L'excès de salinité conjugué à une richesse en nitrates des eaux usées épurées désinfectées, doit impérativement inciter le réutilisateur à tenir compte de ces caractéristiques pour ne pas compromettre la plante, le sol, mais aussi la nappe phréatique. Avec un potentiel actuel égal à 325 millions de mètres cubes, le Maroc a fait son chemin pour la réutilisation de ces eaux usées à travers la mise en place d'un plan national de réutilisation où la Région Souss-Massa détient la part du lion avec un volume estimé à 88 millions de mètres cubes d'eau réutilisable à l'horizon 2030. En attendant la généralisation de la réutilisation des eaux usées au niveau du Grand Agadir, dans le cadre de la mobilisation des ressources non conventionnelles, le potentiel actuel, qui est à hauteur de 5000 m3/j, permet de couvrir une partie des besoins en termes d'arrosage des espaces verts et l'irrigation d'un seul golf sur cinq grands parcours ouverts au public. Cependant, au-delà du potentiel qu'offrent les eaux usées, l'opération de réutilisation doit être gérée d'une façon durable, mais surtout avec un accompagnement scientifique. «Réutiliser les eaux usées doit être effectuée avec prudence, puisqu'elles sont de tendance saline», prévient Dr. Hind Mouhanni, professeur-chercheur, qui a travaillé depuis l'année 2007 sur la réutilisation des eaux usées épurées en irrigation. En effet, le problème majeur qui altérait la qualité des eaux épurées est la concentration dans les effluents des eaux usées surtout d'origine industrielle. C'est pourquoi, les eaux épurées destinées à la réutilisation doivent répondre à une bonne qualité, notamment la Catégorie A de la norme OMS (Organisation mondiale de la santé), pour être réutilisée sans restriction en irrigation. Financièrement, l'exploitant du parcours golfique peut réaliser des économies substantielles sur le coût des engrais et de l'énergie de pompage. À côté de ce bénéfice, le recyclage permet de préserver la nappe phréatique de la surexploitation en irrigation. À cet égard, ces éléments revêtent une importance capitale dans une région telle que le Grand Agadir où le déficit hydrique affiche un bilan régional estimé à 58 millions de m3 par an. L'étude scientifique menée par Dr. Hind Mouhanni, ayant d'ailleurs fait l'objet de communications scientifiques internationales, a montré les impératifs à prendre en considération pour l'utilisation de ces eaux. En effet, l'excès de salinité conjugué à une richesse en nitrates des eaux usées épurées désinfectées, doit impérativement inciter le réutilisateur à tenir compte de ces caractéristiques pour ne pas compromettre la plante, le sol, mais aussi la nappe phréatique.