Et si les Occidentaux, en reconnaissant le mois dernier l'indépendance du Kosovo sans que celle ci ait été négociée dans le cadre de l'ONU, avait ouvert la boîte de Pandore ? Dans les chancelleries européennes, on fait valoir que le Kosovo est un cas à part dans la mesure où le territoire avait été placé sous un régime transitoire d'administration onusienne. On ajoute que l'indépendance intervenue ensuite l'a été « sous l'emprise de la résolution 1244 du Conseil de sécurité », faute d'un accord entre Kosovars et Serbes, et que les minorités serbes bénéficient de la protection de la mission européenne dépêchée sur place. Il n'empêche. Dans toute l'ex-URSS, et notamment dans le Caucase, les mouvements séparatistes voient leurs rêves ravivés. D'ores et déjà l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, républiques pro-russes autoproclamées de Géorgie, ont demandé à la Russie et à l'Union européenne de reconnaître leur indépendance. Il est cependant douteux que Moscou franchisse le pas. La Russie entretient certes d'étroites relations économiques avec ces deux territoires mais elle ne prendra pas le risque de donner du grain à moudre à ses propres irrédentistes tchétchénes. Car ces derniers, qui rêvent de faire sécession de la Fédération de Russie, tirent évidemment argument de l'indépendance du Kosovo pour demander aux Européens de les soutenir. Il faut aussi sans doute s'attendre à ce que s'envenime de nouveau le conflit du Haut-Karabach, république arménienne autoproclamée en territoire azerbaïdjanais. Au delà même de cette région, d'autres irrédentistes pourraient être tentés de jouer la carte d'une indépendance unilatérale. C'est le cas notamment du Kurdistan, mais aussi pourquoi pas de la Palestine. En Europe, les Catalans et les Basques pourraient être à leur tour tenter de franchir le pas- d'où les réticences de l'Espagne à l'indépendance du Kosovo- voire les Saharaouis au Maghreb. Evidemment pour qu'une proclamation d'indépendance ait quelque chance de déboucher sur une réalité concrète encore faut-il qu'elle bénéficie du soutien de quelquels pays « qui comptent » sur la scène internationale. Le Kosovo a pour lui les Etats Unis et la plupart des grands Etats européens. D'autres pourraient tenter de convaincre Moscou ou Pékin. Au risque de voir de voir s'exacerber les luttes d'influence entre la Russie, qui entend opérer un retour en force dans le club des puissances, et les Etats Unis.