L'Association nationale des cliniques privées (ANCP) a tenu une conférence de presse afin de dresser l'état des lieux du secteur privé et «dédiaboliser» son image. À 120 jours seulement de sa création, l'ANCP s'est attelée aux problèmes épineux de la médecine dans le secteur privé au Maroc ou du moins à ce qui entrave sa bonne marche et la laisse inadéquate aux attentes des patients. Rappelant l'importance des cliniques privées pour contenir la population marocaine - en quête de soins -, les membres de l'ANCP ont étalé les obstacles à une pratique médicale saine dans le privé. Le président de l'ANCP, Dr Rédouane Semlali, relève dans ce sens les problèmes liés à la lourde fiscalité qui s'abat sur un secteur «crucial», les insuffisances en matière de ressources humaines ainsi que le statut ambigu des institutions privées dont les lauréats ne répondent pas aux exigences du métier ou encore les subventions étatiques qui demeurent «insignifiantes». L'ANCP rappelle dans cette trame que «le Maroc contient seulement 22.000 médecins qui font le travail de 66.000». D'autant plus que plus de 7.000 médecins marocains exercent à l'étranger. La loi 131-13 relative à l'exercice de la médecine La loi 131-13 dispose que l'accord des autorisations d'établissement de cliniques privées doit répondre à plusieurs conditions. Selon les articles 60, 62, 76 et 77, seuls un médecin, un groupement de médecins ou des investisseurs peuvent ouvrir une clinique et l'exploiter. Dans le cas d'un investisseur n'appartenant pas au milieu médical, ce dernier doit engager un staff compétent, duquel il nommera un directeur pour l'établissement. De plus, les investisseurs tiers n'ont aucunement le droit d'intervenir dans la gestion administrative ou financière des établissements dont ils sont propriétaires. Dans le même ordre d'idées, les médecins du privé déplorent les facilités accordées aux investisseurs non médecins pour la création de cliniques. En outre, les investisseurs non-médecins seraient motivés par l'appât du gain, raison pour laquelle ils implantent leurs business dans les grandes villes du royaume seulement ; point sur lequel la loi devra impérativement se pencher ! PPP et investissements Satisfaite de l'expérience de la dialyse des patients bénéficiant du RAMED, l'ANCP espère l'affermissement du partenariat public-privé. «Le partenariat public-privé doit exister dans un pays qui se veut moderne. Une mutualisation des ressources entre le privé et le public est très souhaitable», affirme Semlali. Du côté de l'investissement, «la cadence de création de cliniques doit être accélérée», ajoute notre interlocuteur. En sus, l'ANCP déplore le coût du foncier qui est «en hausse permanente» et certaines exigences des normes qui causent le ralentissement de la cadence de construction des cliniques. TVA et remboursement, problématiques durables Le paiement d'une TVA à hauteur de 20% sur tous les investissements de santé pose problème à l'ANCP. Cette dernière souhaiterait supprimer la TVA «à l'image d'autres pays» ! Problème récurrent dans la médecine exercée dans le privé, le remboursement qu'assure l'assurance-maladie demeure depuis 10 années une source de problèmes pour les «90% des patients dotés d'une couverture médicale, dont 60% est prise en charge par l'hospitalisation privée», lit-on dans un communiqué de l'ANCP. L'association conteste aussi le problème qu'engendre la TVA que les cliniques ne récupèrent pas en ce sens que c'est le patient qui la paye. D'où la diabolisation qui s'abat sur la médecine dans le secteur privé. En gros, la quintessence de cette conférence réside dans une requête de l'ANCP en vue de repenser la place du privé dans la médecine. Si «la médecine n'a pas de prix, elle a un coût».