Le vote en commission d'un projet de loi n'a été possible qu'après un arrangement, unique dans les annales des démocraties, entre la majorité et l'opposition. Les élus de celle-ci ont quitté la salle, permettant aux rares députés de la majorité, 8 au total, de voter le texte. Il ne faut pas jouer les surpris à chaque élection face au taux de participation et à l'abstention record. Les institutions élues n'ont aucune crédibilité et les élus eux-mêmes y sont pour l'essentiel. Ce ne sont pas les prérogatives constitutionnelles qui sont en jeu, mais le sérieux, l'implication et le respect du mandat populaire. Par ailleurs, l'on apprend que la ministre de la santé subit un véritable chantage de la part d'un groupe de parlementaires de l'Istiqlal, qui menacent de voter contre le budget de son département, pour des raisons liées aux dernières nominations de délégués et au fait qu'elle ait « oublié » leurs protégés. Le discrédit touche aussi le fonctionnement de la majorité. Abbas El Fassi n'est le chef de rien du tout. Des partis gouvernementaux sont dans des alliances avec des partis de l'opposition. Les partis eux-mêmes n'ont plus de contrôle ni sur leur groupes parlementaires, ni sur leurs ministres. L'action du gouvernement en subit le contre coup. Chaque ministre défend « sa » stratégie. La solidarité gouvernementale ne faisant pas partie du lexique, les ministres sont ultra-critiques sur leurs collègues dès qu'ils sont invités à un débat. Tout ceci aurait pu susciter un débat dans l'illusion qu'une réaction de la primature pourrait réunifier la majorité et relancer le gouvernement à la conquête de l'opinion publique. Or de débat il n'y en a point. Tout se passe comme si les Marocains avaient abdiqué toute attente de l'exécutif. Sur le plan politique tout au moins. L'actualité démontre que nous avons besoin d'institutions fortes, capables de défendre les intérêts du pays, de mobiliser les citoyens quand ceux-ci sont en jeu et d'expliquer son action de manière audible. Ceci n'est possible que si la crédibilité de toutes les institutions est rétablie. Le parlement est le lieu où s'exprime la représentation nationale, les débats qui secouent la société doivent s'y retrouver. Il est clair qu'une décision draconienne doit mettre au pas les eternels absentéistes qui n'utilisent leur statut d'élu que pour faire du lobbying. Sinon en 2012 c'est la catastrophe assurée.