Par Ahmed Charaï Les assises de la fiscalité ont enregistré un fait inédit. Dans une intervention très émotive, Zouhair Chorfi, Secrétaire Général du ministère des Finances, a dénoncé l'usage du noir, en particulier, dans les cliniques privées. Très applaudie sur le moment, son intervention suscite beaucoup de remous et pose beaucoup de questions. Sur le plan remous, et comme on pouvait s'y attendre, le secteur des cliniques privées réagit fortement et demande même la démission de Zouhair Chorfi. Le secteur s'estime stigmatisé « alors qu'il pallie à l'insuffisance des structures de la Santé publique ». Plus étonnant, le syndicat UMT des Finances exige « la publication de la liste des cliniques accusées ». Demande extravagante parce que le secret fiscal est protégé au Maroc et que l'on ne voit pas l'utilité d'un « name to shame » qui ne servirait qu'à livrer des gens à la vindicte populaire. Les questions, elles, sont nombreuses. Le Secrétaire Général n'est pas un homme politique. C'est un haut fonctionnaire, estimé, mais qui a un devoir de réserve. Une telle sortie de la part du ministre, aurait été un moment politique. De la part du Secrétaire Général, dans la sphère publique, elle étonne. Même si le citoyen qu'il est a le droit d'exprimer ses opinions dans la sphère privée. Cette dissonance laisse ouverte la question de savoir si c'était une initiative personnelle, ou un acte officiel. La question la plus pertinente c'est « et après ? » Le constat dressé est terrible et il est malheureusement, largement partagé par la vox-populi. Dans cette situation ce que l'on attend ce sont les mesures prises…dès le lendemain. L'Exécutif n'est pas là pour se limiter à dresser les constats, mais pour agir contre les situations qu'il juge, lui-même, insupportables. La normalisation fiscale, la mise au pas des fraudeurs, est une nécessité absolue, pour donner à l'Etat les moyens nécessaires à ses politiques publiques. Elle répond aussi à un souci d'équité fiscale. Cela ne peut s'obtenir par des oukases, ou encore des campagnes conjoncturelles comme celle visant les professions libérales en fin d'année. Mais tout cela ne peut exonérer l'Etat de ses fonctions régaliennes. Si les cliniques privées se sentent en position de force vis-à-vis de ce qu'elles considèrent comme des clients et non pas des patients, c'est à cause d'une défaillance terrible de la santé publique. Si les gens acceptent de payer au noir, le prix fort, c'est parce que l'accès aux soins dans les hôpitaux publics est d'une très grande complexité. La sévérité des contrôles est indissociable de la réforme de la santé publique. C'est la faiblesse de l'offre de celle-ci qui encourage le comportement mercantile, non éthique de certaines cliniques privées. L'action gouvernementale ne sera efficiente que si elle combine l'action de fond, la réforme de la santé, à la répression de la fraude. Se limiter au constat serait du pur populisme sans lendemain. Un gouvernement n'est pas là pour s'indigner, mais pour gouverner c'est-à-dire agir.Les assises de la fiscalité ont enregistré un fait inédit. Dans une intervention très émotive, Zouhair Chorfi, Secrétaire Général du ministère des Finances, a dénoncé l'usage du noir, en particulier, dans les cliniques privées. Très applaudie sur le moment, son intervention suscite beaucoup de remous et pose beaucoup de questions. Sur le plan remous, et comme on pouvait s'y attendre, le secteur des cliniques privées réagit fortement et demande même la démission de Zouhair Chorfi. Le secteur s'estime stigmatisé « alors qu'il pallie à l'insuffisance des structures de la Santé publique ». Plus étonnant, le syndicat UMT des Finances exige « la publication de la liste des cliniques accusées ». Demande extravagante parce que le secret fiscal est protégé au Maroc et que l'on ne voit pas l'utilité d'un « name to shame » qui ne servirait qu'à livrer des gens à la vindicte populaire. Les questions, elles, sont nombreuses. Le Secrétaire Général n'est pas un homme politique. C'est un haut fonctionnaire, estimé, mais qui a un devoir de réserve. Une telle sortie de la part du ministre, aurait été un moment politique. De la part du Secrétaire Général, dans la sphère publique, elle étonne. Même si le citoyen qu'il est a le droit d'exprimer ses opinions dans la sphère privée. Cette dissonance laisse ouverte la question de savoir si c'était une initiative personnelle, ou un acte officiel. La question la plus pertinente c'est « et après ? » Le constat dressé est terrible et il est malheureusement, largement partagé par la vox-populi. Dans cette situation ce que l'on attend ce sont les mesures prises…dès le lendemain. L'Exécutif n'est pas là pour se limiter à dresser les constats, mais pour agir contre les situations qu'il juge, lui-même, insupportables. La normalisation fiscale, la mise au pas des fraudeurs, est une nécessité absolue, pour donner à l'Etat les moyens nécessaires à ses politiques publiques. Elle répond aussi à un souci d'équité fiscale. Cela ne peut s'obtenir par des oukases, ou encore des campagnes conjoncturelles comme celle visant les professions libérales en fin d'année. Mais tout cela ne peut exonérer l'Etat de ses fonctions régaliennes. Si les cliniques privées se sentent en position de force vis-à-vis de ce qu'elles considèrent comme des clients et non pas des patients, c'est à cause d'une défaillance terrible de la santé publique. Si les gens acceptent de payer au noir, le prix fort, c'est parce que l'accès aux soins dans les hôpitaux publics est d'une très grande complexité. La sévérité des contrôles est indissociable de la réforme de la santé publique. C'est la faiblesse de l'offre de celle-ci qui encourage le comportement mercantile, non éthique de certaines cliniques privées. L'action gouvernementale ne sera efficiente que si elle combine l'action de fond, la réforme de la santé, à la répression de la fraude. Se limiter au constat serait du pur populisme sans lendemain. Un gouvernement n'est pas là pour s'indigner, mais pour gouverner c'est-à-dire agir.