‘Pour son nouveau spectacle, Miz hésite entre « Second degré » ou « Miz Amour ». Un One man show délirant où l'humoriste nous revient plus déjanté mais aussi plus mature que jamais.' Après avoir conquis le coeur des parisiens, Miz revient au Maroc avec un programme chargé pour 2015. Un nouveau spectacle « politisé », un projet de web tv et une pièce de théâtre sur le choc des cultures. Rencontre avec celui qui se définit comme un « clown triste extrêmement sensible ». L'Observateur du Maroc : Vous allez bientôt vous produire à Casa (Megarama) et Rabat (Théâtre Med V). De quoi s'agit-il ? MIZ : J'ai envie de sortir de l'ordinaire, l'humour facile ne m'emballe plus. J'ai envie de politiser un peu mon spectacle, genre faire un sketch de débat politique. J'ai envie de montrer comment je vois la politique au Maroc et je vais essayer de l'aborder d'une manière constructive, critique et drôle. Les dernières inondations du sud et la façon dont le problème a été géré est un exemple qui m'interpelle. J'ai envie de hausser le niveau et pour se démarquer des autres, il faut parler de sujets qui n'ont pas été abordés. Le Marocain veut qu'on parle de sa sexualité mais sans pour autant percuter son esprit ni être vulgaire sur scène, j'ai envie de parler d'harcèlement sexuel, d'adultère et d'alcool. Vous basculez vers un humour plus engagé? J'ai mon avis politique, mais je n'ai pas d'appartenance politique. Il y a des choses qui doivent changer et qui changent. On a un roi qui est jeune, dynamique, qui aime les jeunes, et qui a fait beaucoup de choses à ce jour, mais tout seul, il ne peut pas y arriver. Il a besoin des bonnes personnes aux bons endroits. Grâce à internet, beaucoup de choses ont changé, on a dénoncé la corruption à travers Youtube et ça a marché. Il y a un remaniement qui se met en place et je pense que ça va être le bon. Quelle est votre vision de la politique au Maroc? On a une politique complètement paumée et un homme qui se contredit énormément. D'ailleurs, comme beaucoup de gens, j'ai été déçu, du coup, je ne lui fais plus confiance. Si les gens ont voté PJD, c'est qu'ils avaient vu que leur programme était sérieux et qu'ils allaient défendre les marocains dans le besoin; aujourd'hui, ces derniers n'ont même pas les moyens de payer une facture d'électricité. Même la classe moyenne est en train de disparaître et les arguments de Benkirane ne sont pas crédibles. Est ce qu'il a inspiré votre spectacle? Oui. Cela dit, je ne vais ni l'agresser ni le blesser, je vais critiquer un peu sa politique. Miz est devenu un peu mature? Oui, c'est un spectacle de maturité. Ma vision des choses a changé, j'ai 31 ans, d'ailleurs, je vais parler de la crise de la trentaine. Ça sera interdit au – de 18 ans et aux gens coincés, d'ailleurs, il n'y pas a mieux que Allal Qadouss pour les décoincer. C'est un des personnages du spectacle? Bien sûr, c'est un héros, il a sauvé tout un quartier, et d'une manière spectaculaire, j'adore les gens qui sont vrais. Dans la vie, pour réussir, on a besoin de sincérité et de force de persuasion. Miz a-t-il une ligne rouge à ne pas franchir ? Je veux me lâcher complètement, et je n'ai pas de ligne rouge. Quand tu parles de la sexualité marocaine, ce n'est pas une ligne rouge, aujourd'hui, on a des émissions radio où les gens parlent ouvertement de leurs problèmes sexuels. Le marocain est prêt pour aborder des sujets, comme la politique, la religion, Daesh,... Justement, vous pensez quoi de Daesh ? C'est le même scénario qu'Al Qaeda mais en plus méchant. Je pense que le désespoir et la pauvreté poussent les gens à aller vers Daech et à devenir des extrémistes, c'est plus un signe de désespoir qu'une conviction politique. Je suis contre l'expression : islam modéré, l'Islam est une religion de paix, pas une religion sanguinaire, le prophète a bien reçu chez lui un rabbin et un curé. Il y a des imbéciles qui se servent de la religion pour des intérêts politiques et économiques. C'est un peu un retour en force ? Pour ce spectacle, j'ai appris de mes erreurs. J'ai été affecté par la mauvaise foi et le non professionnalisme de certains producteurs. Ce sont des tourneurs qui te promettent la gloire et une fois, ils empochent l'argent, ils te lâchent. L'Etat doit protéger l'artiste pour que producteurs, managers et artistes soient accrédités par l'Etat. Vous ne vouliez pourtant plus remonter sur scène au Maroc ? Oui parce que ça ne sert à rien. C'est aberrant qu'un spectacle se limite à 12 dates, et qu'au 10e passage, tu penses à écrire un nouveau spectacle. En France, un spectacle peut durer quatre ans. Je préfère roder mon spectacle dans des petites salles devant un public réduit et avoir plusieurs dates, avant de me produire dans une grande salle. Ca va me permettre de me perfectionner. Justement, il n'y a pas de rodage au Maroc. Non, l'artiste marocain écrit le spectacle, le répète, le met en scène et le joue direct au Mégarama, juste parce qu'il est passé 30 fois à la télé et qu'il a 100 000 fans sur sa page web, c'est un piège. Arthur, un animateur français célèbre, avant de jouer à l'Olympia, il est passé par de petites salles. Moi, j'ai brûlé beaucoup d'étapes et aujourd'hui, je veux prendre mon temps pour tester chaque millimètre de mon spectacle. Vos projets? Ici, je ne suis pas épanoui artistiquement, j'ai envie de déconner, la télé ne te le permet, les annonceurs non plus. J'ai décidé donc d'installer un esprit de déconne intelligente via une web tv à la commande adressée principalement aux jeunes, qui sera lancée en mars 2015. Un espace où on parle de politique en déconnant; nous, les marocains, on prend tout au 1er degré. Un projet théâtral avec Mouna Fettou? Oui et Badia Senhadji. C'est une pièce qui m'a emballé et que je vais produire. Elle parle des chocs de culture et elle est porteuse de messages politiques. Sa sortie est prévue pour le mois de ramadan prochain