Arnaud Montebourg s'est fait un nom et une griffe par ses légendaires diatribes contre les paradis fiscaux, la corruption, le statut pénal du chef de l'Etat et la cinquième République. Alors que le Parti socialiste est aujourd'hui ouvertement occupé à réintégrer dans son jeu une de ses brebis galeuses, Julien Dray, distingué par la justice à cause de son amour trop voyant des montres de luxe et de mouvements suspects de fonds sur ses comptes et ceux des associations qu'il parraine, un homme planche en silence sur l'un des dossiers les plus sensibles de la gauche française, l'organisation des primaires ouvertes au sein du PS. Il s'agit d'Arnaud Montebourg, l'homme qui avait fait de la rénovation du parti de François Mitterrand sa principale obsession. Arnaud Montebourg avait rencontré successivement Ségolène Royal dont c'était la réconciliation depuis leur brouille post-présidentielle, Martine Aubry qui lui avait confirmé qu'elle était toujours dans la course et Dominique Strauss-Kahn dans son bureau à Washington. Le premier rapport d'Arnaud Montebourg est attendu pour début janvier. Le lancement du processus de ces primaires est prévu pour le printemps 2011 avec désignation du candidat socialiste qui va affronter Nicolas Sarkozy à l'automne de la même année. Arnaud Montebourg, chargé de la rénovation au sein du PS, partait d'un simple constat. Depuis la retraite de Lionel Jospin, la question du leadership demeure un handicap béant à la tête des socialistes. Le jeu classique des appareils et des courants au sein du PS, n'ayant réussi qu'à les anesthésier en montrant davantage leurs divergences, l'idée de lancer des primaires à gauche peut avoir un effet régénérateur au sein d'une base militante menacée par la désaffection et la perte de repères. Arnaud Montebourg, un des nombreux beaux gosses stylés et narcissiques du PS, n'est pas à son premier coup d'éclat. Lors de la récente présidentielle, il avait été celui qui, par calcul électoraliste ou maladresse adolescente, a donné le coup de grâce au couple Ségolène Royal et François Hollande en déclarant sur un ton mi figue mi raisin que «Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut, c'est son compagnon» François Hollande, alors premier secrétaire du PS. Arnaud Montebourg s'est fait un nom et une griffe par ses légendaires diatribes contre les paradis fiscaux, la corruption, le statut pénal du chef de l'Etat et la cinquième République au point de se faire appeler dans la presse par le sobriquet de «l'accusateur public». Après le triomphe de Nicolas Sarkozy et les débâcles successifs des socialistes, Arnaud Montebourg avait concentré son combat sur la naissance d'une sixième République qui verrait les pouvoirs excessifs du président de la République rééquilibrés au profit d'un Premier ministre mieux contrôlé par le Parlement. Entre-temps, il avait tenté de chiper à Jean-Marc Ayrault, la présidence du groupe PS à l'Assemblée. Sans grands succès mais avec beaucoup de dommages collatéraux. De mère algérienne, Leila Ould Cadi, professeur d'espagnol, Arnaud Montebourg, âgé de 47 ans, est un connaisseur du Maroc. Bien avant de se lancer dans la politique et alors qu'il était jeune et ambitieux avocat, il avait eu l'occasion, en 1996, de défendre devant le palais de justice à Paris, les jeunes Beurs réunis sous ce qui était connu sous le nom du «réseau Rachid» et qui étaient impliqués dans les attentats terroristes qui avaient frappé l'hôtel Atlas Asni à Marrakech.