Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu dimanche une réunion d'urgence sur le Kosovo, qui a révélé, à nouveau, des divergences profondes sur ce dossier et la suite à donner à la proclamation d'indépendance du territoire faite dans la journée. "Les différences d'opinion que nous connaissions déjà sont restées les mêmes", a déclaré le président en exercice du Conseil, Ricardo Alberto Arias du Panama, à l'issue de la réunion, convoquée par la Russie, alliée de la Serbie, dans l'espoir d'annuler l'indépendance proclamée par Pristina. Il a ajouté, dans une déclaration à la presse, que les Quinze se sont dits préoccupés pour la paix et la sécurité dans la région et appelé toutes les parties à éviter les confrontations et la violence. R. Arias a en outre souligné qu'une réunion ouverte du Conseil de sécurité sur le Kosovo aura lieu, lundi après-midi, en présence notamment du président de la Serbie, Boris Tadic. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a fait un rapport au Conseil sur la situation au Kosovo, a appelé toutes les parties "à réaffirmer et agir selon leurs engagements pour restreindre tout action ou déclaration qui pourrait mettre la paix en danger, inciter à la violence ou compromettre la sécurité du Kosovo et de la région". La mission de l'Onu au Kosovo (MINUK) restera en place et continuera à remplir son mandat en vertu de la résolution 1244 qui a donné à l'Onu l'autorité nécessaire pour administrer le Kosovo, a-t-il dit. Dans une déclaration au nom de la Belgique, de la France, de l'Italie, de la Grande-Bretagne, de la Croatie, de l'Allemagne et des Etats-Unis, l'ambassadeur de Belgique auprès de l'ONU, Johan Verbeke, a indiqué que "les événements survenus aujourd'hui marquent la conclusion d'un processus qui a épuisé toutes les possibilités dans la recherche d'une issue négociée ". Il a ainsi "déploré que le Conseil de sécurité ne puisse s'accorder sur la marche à suivre, mais cette impasse est évidente depuis de nombreux mois". Et d'ajouter qu'en tant qu'Etats, et par le biais de l'Union européenne et de l'OTAN, "nous sommes déterminés à assumer nos propres responsabilités pour garantir la stabilité et la sécurité dans la région", soulignant la tenue, lundi à Bruxelles, d'une réunion à ce sujet entre les Européens des affaires étrangères. De son côté, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, John Sawers, a indiqué qu'"aucun pays n'a soutenu la demande de la Russie d'annuler la proclamation d'indépendance du Kosovo ". L'ambassadeur de Russie à l'Onu, Vitali Tchourkine, dont le pays est l'allié traditionnel de la Serbie, a réitéré que la déclaration d'indépendance faite par les dirigeants du Kosovo doit être rejetée par la communauté internationale et considérée comme "nulle et non avenue". Il a insisté que seule une solution mutuellement acceptable permettra d'éviter l'instabilité aux Balkans, tout en se disant inquiet du sort de la minorité serbe au Kosovo. Le Parlement du Kosovo a voté dimanche par acclamation la proclamation d'indépendance de cette province du sud de la Serbie à majorité albanaise. Les Etats-Unis et plusieurs grands pays de l'UE ont exprimé, au cours des dernières semaines, leur intention de reconnaître rapidement l'indépendance du Kosovo après sa proclamation. Les autorités de Belgrade, soutenues par la Russie, et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de la population) sont, en revanche, opposées à l'indépendance de la province.