Les délégations participant aux négociations sur le Sahara sont arrivées dimanche 16 mars à la résidence Greentree à Manhasset, près de New York, pour un quatrième round de pourparlers. Les quatre délégations du Maroc, du polisario, de l'Algérie et de la Mauritanie devront prendre part à un dîner avec le facilitateur de l'ONU, Peter Van Walsum. Les discussions formelles doivent commencer lundi 17 mars avec les discours des chefs des délégations respectives. Cette nouvelle série de négociations devra se poursuivre toute la journée de lundi et mardi. Le Maroc espère que, lors de ce nouveau round, les autres parties, loin des provocations et tergiversations, s'engageront dans des négociations constructives et substantielles en tenant compte, comme le demande la résolution 1783 du Conseil de sécurité, des efforts déployés par le Royaume depuis 2006 et concrétisés par l'Initiative d'autonomie. Le président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), Khalihenna Ould Errachid, a appelé le polisario et l'Algérie à renoncer aux revendications irréalisables et à négocier de bonne foi pour parvenir à une solution politique, consensuelle et définitive du conflit du Sahara. Dans une déclaration à la presse, dimanche soir, K. Ould Errachid a déploré que, comme lors des précédents pourparlers, le polisario et l'Algérie n'aient pas formulé de proposition à même de permettre la concrétisation de la solution escomptée, émettant l'espoir que ce round soit "une étape qui pourrait faire bouger les lignes vers l'avant afin qu'on puisse parvenir à un accord susceptible de satisfaire toutes les parties". Le polisario ne dispose pas de la marge nécessaire pour prendre des décisions, en raison de sa dépendance de l'Algérie qui ne veut pas aboutir à une issue politique, a-t-il encore regretté. Le président du CORCAS a rappelé que le Royaume a été à l'origine de l'actuelle dynamique créée autour du dossier du Sahara, en proposant l'initiative d'autonomie qui répond aux aspirations des populations sahraouies et qui est conforme aux attentes de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a, dans ce cadre, affirmé que le Maroc aborde ce nouveau round avec bonne foi et une totale disposition en vue de parvenir à un règlement définitif du conflit, conformément aux résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité. En dépit des dernières provocations du polisario dans la zone tampon de Tifariti, a-t-il poursuivi, le Maroc s'engage dans ce nouveau cycle la main tendue vers l'autre partie pour régler ce problème par la voie des négociations, mais il ne fera aucune concession sur ses droits historiques inaliénables à la souveraineté et à l'intégrité territoriale ainsi que ses droits à lever le blocus imposé à ses ressortissants séquestrés dans les camps de Tindouf depuis plus d'un tiers de siècle, en violation flagrante des droits humains garantis par le droit international. En présentant sa proposition d'autonomie conformément à la volonté de la communauté internationale, le Maroc a fait l'effort nécessaire en vue de réduire le fossé avec les autres parties, au moment où l'Algérie et le polisario sont restés à la case départ de 1975, a conclu le président du Corcas. La main du Maroc restera tendue à l'autre partie dans le cadre de la proposition d'autonomie qui constitue une plate-forme réaliste pour un règlement définitif du conflit du Sahara, a affirmé pour sa part le ministre de l'intérieur, Chakib Benmoussa, lors d'une séance de travail de la délégation marocaine . Le ministre a souligné qu'à l'instar des trois précédentes sessions des pourparlers, le Royaume appréhende ce quatrième round avec la même disposition de discuter des détails de la proposition marocaine. "Le Maroc n'accepte que l'autonomie et rien d'autre que l'autonomie", a-t-il précisé, ajoutant que la délégation marocaine se rend à Manhasset, l'esprit serein avec une ferme volonté de mettre un terme à ce conflit qui n'a que trop duré. Au sujet des dernières provocations du "polisario" à l'est du dispositif de sécurité dans la zone de Tifariti, au Sahara marocain, le ministre a réaffirmé que le Maroc refuse toute tentative d'imposer le fait accompli. C. Benmoussa a, par ailleurs, évoqué la nouvelle dynamique de développement en cours dans les provinces du sud, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, rappelant les projets urbanistiques en voie de réalisation, notamment le lancement dans les semaines à venir d'un projet de construction de 60.000 unités de logement au profit des populations de ces régions. De son côté, l'ambassadeur, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations Unies, El Mostafa Sahel, a indiqué que les autres parties ne veulent pas s'engager dans le processus enclenché par le Maroc à travers la proposition d'autonomie, qui a recueilli le soutien de la communauté internationale. E. Sahel a, d'autre part, réaffirmé la détermination du Maroc à préserver son intégrité territoriale et à défendre ses intérêts. Les intentions de l'Algérie sont connues de tous aujourd'hui. Aux Etats-Unis, un spécialiste des conflits, William Zartman estime que l'Algérie souhaite faire perdurer le conflit du Sahara en vue de l'utiliser comme moyen pour perturber le Maroc et entretenir la tension. L'Algérie cherche aussi à faire de ce conflit une carte de pression et de menace, ce qui est clair en la conjoncture actuelle, a ajouté le professeur à l'Université John Hopkins de Washington, dans une déclaration diffusée dimanche 16 mars par la chaîne de télévision 2M. Il est temps pour que les puissances internationales "oeuvrent à la recherche d'une solution, sur la base de la proposition marocaine d'autonomie qui répond aux aspirations et aux besoins des populations sahraouies", a-t-il insisté. Pour sa part, Robert Holley, directeur exécutif du centre maroco-américain pour la politique (MACP), a souligné que la communauté internationale tient à ce que le processus de négociations engagé autour de la question du Sahara soit guidé par l'esprit du compromis politique. Il a expliqué dans ce sens que l'Algérie se doit d'abandonner les thèses qu'elle a défendues jusque-là et d'aborder ces négociations avec bonne foi