L'affaire éclate suite à un rapport des autorités locales de Nouaceur qui a été transmis au parquet. Ce rapport intervient suite à une vaste opération de contrôle ayant révélé l'utilisation des eaux usées non traitées dans l'irrigation des plantations à Ouled Saleh, province de Nouaceur relevant de la région Casablanca-Settat. Sur cette base, une intervention de terrain effectuée dans la région de Oulad Âamer a permis l'interppelation de plusieurs agriculteurs pris en flagrant délit d'irrigation illégale. Du même coup, plusieurs équipementsont été saisis notamment 20 pompes de taille moyenne, une pompe de grande capacité et 27 bonbonnes de gaz. Ces outils étaient utilisés pour puiser les eaux usées depuis les égouts de Oued Merzeg en vue de les utiliser pour l'irrigation de légumes. Menace Le procureur du Roi près le tribunal de première instance d'Aïn Sebaâ a par la suite donné ses instructions à la Gendarmerie Royale de Nouaceur pour diligenter une enquête et entendre les agriculteurs concernés. L'affaire a suscité une vive indignation parmi les habitants et les acteurs de la société civile de la région qui dénoncent une pratique mettant en péril la santé publique. « Malheureusement ces agriculteurs utilisaient des eaux usées non traitées dans l'irrigation de légumes de grande consommation comme les tomates, les pommes de terre ou les épinards. Des aliments irrigués par des eaux toxiques et complètement impropres à la consommation humaine », fustige Nabil Ouazzae, Secrétaire Général de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et la lutte contre la corruption. Dénonçant des pratiques illégales largement répandues dans la région qui compte des centaines d'hectares de cultures, l'activiste déplore une véritable catastrophe écologique doublée d'une énorme menace pour la santé publique. « En tant qu'association, nous réclamons un traitement strict et des peines aggravées pour les agriculteurs ayant mis en danger la sécurité des citoyens », réclame Ouazae. Toxicité « L'élimination inadéquate des eaux usées peut entraîner la pollution des cours d'eau, des sols et des nappes phréatiques. Les utiliser délibérément pour irriguer les plantations agricoles peut avoir de graves conséquences sur la biodiversité et la qualité de l'eau en plus de l'impact direct sur les récoltes et les produits agricoles », prévient le toxicologue Dr Karim Hachimi. Ce dernier explique que ces eaux peuvent contenir des agents pathogènes susceptibles de propager des maladies graves, notamment des infections gastro-intestinales. D'après ce spécialiste, l'impact varie selon la nature des végétaux. « L'effet devient plus dangereux lorsqu'il s'agit de légumes-feuilles comme la menthe, la laitue, la salade verte ou encore le persil et la coriandre. Ce type de plantes a tendance à agir comme une sorte de filtres en absorbant bactéries et virus présents dans l'eau polluée », explique le toxicologue. Même si Dr Karim Hachimi estime que les arbres fruitiers restent moins « exposés », le danger persiste malgré tout. « Si les fruits ou les légumes sont touchés par l'eau contaminée non traitée, le risque est énorme pour la santé des humains », argumente le toxicologue qui cite notamment l'Escherichia coli et la Staphylococcus aureus, des bactéries particulièrement virulentes et dangereuses pour la santé humaine. Il rappelle également la présence de substances toxiques aussi dangereuses dans les eaux usées non traitées tels les métaux lourds ( mercure, plomb, cuivre, zinc...) qui peuvent contaminer les sols, les nappes phréatiques et les récoltes. Alternative Dans un contexte marqué par le stress hydrique, la réutilisation des eaux usées peut permettre un apport non négligeable d'eau douce, afin d'irriguer des terres arables, comme l'expliquent les spécialistes. Ce procédé technique s'appuie sur une ressource présente en grande quantité et souvent mal gérée : Les eaux usées urbaines. La réutilisation de ces eaux permet une valorisation de « ces déchets », qui sont à l'origine de problèmes sanitaires aux conséquences meurtrières dans une large partie du globe. Cette technique requiert des traitements performants et une surveillance sanitaire continue. Les eaux usées épurées sont valorisées en agriculture grâce à leur composition riche en matières organique et minérale. En effet, l'irrigation par ces eaux permet de limiter l'utilisation d'engrais et peut être utilisée pour tout type de cultures (maraîchages, forêts, golfs...). Le traitement, reste assez laborieux et plus complexe par rapport à un traitement classique. Ce procédé tertiaire consiste en effet à traiter l'eau par lagunage ou par procédés biologiques.