George Mitchell, lémissaire américain au Proche-Orient, est, une nouvelle fois, rentré bredouille de sa tournée en Palestine la semaine passée. Il a pourtant multiplié les navettes entre Ramallah et Jérusalem avec pour objectif dobtenir des Palestiniens quils retournent, sans contrepartie, à la table des négociations avec Israël. Dans sa besace, George Mitchell avait, ce quil a présenté comme un «nouveau plan» américain. En Cisjordanie occupée, Israël devrait cesser ses opérations militaires en «zone A» (officiellement sous contrôle sécuritaire et administratif palestinien) ; il se retirerait militairement de certaines parties de la «zone B» (contrôle administratif palestinien et sécuritaire israélien) ; lAutorité palestinienne serait aussi autorisée à opérer en «zone C» (contrôle sécuritaire et administratif israélien). Parallèlement, lEtat hébreu libérerait des prisonniers palestiniens, allégerait le blocus de la bande de Gaza en autorisant limportation de matériaux pour la reconstruction des habitations détruites pendant la guerre israélienne de décembre 2008-janvier 2009, et transférerait chaque mois les taxes douanières et fiscales dues à lAutorité palestinienne. «On peut examiner ces questions lors dune rencontre formelle avec le président palestinien avant de les annoncer» a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Une manière den repousser lannonce aux calendres grecques. Car Mahmoud Abbas précisait, lui, quIsraël devait dabord, avant toute discussion, mettre en application ces idées qui relèvent des obligations israéliennes négociées depuis longtemps. On tourne en rond. Pour tenter de sortir de limpasse, Washington veut proposer que les discussions reprennent dabord à un niveau inférieur : entre les Premiers ministres Salam Fayyad et Ehud Barak dune part, et les négociateurs traditionnels, Saëb Erekat et Uzi Arad, le conseiller diplomatique de Netanyahou, dautre part. En fait, nul ne croit vraiment en Israël ou en Palestine que ces «nouvelles vieilles» idées puissent débloquer la situation. « Il est temps de changer de méthode », affirmait récemment Robert Malley, lancien conseiller de Bill Clinton pour le Proche-Orient, dans une chronique du Monde. Mais que faire ? Persévérer à croire que la solution viendra des négociations bilatérales entre Israël et les Palestiniens est un mythe tant que la volonté politique daboutir nexiste pas chez les deux partenaires. Or elle ne fait pas partie du programme de léquipe au pouvoir en Israël pour des raisons politique et idéologique. Son refus réitéré, depuis 1948, de délimiter les frontières dun Etat israélien en est une des preuves. Pour les partis de droite - et même au-delà - le grignotage répété des terres palestiniennes en Cisjordanie via la construction des colonies, et de la Jérusalem-Est arabe, via les expulsions des Palestiniens et les destructions de leurs maisons, vise à repousser vers lEst, les frontières israéliennes de 1967 (acceptées par la communauté internationale) en direction du Jourdain. Du côté palestinien, si Mahmoud Abbas est désireux de parvenir à la création dun Etat dans les frontières de 67, il ne peut considérer quil représente tous les Palestiniens et toute la Palestine. Il lui faut aussi parvenir à une réconciliation avec le Hamas à Gaza. Dans limmédiat, ni le Fatah, ni les Américains, ni les Israéliens en veulent.