Renault Group et Nissan vient d'annoncer une série de projets stratégiques dans le but de faire évoluer en profondeur leur coopération industrielle. Objectif de cette alliance : une volonté commune de gagner en souplesse, en efficacité, tout en préservant les liens qui unissent les deux constructeurs depuis plus de deux décennies. « Partenaire long terme de Nissan au sein de l'Alliance et principal actionnaire, Renault Group a un fort intérêt à voir Nissan redresser sa performance le plus rapidement possible. Dans un esprit pragmatique et orienté vers le business, nous avons discuté des solutions les plus efficaces pour soutenir son plan de redressement et développer des opportunités créatrices de valeur pour Renault Group. Cet accord-cadre, bénéfique pour les deux parties, démontre l'état d'esprit agile et efficient de la nouvelle Alliance. Il confirme l'attractivité de nos produits avec Twingo ainsi que notre volonté de faire croître notre activité sur les marchés internationaux. L'Inde est un marché clé pour l'automobile et Renault Group va y déployer un écosystème et une organisation industrielle efficaces », a déclaré Luca de Meo, CEO de Renault Group. La mesure principale de cet accord concerne ainsi l'Inde, un marché clé pour les deux groupes. Renault va acquérir l'intégralité du capital de Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL), jusqu'ici détenue à 51% par Nissan. L'usine de Chennai, qui assemble actuellement des véhicules pour les deux marques et dispose d'une capacité de production de plus de 400.000 unités par an, passera donc sous contrôle total de Renault. Cette transaction, attendue pour la fin du premier semestre 2025, permettra au groupe français de renforcer son autonomie industrielle et commerciale sur le marché indien. «Notre but est de créer un modèle économique plus agile et efficace qui nous permettra de réagir rapidement à l'évolution des conditions de marché et de conserver les liquidités pour nos investissements futurs. Nous restons engagés sur le marché indien, avec des véhicules adaptés aux besoins des consommateurs locaux tout en garantissant des ventes et un service de premier plan pour nos clients actuels et futurs. L'Inde restera une plaque tournante pour nos équipes de recherche et de développement, nos services digitaux et autres entités d'experts. Nos projets de nouveaux SUV pour le marché indien sont toujours d'actualité et nous poursuivrons nos exportations de véhicules vers d'autres marchés dans le cadre de la stratégie opérationnelle « One Car, One World » pour l'Inde », a déclaré Ivan Espinosa, Président et CEO de Nissan. Le constructeur japonais confirme ainsi sa volonté de maintenir une présence active dans le pays. Il continuera de faire produire certains de ses modèles sur le site de Chennai, dont la Magnite, et envisage de nouveaux SUV conçus spécifiquement pour répondre aux attentes de la clientèle locale et régionale. L'Inde conservera un rôle central dans la stratégie de R&D de Nissan, à travers sa participation au Renault Nissan Technology & Business Center India (RNTBCI), que les deux groupes continueront de piloter conjointement. Ce réalignement s'inscrit dans une ambition plus large pour Renault, détaillée dans le plan « International Game Plan 2027 ». Avec la montée en puissance de la plateforme CMF-B, prévue pour 2026, quatre nouveaux modèles sont dans les tuyaux. L'usine de Chennai profitera d'un écosystème de fournisseurs déjà bien ancré et bénéficiera d'investissements importants cette année, évalués à 200 millions d'euros. Renault affirme avoir les leviers nécessaires pour compenser cet effort financier et maintenir ses objectifs annuels, notamment en matière de cash-flow. Règles de gouvernance assouplies L'accord prévoit également la poursuite de la coopération produit. Nissan a choisi Renault, via sa filiale Ampere, pour développer un véhicule urbain de segment A, conçu par ses équipes mais produit par Renault à partir de 2026. Ce dérivé de la prochaine Twingo s'inscrit dans une logique de complémentarité industrielle, où chacun conserve son identité tout en mutualisant certains moyens. Les deux marques assouplissent aussi leurs engagements réciproques sur le plan capitalistique. L'accord entérine une baisse de l'obligation de détention croisée minimale, désormais fixée à 10%, contre 15% précédemment. Ce qui donne à chacun une marge de manœuvre supplémentaire pour ajuster sa participation. En cas de cession d'actions, un droit de première offre est prévu, afin de préserver l'équilibre entre les deux parties. En même temps, Nissan se retire de l'accord d'investissement conclu en 2023 dans Ampere, sans remettre en cause les projets industriels déjà engagés. Ce retrait financier est présenté comme une mesure de souplesse dans un contexte où Nissan entend préserver ses ressources pour ses priorités stratégiques. L'ensemble des modifications prévues par cet accord devraient entrer en vigueur d'ici fin mai 2025, une fois les conditions réglementaires réunies. Les autres clauses clés du Nouvel Accord de l'Alliance resteraient inchangées, en particulier l'obligation de plafonnement des participations et des droits de vote au niveau du pourcentage d'actionnariat respectif de chacune des parties. Ceux-ci seraient, dans tous les cas, plafonnés à un maximum de 15 % des droits de votes exerçables.