L'ong espagnole FOCASA (Forum canario-sahraoui) vient d'interpeller le Parlement européen au sujet du détournement massif par le polisario de l'aide humanitaire destinée aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf en Algérie et qui a fait l'objet en 2015 d'un rapport de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF). Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen et dont la MAP a eu copie, FOCASA appelle à ériger le recensement des populations des camps de Tindouf en condition indispensable à l'octroi de l'aide européenne. Il s'agit, relève l'Ong espagnole, « à la fois d'une exigence de bon sens et d'une obligation morale vis à vis de ces populations. C'est surtout une exigence des Nations Unies, du Parlement européen (Résolution du 29 avril 2015, dans le cadre du vote de la décharge pour l'exécution du budget 2013 par la commission +Contrôle budgétaire +/ Rapport Grässle, doc A8-0101/2015) et de la communauté Internationale dans son ensemble ». FOCASA rappelle que l'OLAF avait souligné que le non recensement des populations des camps de Tindouf était la principale cause de ces détournements qui ont permis à des responsables du polisario de s'enrichir frauduleusement par l'achat de biens immobiliers en Europe et en s'offrant des troupeaux de chameaux en Algérie, et ce depuis plus de trente ans. « La multiplication exponentielle du nombre de réfugiés dans le monde – et la difficulté croissante, de ce fait, pour l'Union européenne de faire face à la prise en charge de ces populations déplacées – rend indispensable pour tous les opérateurs publics d'optimiser l'allocation des ressources », estime encore la même source. Et d'ajouter que le rapport de l'OLAF, rendu public en 2015, montre que « le laxisme a prévalu durablement dans l'appui à ces populations sahraouies ». FOCASA a appelé aussi la présidente de la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen à soulever à nouveau ce point sensible lors de la session plénière du 8 juillet prochain où l'OLAF sera présent. Le détournement de l'aide humanitaire par le polisario a été dénoncé à maintes reprises par des organismes internationaux. En 2005, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait procédé à une mission d'inspection en Algérie qui avait révélé diverses irrégularités dans l'acheminement de l'aide humanitaire destinée à la population de Tindouf et a décidé de réduire sensiblement son aide qui était auparavant basée sur des estimations erronées du nombre des personnes dans les camps. Suite aux mêmes révélations, le HCR avait, lui aussi, réduit ses aides et exigé des autorités algériennes un recensement immédiat des populations de Tindouf.(MAP)