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Palestine Le coup d’épée dans l’eau des Américains
Publié dans L'observateur du Maroc le 08 - 02 - 2010

George Mitchell, l’émissaire américain au Proche-Orient, est, une nouvelle fois, rentré bredouille de sa tournée en Palestine la semaine passée. Il a pourtant multiplié les navettes entre Ramallah et Jérusalem avec pour objectif d’obtenir des Palestiniens qu’ils retournent, sans contrepartie, à la table des négociations avec Israël.
Dans sa besace, George Mitchell avait, ce qu’il a présenté comme un «nouveau plan» américain. En Cisjordanie occupée, Israël devrait cesser ses opérations militaires en «zone A» (officiellement sous contrôle sécuritaire et administratif palestinien) ; il se retirerait militairement de certaines parties de la «zone B» (contrôle administratif palestinien et sécuritaire israélien) ; l’Autorité palestinienne serait aussi autorisée à opérer en «zone C» (contrôle sécuritaire et administratif israélien). Parallèlement, l’Etat hébreu libérerait des prisonniers palestiniens, allégerait le blocus de la bande de Gaza en autorisant l’importation de matériaux pour la reconstruction des habitations détruites pendant la guerre israélienne de décembre 2008-janvier 2009, et transférerait chaque mois les taxes douanières et fiscales dues à l’Autorité palestinienne.
«On peut examiner ces questions lors d’une rencontre formelle avec le président palestinien avant de les annoncer» a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Une manière d’en repousser l’annonce aux calendres grecques. Car Mahmoud Abbas précisait, lui, qu’Israël devait d’abord, avant toute discussion, mettre en application ces idées qui relèvent des obligations israéliennes négociées depuis longtemps.
On tourne en rond. Pour tenter de sortir de l’impasse, Washington veut proposer que les discussions reprennent d’abord à un niveau inférieur : entre les Premiers ministres Salam Fayyad et Ehud Barak d’une part, et les négociateurs traditionnels, Saëb Erekat et Uzi Arad, le conseiller diplomatique de Netanyahou, d’autre part.
En fait, nul ne croit vraiment en Israël ou en Palestine que ces «nouvelles vieilles» idées puissent débloquer la situation. « Il est temps de changer de méthode », affirmait récemment Robert Malley, l’ancien conseiller de Bill Clinton pour le Proche-Orient, dans une chronique du Monde. Mais que faire ?
Persévérer à croire que la solution viendra des négociations bilatérales entre Israël et les Palestiniens est un mythe tant que la volonté politique d’aboutir n’existe pas chez les deux partenaires. Or elle ne fait pas partie du programme de l’équipe au pouvoir en Israël pour des raisons politique et idéologique. Son refus réitéré, depuis 1948, de délimiter les frontières d’un Etat israélien en est une des preuves. Pour les partis de droite - et même au-delà - le grignotage répété des terres palestiniennes en Cisjordanie via la construction des colonies, et de la Jérusalem-Est arabe, via les expulsions des Palestiniens et les destructions de leurs maisons, vise à repousser vers l’Est, les frontières israéliennes de 1967 (acceptées par la communauté internationale) en direction du Jourdain. Du côté palestinien, si Mahmoud Abbas est désireux de parvenir à la création d’un Etat dans les frontières de 67, il ne peut considérer qu’il représente tous les Palestiniens et toute la Palestine. Il lui faut aussi parvenir à une réconciliation avec le Hamas à Gaza. Dans l’immédiat, ni le Fatah, ni les Américains, ni les Israéliens en veulent.


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