Hicham Berrada, 1er Vice-président de palmeraie Holding L'Observateur du Maroc. Beaucoup de choses ont été dites à propos du marché de l'immobilier. Pouvez-vous nous présenter votre perception du secteur actuellement ? Hicham BERRADA. Nous considérons que le secteur immobilier en est à ses balbutiements dans notre pays, que ce soit en termes de savoir-faire ou de diversité de produits. La tendance aujourd'hui est une professionnalisation et une spécialisation croissantes des divers métiers qui composent le secteur. Les composantes mêmes de l'investissement et du financement du secteur évolueront forcément à certains degrés vers les pratiques des pays plus expérimentés L'immobilier de luxe a connu un véritable décollage ces dernières années. Estimez-vous que ce boom pourrait se poursuivre ? Pourquoi ? L'immobilier de luxe a connu effectivement une phase d'euphorie importante voire excessive jusqu'en 2008, et la crise internationale est venue ramener le secteur en douceur vers ses fondamentaux, à savoir des produits adéquats et des acheteurs rationnels sans passer par l'éclatement d'une bulle qui pouvait se former, et en soi, c'est une bonne chose. Néanmoins au-delà des cycles et des conjonctures, le Maroc est en train de connaître un développement important du secteur touristique et de sa population urbaine, avec des viviers importants d'entrepreneurs, de cadres, de professions libérales… Ceci laisse à penser que l'immobilier de luxe, résidences principales comme secondaires, a de beaux jours devant lui. Le système financier a contribué au développement immobilier mais accuse une certaine contraction, comment expliquer ce revirement ? Le système financier marocain se portait bien au moment de la crise grâce à des règles prudentielles rigoureusement suivies sur son exposition à l'international mais également, disons-le, parce que le timing de la crise a évité aux banques, notamment, la tentation de suivre de manière excessive le phénomène d'euphorie qui prévalait alors. Les banques ont aujourd'hui la volonté de financer notre secteur tant que les projets proposés suivent une logique économique rationnelle. Il ne s'agit donc pas d'une contraction en tant que telle mais d'un retour aux fondamentaux en matière de gestion prudentielle. Evidemment il ne faut pas tomber dans l'excès inverse et après une période d'ajustement, les banques reviennent progressivement vers des financements «normatifs» pour le secteur. Quel est votre apport en matière de logement social et moyen standing? Notre apport est lié à notre culture de la qualité qui anime le groupe depuis sa création il y a 40 ans. Tout en nous adaptant aux spécificités de l'immobilier social et moyen standing depuis une dizaine d'années, nous nous appuyons fortement sur nos valeurs acquises dans l'immobilier de luxe, à savoir qualité et innovation. En ce sens, les projets qui portent la signature du Label Espaces Saada s'efforcent de proposer un cadre de vie global : espaces verts, écoles, commerces de proximité, sites agréables où il fait bon vivre. Quelles sont les perspectives pour ces deux marchés ? Le mot d'ordre aujourd'hui est la réduction du déficit en logements et l'attention est principalement portée sur le logement social. Cependant nous voyons de plus en plus émerger une classe moyenne avec de fortes aspirations en matière de qualité et de bien-être qui amènent à penser que le moyen standing est un segment d'avenir qui va connaître son apogée à la fin de cette décennie, une fois la résorption du déficit de logements sociaux acquise. Cela voudra dire que le Maroc aura rempli ses objectifs en matière de développement humain et économique, ce que nous souhaitons tous pour notre pays. La dernière augmentation de capital de votre société Dar Saada renforce cette dernière et indique qu'elle se développe davantage. A quoi sera dédiée cette nouvelle ressource ? Résidences Dar Saada est notre société dédiée à l'immobilier social et moyen standing qui commercialise sous la marque «Espaces Saada». Suite à sa création au début des années 2000 et à une décennie très satisfaisante en termes de réalisations, de résultats et d'acquisition de notoriété, nous avons décidé de donner une impulsion décisive aux capacités d'investissement de cette filiale pour répondre pleinement aux ambitions du groupe dans ce segment. Ceci nous a amené à réaliser une augmentation de capital dont les objectifs sont d'une part d'augmenter de manière significative la réserve foncière de la société et sa cadence de production de logements, d'autre part de bénéficier d'un tour de table institutionnel de qualité et diversifié, mais également de participer de manière encore plus active à la réduction du déficit en logements et à la lutte contre l'habitat insalubre. L'opération a été réalisée début mars 2011 et a porté sur un montant total de 1.1 milliard de dirhams avec la participation des investisseurs de renom que sont Aabar Investments, Idraj sca, North Africa Holding Company, Rma Watanya et Wafa Assurances.