas leur rôle pour veiller au respect des tarifs tels que définis par la réglementation et notamment la Convention de 2005, signée entre les organismes gestionnaires de l'Assurance maladie, les Médecins et établissements de soins du secteur privé. « Ces cliniques privées ne respectent aucune loi, aucune réglementation », a-t-il asséné, ajoutant que ceci est une infraction de la loi qui n'est pas sanctionnée par les instances de contrôle. S'agissant des chèques de garantie, M. Madih est clair sur ce point, « le dépôt d'un chèque de garantie est illégale et un acte pénal » a-t-il martelé, ajoutant que « les cliniques abusent de la faiblesse du consommateur qui trouve dans le secteur privé un recours ultime pour se faire soigner compte tenu du débordement de l'hôpital public ». Outre cela, le Secrétaire général du FNAC a dénoncé l'entente anti-concurrentielle des cliniques privées qui s'accordent parfois sur une tarification unique, appelant le Conseil de Concurrence à se saisir de cette question et déceler cette connivence coupable.