Les participants aux travaux du 1er Sommet du Forum Afrique-Inde ont adopté mercredi la "Déclaration de Delhi" et le "Cadre de Coopération entre l'Afrique et l'Inde" qui constituent une vraie feuille de route pour leur partenariat à l'aube du 20ème siècle. Le premier ministre indien, Manmohan Singh, qui présidait en milieu de journée la session de clôture du sommet de deux jours des chefs d'état et de gouvernement, a rendu hommage aux pays représentant le continent africain pour les efforts déployés en vue de faire réussir cette première rencontre. Il a aussi salué les résultats de travaux intensifs et fructueux qui ont débouché sur la mise en place de la feuille de route devant permettre un travail étroit en tandem pour la réalisation des objectifs de développement de l'Afrique et du sous-continent. M. Singh a rappelé les mesures annoncées la veille en faveur de la coopération bilatérale et du développement des capacités africaines avant de souligner le fait que les relations historiques sont en passe de donner lieu à un partenariat du futur qui mise sur les synergies et les complémentarités de ces deux parties du monde avec une exploitation optimum du potentiel d'échange aussi bien au niveau bilatéral qu'avec les communautés économiques régionales de l'Afrique et le continent en tant que tel. Après la clôture des interventions des chefs de délégations, le président de l'Union Africaine, le chef d'état tanzanien, Jakaya Mrisho Kikwete, a remercié le gouvernement indien pour l'initiative d'organiser le sommet qui a pu arrêter les modalités institutionnelles nécessaires pour la consolidation des liens de coopération entre l'Inde et les pays africains. Un "Plan d'Action" devrait bientôt intervenir pour donner forme et contenu a tout ce qui a été convenu à Delhi et permettre sa mise en oeuvre, a affirmé J. Kikwete qui est revenu sur les volets couverts lors du sommet et les actions retenues dans le nouveau cadre de coopération et dans la déclaration adoptés en fin des travaux. Concernant le volet politique, les deux parties ont convenu de s'employer, ensemble, à continuer à défendre leurs intérêts mutuels et ceux des pays en voie de développement en général et souligné la convergence de leurs points de vue sur les réformes de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et le besoin de mener une action commune afin de faire du Conseil de Sécurité une institution de gouvernance de la sécurité internationale qui soit plus démocratique, plus représentative et plus agissante. L'Inde et l'Afrique ont, ainsi, réitéré leur position de longue date qui veut que les deux parties méritent une représentation permanente au sein du Conseil de Sécurité et se sont engagés à se soutenir mutuellement pour atteindre cet objectif. D'autres questions d'actualité, telles la sécurité alimentaire et la flambée des cours du pétrole et leurs conséquences pour la stabilité de l'économie mondiale et l'impact néfaste sur les économies indienne et africaines, ont été évoqués par les chefs de délégations. En vue d'atténuer cet impact sur la stabilité macro-économique et de préserver le pouvoir d'achat et le niveau de vie, ces problèmes seront soulevés au niveau des institutions de gouvernance politique et économique mondiales que sont l'ONU, la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International. Dans le but de préserver les acquis en termes de croissance et de réduction de la pauvreté, les ministres des affaires étrangères doivent se réunir d'urgence pour dégager une position commune avant d'aller à Okinawa, au Japon, au mois de juillet, plaider auprès du sommet "G-8" et contribuer à l'adoption des mesures nécessaires. Les défis environnementaux ont, également, accaparé l'attention des parties qui ont examiné les moyens de mener une action concertée pour relever les défis posés par les changements climatiques. La contribution des pays à l'effet de serre étant inégale, chaque pays devrait contribuer de manière proportionnelle, aux efforts consentis pour la réduction des émissions incriminées dans le réchauffement global. La présidente indienne, Mme Pratibha Patil, qui offrait un dîner en l'honneur des chefs d'état et de gouvernement mardi soir, avait souligné le principe d'une "responsabilité commune mais différenciée" en la matière, principe retenu par le sommet pour qui la résolution du problème des changements climatiques ne devrait pas se traduire par la perpétuation de la pauvreté dans les pays en voie de développement. La promotion des échanges commerciaux et des investissements a, en fait, dominé les travaux du sommet. Les chefs de délégations ont couvert tous les aspects de la question mais l'accent a été mis sur la décision de Delhi, chaleureusement saluée par la partie africaine, d'ouvrir ses marchés en supprimant les quotas et les droits d'entrée pour les produits de 34 pays africains les moins développés. Une fois mise uvre, cette mesure conjuguée aux lignes de crédit concessionnelles de 5,4 milliards de dollars sur les cinq années à venir seront d'un apport capital pour le renforcement des capacités du continent africain à faire face au défi de la pauvreté. Davantage d'investissements indiens pour améliorer la productivité en amont devrait aider à supprimer certaines contraintes et permettre aux exportations africaines de tirer profit de cette ouverture. L'Inde et l'Afrique veulent échanger expérience et bonnes pratiques mais c'est surtout Delhi qui est sollicitée pour le savoir-faire acquis dans plusieurs secteurs tels que les technologies de communication et d'information, la micro finance, et le développement des "PME/PMI". La promotion du secteur agricole étant capitale pour tout développement en Afrique, l'assistance indienne est perçue indispensable pour une vraie révolution verte sur le continent. Le développement en Afrique mise également sur l'établissement de réseaux étroits entre les entreprises africaines et indiennes, les experts et les institutions éducatives pour l'acquisition du savoir et le transfert de technologie. Le sommet, auquel six chefs d'état, deux vice-présidents et deux chefs de gouvernement ont pris part aux côtés du pays hôte, a décidé de tenir une réunion au sommet Afrique-Inde tous les trois ans et annoncé la prochaine rencontre pour 2011 en Afrique.