Réuni depuis hier à Berne, en Suisse, sous la présidence du Secrétaire général, le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies (CEB, selon son acronyme anglais) a demandé à la communauté internationale d'apporter rapidement 755 millions de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) afin d'éloigner le « spectre de la faim, de la malnutrition et de troubles sociaux d'une échelle sans précédent ». « Nous devons ensuite garantir la fourniture de nourriture pour l'avenir », indique un communiqué de presse publié aujourd'hui à Genève à la fin de la rencontre. Après avoir nourri ceux qui ont faim, il faut prendre des mesures pour aider les récoltes des agriculteurs des pays en développement, ont convenu les chefs d'agence. Le système des Nations Unies va coopérer à court et moyen terme pour répondre à la crise, tout en surveillant, évaluant et analysant les tendances de la crise et leur impact sur les populations vulnérables. Les chefs d'agence ont décidé de créer immédiatement une ?quipe spéciale sur la crise alimentaire mondiale sous la direction du Secrétaire général et qui réunit les chefs des agences spécialisées, des fonds et programmes de l'ONU, ainsi que les institutions de Bretton Woods et certaines unités du Secrétariat. L'?quipe spéciale aura deux coordonnateurs, John Holmes, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, basé à New York et David Nabarro, le Coordonnateur principal du système des Nations Unies pour les grippes aviaire et humaine, basé à Genève. Afin de répondre aux besoins immédiats urgents, un appel extraordinaire a été lancé pour recueillir 755 millions de dollars pour le Programme alimentaire mondial (PAM), qui ne dispose pas du financement ni des stocks alimentaires nécessaires pour l'action humanitaire d'urgence. A moyen et long terme, le système de l'ONU prévoit de rassembler ses capacités techniques et d'analyse afin d'encourager la recherche là où elle est nécessaire et appuyer ainsi les gouvernements avec la meilleure information disponible pour prendre des décisions et mettre en place des programmes efficaces. Le CEB a souligné la « nécessité urgente » de s'attaquer, sur le long terme, aux questions structurelles et politiques qui ont joué un rôle important dans cette crise ainsi qu'au défi posé par les changements climatiques. « Il faut entreprendre des recherches plus approfondies sur l'impact du détournement des cultures vivrières vers la production de biocarburants », a affirmé le CEB, qui souhaite aussi que soient révisées les subventions à la culture de biocarburants à partir de cultures alimentaires. Les efforts devront porter en particulier sur l'Afrique, la région la plus touchée. Déjà, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lancé une Initiative d'urgence pour fournir aux pays pauvres qui souffrent de la crise les semences et les intrants engrais, graines nécessaires pour relancer la production. Le besoin en financement s'élève à 1,7 milliard de dollars. Le Fonds international de développement agricole (FIDA) va, de son côté, débloquer 200 millions de dollars pour aider les petits agriculteurs à augmenter leur production lors de la prochaine saison de récoltes. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international étudient la possibilité de mettre en place des initiatives de soutien financier destinées aux pays en difficulté en raison de la crise. Le CEB a par ailleurs demandé aux pays qui ont imposé des restrictions sur les exportations alimentaires de reconsidérer leur position. De son côté, le Secrétaire général de l'ONU s'est déclaré « confiant » sur la capacité du monde à résoudre la crise alimentaire actuelle. « Nous disposons des moyens. Nous disposons du savoir. Nous savons quoi faire. Nous devons donc considérer qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème, mais aussi d'une opportunité », a déclaré Ban Ki-moon lors d'une conférence donnée aujourd'hui à Genève. « C'est une chance énorme de s'attaquer aux racines des problèmes de beaucoup de pauvres dans le monde, dont 70% travaillent comme petits agriculteurs. Si nous les aidons si nous leur offrons l'aide et le mélange adéquat de mesures locales et internationales solides la solution viendra », a expliqué le Secrétaire général, pour qui « gérées correctement, nos solutions à la crise alimentaire feront avancer les autres Objectifs du Millénaire pour le développement ».