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Le difficile grand écart des prétendants socialistes
Publié dans L'observateur du Maroc le 14 - 10 - 2011

«J'ai sorti le PS du formol». Arnaud Montebourg n'a pas entièrement tort. Et le député de Saône et Loire, arrivé troisième avec 17% des voix aux primaires du Parti Socialiste du 9 octobre, aurait pu aller plus loin en affirmant que ce scrutin inédit a bousculé la France entière. C'est le premier enseignement à tirer du premier tour de cette «primaire citoyenne» destinée à désigner le candidat PS à la présidentielle de 2012: un succès inespéré avec plus de 2 millions et demi de votants, ce qui a aussi permis au PS de ...renflouer ses caisses, la nécessité de verser «un euro au moins» pour y participer lui ayant permis de récolter près de 3,5 millions d'euros!
De quoi contredire tous ceux qui théorisaient le manque d'intérêt, voire le dégoût, des Français pour la politique. L'attrait pour les primaires a montré le contraire : une volonté de participer, de débattre et de choisir celle ou celui qui portera les couleurs de la gauche en 2012. A lui seul, le désarroi de l'UMP de Nicolas Sarkozy vaut certificat de succès pour les Socialistes qui peuvent se targuer d'avoir introduit une innovation démocratique majeure qui met fin aux jeux d'appareils déterminant jusqu'ici le choix du candidat. Surtout quand le parti majoritaire avait tout fait pour tenter de la décrédibiliser allant jusqu'à dire qu'elle allait aboutir au «fichage politique des électeurs»!
Incroyable maladresse de l'UMP
La volonté de la droite de minimiser cette victoire et la pauvreté de ses arguments, qui n'en finissent pas de traiter Arnaud Montebourg de gauchiste «irresponsable», n'ont fait qu'accentuer la certitude qu'elle venait d'essuyer une défaite et que le PS avait gagné son pari. Alors que nul n'attendait une telle participation, les principaux ténors de l'UMP, à commencer par son chef Jean-François Copé, n'ont rien trouvé de mieux que de répéter en boucle un argumentaire sorti droit de l'Elysée. A savoir que «seuls quatre Français sur cent» avaient participé au scrutin (6% des votants). Incroyable maladresse quand aux Etats-Unis, les primaires ne mobilisent qu'entre 8 et 10% des inscrits alors qu'elles sont généralisées depuis 1968...et qu'en France le vert est désormais dans le fruit ! Plusieurs leaders de droite, à commencer par François Fillon ou le président (UMP) de l'Assemblée concèdent en effet qu'il faudra y recourir en 2017...Cela rend encore plus dérisoire la déclaration du président français affirmant que la compétition socialiste est contraire à l'esprit de la V°République, «le général de Gaulle ayant voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours»...
Une France coupée en deux
La deuxième leçon, c'est que le PS est plus ou moins coupé en deux. A l'image de la France où la présidentielle se joue presque toujours à 49/51%. La carte des primaires montre en effet que les Socialistes, même si ils ont porté en tête deux réformistes à l'origine idéologiquement proches, restent partagés. Il existe d'un côté une sensibilité gauche/gauche incarnée par la maire de Lille Martine Aubry - arrivée deuxième avec 31% des voix -, Arnaud Montebourg et d'une certaine façon Ségolène Royal et de l'autre, une gauche plus libérale incarnée par François Hollande, arrivé nettement en tête avec 39% des voix et Manuel Valls (5%).
Les votes à Paris le montrent, même si la capitale n'est pas la France. C'est dans les arrondissements les plus à gauche (10e,11e, 18e, 19e et 20e) que Martine Aubry et Arnaud Montebourg ont réalisé leurs meilleurs scores, et dans les arrondissements les plus aisés et à droite que François Hollande et Manuel Valls ont obtenu les leurs (8e,16e, 6e et 7e). Ailleurs, les villes moyennes et les vieux bastions socialistes ont voté Hollande, les grandes métropoles Aubry. Quant à Arnaud Montebourg, le chantre de la «démondialisation» - terme qui cartonne en dépit de son côté fumeux - son électorat très hétérogène se retrouve dans les régions frappées par la désindustrialisation et recoupe la France du «non» qui, note le quotidien Libération, «en a ras le bol de courber l'échine face à une mondialisation dont il serait impossible de changer les règles».
Enfin, et contrairement à ce qu'elle affirme, Ségolène Royal (quatrième) n'est pas la favorite des quartiers populaires. Son effondrement spectaculaire (un peu moins de 7%) n'est pas seulement dû au fait qu'elle «n'incarnerait plus la nouveauté mais un remake de 2007» mais à son discrédit et au déni de réalité de celle qui n'a pas su comprendre qu'elle n'aurait pas dû se représenter.
Le danger de la danse du ventre
Troisième enseignement: la primaire, en dépit de son succès, risque de ne pas conférer une légitimité populaire totale et un élan irrésistible à son vainqueur. Huit points seulement séparent les deux favoris, Hollande, qui espérait 20 points d'écart, et Aubry. Dès lors, tous deux risquent de faire la danse du ventre pour récupérer les votes de Montebourg: Hollande sans donner l'impression de faire le grand écart en «gauchissant» trop son discours et Aubry sans inquiéter en laissant penser qu'elle «cède aux surenchères gauchistes», nouveau cheval de bataille de la droite, ce qui la décrédibiliserait en ces temps de rigueur budgétaire.
Cette quadrature du cercle - où les deux favoris doivent incarner une gauche qui ne se résigne pas mais reste crédible comme parti de gouvernement - montre que le scrutin reste plus ouvert qu'il n'y paraît. Hollande en demeure certes le favori mais, soucieux de prouver son réalisme, il court le risque de sacrifier l'audace au nom de la gestion. Dans ce contexte, Aubry peut surmonter son handicap. A la condition inverse - éviter la démagogie - et de n'être pas trop agressive pour se démarquer de Hollande et signifier qu'elle incarne mieux «le changement». Le débat télévisé prévu le 12 octobre peut en ce sens être décisif.
Défi majeur
Ultime enseignement: la primaire constitue un nouvel et très dur avertissement pour la droite qui commence mezza voce à douter de la possibilité de remporter 2012 avec un candidat nommé Nicolas Sarkozy. Mais qui n'ose aborder ce problème de front. Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères et seule alternative crédible de la droite, suggère de lancer une dynamique pour «occuper l'espace» face à la gauche. Une chose est sûre: ce ne sont pas les «éléments de langage» élaborés par l'UMP - parler d'un processus «intéressant», le «relativiser» et insister sur «l'absence de leader naturel et la division» des Socialistes - qui convaincront les Français.
Reste un défi majeur pour les deux grandes familles politiques françaises: développer un discours et avancer des propositions cohérentes pour juguler la double crise actuelle (économique avec l'affaissement de la croissance et la perte de compétitivité des Européens, financière avec les dettes souveraines de la zone euro). Or, force est de constater qu'en la matière, droite comme gauche n'apportent pas de réponse crédible pour remédier aux dysfonctionnements institutionnels de l'UE et pour proposer un projet susceptible de surmonter la morosité ambiante.


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