Le nouveau coronavirus met les gouvernements du monde entier à rude épreuve. C'est le cas au Maroc où le gouvernement tente d'alerter sans affoler, mais gare à la banalisation ! Les mauvaises nouvelles concernant le nouveau coronavirus circulent aussi vite à travers le monde que cette mystérieuse épidémie virale. A l'heure de l'écriture de cet article (mercredi 4 mars à 16H ) la Chine faisait état de 38 décès supplémentaires, malgré la baisse du nombre des nouveaux cas d'infection au coronavirus pour le troisième jour consécutif. Ce pays, où se trouve le premier foyer du virus, totalise désormais 2.981 morts, à en croire la Commission nationale chinoise de la Santé, qui chiffre à plus de 80.200 le nombre total de personnes infectées. En Europe, c'est l'Italie qui est le pays le plus touché par le coronavirus. C'est le troisième le plus touché au monde après la Chine et la Corée du Sud (Lire les derniers chiffres de l'OMS en encadré). D'ailleurs, c'est de l'Italie qu'est revenue la seule personne déclarée, officiellement, infectée par le nouveau coronavirus au Maroc. Le Royaume est parmi les pays les moins touchés par l'épidémie. Dans son voisinage immédiat, à l'est, l'Algérie totalise huit cas, d'après son ministère de la Santé. Au nord, la conseillère espagnole de la Santé au gouvernement régional de Valence, Ana Barceló, a annoncé, mardi, un premier mort dans le pays à cause du nouveau coronavirus. Quelque 151 cas de contamination ont été confirmés jusqu'à présent en Espagne, y compris les deux patients qui ont déjà quitté l'hôpital, selon le dernier bilan donné par le ministère de la Santé. C'est donc avec inquiétude que les Marocains suivent la propagation du mystérieux virus. Ils ont attendu longtemps avant de voir le chef du gouvernement venir les rassurer. Certes, le directeur de l'épidémiologie au ministère de la Santé, Mohamed Lyoubi, avait multiplié les sorties avant El Othmani, mais ce dernier ne s'est exprimé sur le sujet que lundi 2 mars. « Aucun cas confirmé du nouveau coronavirus n'a été enregistré au Maroc après que les 27 cas suspects se sont révélés négatifs », avait-il affirmé lors d'une conférence de presse conjointe donnée avec le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb. Or, quelques heures seulement après cette déclaration, un communiqué du ministère de la Santé est tombé comme un couperet annonçant le premier cas d'infection au nouveau coronavirus dans le pays. Les analyses médicales ont été effectuées par le laboratoire de l'Institut Pasteur-Maroc et la personne concernée est un Marocain qui est rentré, le 27 février, de la ville italienne de Bergame. Le 29 février, il s'est présenté à l'hôpital parce qu'il souffrait de difficultés respiratoires, de douleurs abdominales et de diarrhées, mais sans avoir de fièvre. Il a été admis aussitôt à l'hôpital Moulay Youssef à Casablanca où il continue à recevoir les soins nécessaires, selon le dispositif exceptionnel mis en place. Celui que le ministère de la Santé désigne désormais par le « cas zéro » est âgé de 39 ans. Il était à bord d'un vol où il y avait 104 passagers. Tous ont été identifiés et sont actuellement soumis à des analyses pour éviter toute propagation du virus, d'après le département d'Ait Taleb. Ces passagers ont été mis en quarantaine, à leur initiative et placés en isolement contrôlable, a fait savoir le ministre. Les investigations se poursuivent pour que des tests soient effectués par l'ensemble des personnes ayant été en contact avec le « cas zéro ». Ce qui est rassurant, c'est que l'état de santé de la personne infectée reste stable et ne suscite pas d'inquiétudes. De même, jusqu'à l'heure de l'écriture de cet article, en dépit des nombreuses rumeurs, aucun nouveau cas confirmé n'a été déclaré au niveau national. Rassurances / Vigilance L'attitude du chef du gouvernement lors de la conférence de presse du lundi 2 mars a été vivement critiquée. Il s'était efforcé d'entrecouper certaines de ses déclarations par des rires malvenus par ces temps de grande inquiétude. De nombreux internautes se sont indignés face à ces rires forcés. Ils les ont interprétés non pas comme des signes rassurants, mais des artifices qui cacheraient « quelque chose de grave ». Au lendemain de la sortie d'El Otmani, le ton était plus mesuré mardi 3 mars, lorsque le ministre de la Santé a dû tenir, seul cette fois-ci, une deuxième conférence de presse. Dans l'ensemble, il avait repris les mêmes propos tenus, la veille, par le chef du gouvernement en faisant savoir que l'exécutif suit attentivement et quotidiennement l'évolution relative à la propagation de la maladie à travers un système de veille et de surveillance épidémiologique sur les plans national et régional, en coordination avec les différents intervenants. Ait Taleb avait affirmé que le ministère de la Santé et le comité national de pilotage suivent de près le développement du virus à l'échelle mondiale, ajoutant que son département veille à informer les citoyens de façon régulière. Le ministre a également insisté sur la nécessité de l'adhésion de toutes les parties, à savoir le gouvernement, les citoyens et les médias pour faire face à ce virus, appelant à suivre des précautions simples, notamment le lavage régulier des mains par le savon et éviter de fréquenter les endroits encombrés et les zones peu aérées. « Toutes les entrées et les points de passage sont équipés par le matériel d'intervention et de suivi pour faire face aux cas suspects », a-t-il assuré, soulignant que des hôpitaux ont été désignés pour accueillir les cas suspects. Ait Taleb a, en outre, estimé que malgré le danger que présente le nouveau coronavirus, il demeure moins dangereux par rapport à d'autres maladies comme la grippe saisonnière qui cause annuellement des décès entre 280.000 et 650.000, rappelant que les 45.000 cas infectés par coronavirus ont été guéris représentant ainsi 50% des contaminés, alors que seulement 3000 morts ont été enregistrés jusqu'à présent. Des chiffres et des maux 3000 morts ! C'est peu quand, d'une manière rationnelle, on relie ce chiffre à la population mondiale, mais c'est beaucoup pour toute personne qui ne croit ni El Othmani, ni Aït Taleb ni même l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Tendez les oreilles dans les transports public, dans les cafés et en d'autres lieux de discussion et vous entendrez de nombreuses personnes suspicieuses jurer que la situation est plus grave. Certains vont jusqu'à rapporter ce que d'autres ont rapporté pour montrer qu'ils tiennent des infos sûres. Le directeur de l'épidémiologie au ministère de la Santé, Mohamed Lyoubi, a été le premier a invité les Marocains à se méfier de ce qui se dit. Dans un entretien qu'il a accordé à Medradio, dans le cadre de l'émission «Bidoune loughat khachab » (Sans langue de bois) et à L'Observateur du Maroc, ce responsable a invité les Marocains à ne croire que ce que publie le ministère de la Santé sur son site web officiel. Et jusqu'au 4 mars, il n'y a qu'un cas d'infection confirmé au Maroc et les 34 cas suspectés ont été déclarés négatifs. « Si jamais nous sommes un jour dans une situation où le virus se propage au Maroc nous allons suivre l'exemple de la Chine et exhorter les personnes atteintes à rester chez elles jusqu'à ce qu'elles guérissent », a déclaré Mohamed Lyoubi. Le directeur de l'épidémiologie au ministère de la Santé a précisé que des salles ont été libérées dans 83 hôpitaux à travers le pays, disposant de 670 lits spécialisés au total, qui sont prêts pour accueillir les porteurs présumés du nouveau coronavirus. Et le même responsable d'ajouter : « On se comporte avec les cas possibles comme s'ils étaient atteints du coronavirus SARS-CoV-2. Nous les isolons dans ces salles, leur faisons passer le test de prélèvement naso-pharyngé et nous envoyons le prélèvement soit à l'Institut national d'hygiène à Rabat, soit à l'Institut Pasteur à Casablanca qui sont les laboratoires sont équipés pour effectuer ces tests ». Lyoubi poursuit en expliquant qu'en cas de test positif, le dispositif qui était déjà mis en place pour les épidémies du SRAS et du Mers est réactivé. Répondant à la question relative à la nécessité ou pas de laisser rentrer des personnens en provenance des pays touchés, Lyoubi rappelle que l'OMS a donné ses recommandations pour prévenir le nouveau coronavirus, mais qu'en aucun cas cette organisation ne recommande aux pays de prendre des mesures draconiennes comme interdire l'entrée ou la sortie des voyageurs ou autres mesures, mais leur conseille de mettre en place un dispositif de sécurité sanitaire et de vigilance. Il précise que chaque pays a le droit d'adapter les recommandations de l'OMS selon ses conditions et ses caractéristiques. Pour ce qui est du Maroc, qui est membre de l'OMS, Mohamed Lyoubi affirme que le Royaume s'est engagé dès l'apparition du virus en prenant des mesures préventives et on suivant les recommandations de l'Organisation. « Mais, poursuit-il, à aucun moment notre pays n'a mis en place une restriction d'entrée ou de sortie des voyageurs ou encore des marchandises avec les pays atteints du coronavirus. On les accueille toujours. Mais on a renforcé notre système de vigilance dans le cadre du plan national de veille et de riposte au Covid-19 ». Lyoubi est revenu aussi sur le contrôle de vigilance au niveau des aéroports et des portsIl a précisé à ce propos que les autorités ne contrôlent pas l'ensemble des voyageurs qui rentrent au Maroc, mais seulement ceux qui proviennent des pays affectés. Il a mis en exergue l'introduction de la fiche sanitaire qui permet de connaitre le pays d'arrivée du voyageur ainsi que les pays de transit. « Il ne faut pas céder à la panique », conseille le directeur de l'épidémiologie au ministère de la Santé, mais tout en restant vigilant face non seulement au virus mais aussi aux Fake News. Coronavirus des rumeurs Comme l'avait fait Mohamed Lyoubi dans toutes ses sorties, le ministère de l'Intérieur a appelé, mercredi 4 mars, les citoyennes et citoyens à la nécessité de faire preuve de vigilance face à la diffusion d'informations mensongères et fictives concernant le nouveau coronavirus, attribuées à des parties officielles à travers des techniques de nouvelles technologies. Dans un communiqué, le ministère indique qu'il a été constaté dernièrement que certains comptes sur des réseaux sociaux et des applications de messagerie instantanée sur téléphone portable procèdent à la publication d'informations mensongères et erronées attribuées à des institutions officielles au sujet de la prise de mesures préventives par les autorités dans le cadre de la lutte contre le nouveau virus Corona. Tout en soulignant que les mesures prises dans ce cadre sont annoncées par les établissements compétents à travers des communiqués publiés via les canaux officiels dédiés, le ministère de l'Intérieur appelle les citoyennes et citoyens à la nécessité de faire preuve de vigilance face à la diffusion d'informations mensongères et fictives attribuées à des parties officielles à travers des techniques de nouvelles technologies, ajoute le communiqué. Le ministère affirme également que toutes les dispositions légales seront prises par les autorités compétentes en vue d'identifier les personnes impliquées dans la publication de ces allégations et mensonges.