Longtemps attendue et réclamée par les syndicats et les travailleurs du secteur privé, cette nouvelle mesure entre en vigueur avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2023. Présenté par Nadia Fettah, la ministre de l'Economie et des Finances, le décret n°2.25.265 porte sur la réforme de la Caisse national de sécurité sociale afin de mettre en œuvre les engagements du gouvernement en matière de protection sociale. Il fixe un montant minimum pour les pensions de vieillesse et d'invalidité versées par la CNSS. Un texte réglementaire qui s'aligne sur les dispositions de la loi n°18.96 en concrétisant les engagements du gouvernement envers ses partenaires sociaux. Rappelons que l'accès à une pension CNSS était aupravant conditionné par le cumul de 3.240 jours de cotisations au minimum, l'équivalent d'environ 11 ans de travail déclaré. À l'issue du Conseil de gouvernement, tenu le jeudi 3 avril à Rabat, Mustapha Baitas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, a précisé les nouvelles modalités : « Le texte permet désormais aux affiliés ayant accumulé entre 1.320 et 3.240 jours de cotisations de bénéficier d'une pension CNSS. C'est un progrès considérable pour des milliers de citoyens, restés longtemps « invisibles » sur les radars du système de retraite ». Le décret fixe également les contours du barème des pensions de vieillesse et d'invalidité avec une approche plus équitable dans le traitement des assurés. Ainsi des paliers ont été fixés pour définir le montant de la pension suivant le nombre des jours travaillés et cotisés. Les pensions iront de 600 dirhams pour les affiliés entre 1.320 et 1.704 jours de cotisation à 1.000 dirhams pour les bénéficiaires ayant cumulé 2.856 à 3.240 jours. Le Conseil du gouvernement a également examiné et approuvé le projet de décret-loi n° 2.25.266, modifiant certaines dispositions du dahir n° 1.72.184 du 27 juillet 1972 relatif au régime de sécurité sociale. Ce projet vise à préciser les règles de gestion du système de sécurité sociale, notamment en ce qui concerne la redistribution des cotisations et les critères d'éligibilité aux prestations. Retraite en chiffres Selon une enquête signée par le groupe Sunergia et publiée en janvier 2025, la retraite au Maroc fait face à des inégalités persistantes. Les résultats de cette enquête indiquent en effet que 59% des Marocains affirment être couverts par leur entreprise tandis que 36% ne sont pas couverts par les régimes de retraite. Les travailleurs du secteur informel restent les plus touchés par cette injustice avec 86%. L'enquête nous apprend que 5% des Marocains sont couverts de façon individuelle. Cette tendance s'affirme davantage parmi les travailleurs du secteur informel avec 10% et les retraités du secteur privé à hauteur de 13%. Concernant le plan d'épargne pour une retraite complémentaire, l'enquête révèle que 85% de ceux qui ont une retraite principale n'ont pas de plan d'épargne retraite. Pour ceux ayant un plan d'épargne retraite, leur entreprise cotise à hauteur de 10%, tandis que 4% cotisent pour eux-mêmes et 1% font une épargne personnelle sur salaire ou une épargne auprès d'une banque.