Six mois après sa retraite, l'ancien président français, Jacques Chirac, attire les projecteurs, mais pas autant que star. Il est poursuivi pour détournement de fonds publics dans la mairie de Paris. Même si ce cas était inscrit dans un agenda judiciaire bien connu, la mise en examen de l'ancien président de la République Jacques Chirac, pour détournement de fonds publics dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, a eu un écho retentissant. Non seulement elle a obligé l'ensemble de la classe politique française à prendre position, mais les différentes réactions qui on été exprimées traduisent l'embarras et la gêne, lesquels tracent le contour d'une nouvelle configuration politique. Six mois après sa mise à la retraite, Jacques Chirac revient avec fracas sur le devant de la scène judiciaire. Depuis le début, il ne se faisait rappeler au bon souvenir de l'actualité qu'à travers sa vie de mystérieuse et néanmoins paisible vie de retraité, ses vacances au Maroc, son appartement sur la Quai Voltaire gracieusement prêté par la famille Hariri, ou en étant un dommage collatéral extrêmement visible de l'affaire Clearstream dans laquelle se débat son ancien Premier ministre Dominique De Villepin. Depuis quelques jours, il avait fait son retour sur la scène politique en intégrant le Conseil constitutionnel dont il est , de par sa fonction d'ancien président de la République, membre de droit. Le Conseil est présidé par l'anti-Sarkozy épidermique, Jean Louis Debré. De nombreux observateurs avaient prévenu que le Conseil constitutionnel, sous l'impulsion de Jacques Chirac, ne se transforme en dernier îlot d'opposition et de résistance aux projets de reformes de Nicolas Sarkozy. Le «oui mais» crânement opposé à la loi Hortefeux sur l'immigration qui propose le recours au test ADN, préfigurait que la vie au Conseil constitutionnel ne sera pas un long fleuve tranquille pour l'actuel locataire de l'Elysée. La mise en examen de Jacques Chirac a résonné comme un tonnerre inattendu. Les multiples réactions qui l'ont accompagné révèlent un mélange de joie souterraine revancharde, d'indifférence et de malaise. Une des plus significatives fut celle exprimée par le député socialiste Arnaud Montebourg. Cet avocat, proche de Ségolène Royal, s'était longtemps fait remarqué dans l'hémicycle pendant l'ancienne législature, en demandant publiquement que le chef de l'Etat de l'époque soit poursuivi pour les méfaits qui lui sont reproché. Par son activisme forcené sur le sujet, il avait participé à lancer et à nourrir le débat sur le statut pénal du chef de l'Etat qui bénéficie actuellement à Nicolas Sarkozy. Voilà ce que dit aujourd'hui Arnaud Montebourg qui avait longtemps lancé des pugilats contre Jacques Chirac : «Aujourd'hui c'est bien tard de s'en prendre à un homme âgé, avec des problèmes de santé et qui d'ailleurs est retiré de la vie publique, même si le principe de la justice ne doit souffrir aucune exception». De l'autre côté de la scène politique, le leader de l'extrême gauche Jean Marie Le Pen, qui ne rate aucune occasion pour complimenter Nicolas Sarkozy, poursuit Jacques Chirac d'une haine recuite aux meilleurs fourneaux : «Une fois encore, l'image de la France est salie par celui dont la fonction était de la valoriser (…) La malédiction Chirac est décidément interminable». A droite, l'UMP, héritier du RPR créé par Jacques Chirac, cherche les mots et les formules pour prendre la distance indispensable et politiquement réglementaire. L'exemple le plus parlant est celui de Jean François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale que certains avait l'habitude d'appeler «pitbull de Juppé» alors que lui préférait se présenter comme un «baby-Chirac». Jean François Copé illustre cette catégorie de personnage envahi par le malaise mais difficilement noyé par les scrupules : «Je n'ai pas de commentaire particulier à faire. J'ai pour principe de ne jamais commenter ni le fond ni les procédures pénales ni les décisions de justice». Et tandis que les socialistes se sont drapés dans un : «je ne veux pas faire de polémique inutile. Je fais confiance à la justice» de François Hollande, les seuls qui ont pris la défense de Jacques Chirac appartiennent à la minuscule mouvance de Dominique De Villepin qui affiche cette argumentation basée sur le constat d'«un très grand décalage entre le chef d'accusation qui est retenu - détournement de fonds publics - et la réalité où il n'y a manifestement aucun enrichissement personnel». Tandis que le député de la Drôme Hervé Mariton reflète l'atmosphère générale de ses amis : «il y a une espèce d'oblitération des années et du bilan des années Chirac. Je grogne depuis des semaines sur cette ingratitude, qui éclate».