Revue de détail, après tout, les artistes aiment qu'on les regarde : joli teint accroche-lumière, barre de sourcils basse, sourire blanc et yeux noirs. Un vrai physique de comédien. Ça tombe bien, car à part jouer sur scène, Miz (Hamza de son vrai nom) ne veut absolument rien faire d'autre. «Vous savez, j'ai tout plaqué pour faire ça... J'ai trimé pour pouvoir réaliser mon premier spectacle». Cinq minutes en sa compagnie et on comprend vite qu'il est un vrai passionné. Son parcours le prouve, d'ailleurs. Après avoir décroché son bac au prestigieux lycée militaire de Kénitra, Miz entame des études en marketing touristique et en architecture d'intérieur. «Ce n'est pas vraiment ce que je voulais faire. Mes parents étaient contre l'idée que je fasse des études de théâtre ou d'art», se rappelle-t-il amèrement. Miz se voit donc dans l'obligation de laisser tomber son rêve d'enfance. «C'est vrai que c'était frustrant pour moi, mais c'est grâce à mon job dans le tourisme que j'ai réussi à monter mon spectacle. J'ai économisé de l'argent pendant plus de trois ans, pour y arriver». Une affaire classée pour Miz, qui arrive aujourd'hui à bien gagner sa vie grâce à son travail d'humoriste. Avec sa propre boîte de production, un metteur en scène pour son spectacle - qui n'est autre que le talentueux Mohamed Zouhir - Miz met le paquet en faisant les choses dans les règles de l'art. «Nous n'avons aucune structure qui contribue au développement de l'art et de la culture dans notre pays. Je trouve cela vraiment honteux. Il faut révolutionner tout cela». Comment faire ? Descendre dans la rue pour revendiquer une stratégie politique claire du secteur culturel dans notre pays ? Miz répond très vite : «Je n'ai pas besoin de descendre dans la rue. J'en parle dans mes spectacles et surtout avec les médias. Je pense que c'est le seul moyen pour ouvrir le débat par rapport à cette problématique». Vivement la démocratisation de la darija ! Invité de Jamel Debbouze durant la première édition du festival du rire qui se tient depuis mercredi à Marrakech, Miz évoque dans son premier spectacle «Miz en scène» plusieurs autres problèmes liés à notre société. Des sujets inspirés de situations réelles ou observés. «Je suis un grand observateur», tient-il à préciser. Auteur de ses propres textes (faute d'absence d'ateliers d'écriture au Maroc), il parle de la pauvreté, de la qualité de l'enseignement, de la relation entre les couples... Un spectacle haut en couleurs présenté il y a quelques semaines à Casablanca et bien accueilli par le public. Pourtant, Miz a préféré ne pas aborder des sujets chauds notamment, la religion, le sexe et la politique. «J'ai parlé du sexe par exemple, mais d'une manière très implicite. Il ne faut oublier que je viens de faire mes premiers pas dans le domaine. Je préfère plutôt me faire une place, voir la réaction du public qui découvre avec moi un nouveau style et attaquer par la suite ces sujets. D'ailleurs, je parlerai de la place du sexe dans notre société dans mon prochain spectacle». Toutefois, ce jeune humoriste de 28 ans qui rejette complètement le mot «autocensure», nous affirme qu'il ne parlera jamais de la politique. «Elle ne m'a jamais intéressée... Je n'en parlerai jamais». On l'a bien compris, Miz préfère plutôt mettre l'accent sur l'hypocrisie de notre société. Le tout en français et en darija. Un choix adopté depuis longtemps par le jeune artiste. «Je suis issu de l'école marocaine, contrairement à ce que certains pensent. Si j'ai choisi de présenter mon spectacle en français et en darija, c'est parce que nous parlons ces deux langues dans notre vie quotidienne. Mon rêve demeure de jouer un spectacle entièrement en darija, qui reste malheureusement sous-estimée. Je pense que mon rêve se réalisera après la démocratisation et pourquoi pas la constitutionnalisation de notre darija». Une bête de scène Véritable bête de scène, Miz danse, chante et surtout associe son public à son show. «J'ai toujours pensé que le Maroc est une scène et que nous les Marocains, sommes de bons comédiens». C'est la raison pour laquelle il fait appel au public pour participer au spectacle. «Ils ne sont pas là pour applaudir, mais pour vivre un vrai moment de joie. Nous avons besoin de spectacles drôles, vu que nos télés nous dépriment». Très à l'aise sur scène, Miz est en train donc de savourer le succès de «Miz en scène» présenté hier soir à Marrakech. Une raison pour avoir la grosse tête ? «Je ne le pense pas. Vous savez, ce n'est pas le comédien qui fait la star, mais plutôt le public. Je ne pense pas que je prendrai un jour la grosse tête, puisque je n'ai pas choisi ce métier pour être sous les projecteurs, mais plutôt par passion». Nous vous l'avons bien dit, Miz est un vrai passionné ! Biographie 1983 : Naissance à Casablanca, dans une famille originaire de Fès. 2001 : Obtient son baccalauréat au lycée militaire de Kénitra, où il découvre le théâtre. 2011 : Présente son premier spectacle «Miz en scène» à Casablanca. 2011 : Participe à la première édition du festival du rire de Marrakech.