De New York à Genève, en passant par Paris, Londres et Madrid, le détournement de l'aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf reste impunément sans suites et l'Union européenne n'a toujours pas pris de mesures pour justifier le gouffre financier de plusieurs dizaines de millions d'euros dilapidés par les mercenaires du polisario, aidés en cela par l'Algérie. A chaque passage devant la commission de contrôle budgétaire du parlement européen, les instances exécutives de l'UE sont interpelées sur ces détournements qui constituent un affront pour les séparatistes du polisario et leur soutien en Algérie et dénotent un manque de vigilance flagrant de la part de l'UE tel que révélé par l'Office européen de lutte antifraude (OLAF). Le détournement de l'aide humanitaire européenne par le polisario sera une nouvelle fois à l'ordre du jour de la commission de contrôle budgétaire du parlement européen, jeudi à Strasbourg, dans le cadre d'un échange de vues entre les eurodéputés et la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Plusieurs eurodéputés n'acceptent pas que la Commission européenne fasse l'impasse sur cette affaire. La énième interpellation de Mme Mogherini sur le détournement de l'aide humanitaire sera faite avant que la commission de contrôle parlementaire ne lui délivre la décharge budgétaire des dépenses engagées au titre du budget de 2014. L'exécutif européen, rappelle-t-on, attribue chaque année et depuis 1991 une aide humanitaire de 10 millions d'euros censée parvenir aux populations des camps. Il reste le principal donateur d'aide humanitaire dans les camps avec plus de 40 pc de la réponse internationale globale. La réunion de la commission parlementaire de contrôle budgétaire, qui se tiendra en présence des représentants de la Cour des comptes européenne, est une nouvelle occasion pour les députés européens de demander quelles suites réserve la Commission européenne au rapport de l'OLAF sur les détournements massifs de l'aide humanitaire par le polisario et qui se chiffrent à des dizaines de millions d'euros. Pour le député européen, Gilles Pargneaux, ce détournement massif de l'aide humanitaire européenne par le polisario dévoilé au grand jour par l'OLAF ne saurait rester sans suite. Le parlement européen demandera à chaque fois des éclaircissements à la commission européenne sur la destinée de l'argent du contribuable européen et sur les suites à donner au rapport de l'OLAF, a-t-il expliqué à la MAP, ajoutant que l'exécutif européen ne saurait minimiser l'impact de ces détournements massifs sur le budget de l'UE, et partant vider l'enquête de l'OLAF de sa substance. La Commission européenne se présente devant le parlement pour demander la décharge des dépenses des budgets précédents. Elle devra naturellement expliquer aux députés ses engagements budgétaires et les mesures qu'elle prend pour assurer le bon usage de l'argent mis à sa disposition, a ajouté le député européen. Le rapport accablant de l'OLAF souligne, en effet, que des quantités diverses de l'assistance financée par la Commission européenne sont détournées de leurs destinataires depuis plusieurs années. Ce document précise que la distribution de l'aide alimentaire est planifiée sur la base des instructions établies par une cellule de coordination qui se réunit chaque mois à Alger. *** Mogherini en faveur d'un recensement des populations de Tindouf La haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini s'est prononcée, jeudi à Strasbourg, en faveur de la tenue d'un recensement des populations des camps de Tindouf. Interpellée par l'eurodéputé socialiste Gilles Pargneaux, lors d'une réunion de la Commission de contrôle budgétaire du Parlement européen en allusion au détournement de l'aide humanitaire par le polisario au titre de la décharge du budget 2013, sur la nécessité d'un recensement dans les camps de Tindouf, Mme Mogherini a consenti qu'il y "avait eu effectivement des problèmes". La vice-présidente de la commission européenne, qui a dit souhaiter répondre à cette question plutôt en plénière ou dans le cadre de la Commission des affaires étrangères, a indiqué "qu'il va falloir effectuer un recensement" dans les camps. La commission européenne, rappelle-t-on, attribue chaque année et depuis 1991 une aide humanitaire de 10 millions d'euros censée parvenir aux populations des camps de Tindouf. Le rapport de l'OLAF, dévoilé en 2015, souligne en effet que des quantités diverses de l'assistance financée par la Commission européenne sont détournées de leurs destinataires depuis plusieurs années par le polisario. Ce document précise que la distribution de l'aide alimentaire est planifiée sur la base des instructions établies par une cellule de coordination qui se réunit chaque mois à Alger. Il précise que l'une des causes de ce trafic à grande échelle est le manque de visibilité quant au nombre exact des bénéficiaires car jamais un recensementde la population des camps n'a été organisé.