L'avenir de la voiture électrique semble désormais inscrit dans la trajectoire de nombreux pays à travers le monde. Cependant, comme le souligne Laurent Genet, Directeur Général Adjoint de CFAO Mobility, cette transition se fait par étapes. « Ce que l'on observe à l'échelle mondiale, c'est que tout commence généralement par un nombre limité de modèles et un réseau de recharge restreint, accompagné de peu d'avantages fiscaux. Ces facteurs jouent un rôle crucial pour inciter les consommateurs à adopter cette nouvelle technologie, encore peu connue au départ », explique-t-il. Adoption progressive Prenons l'exemple de l'Inde : « Le marché a démarré lentement, avec une part de marché de 0,2 %, qui a progressivement doublé pour atteindre 0,4 %, puis 0,5 %, 0,8 %, et ainsi de suite », indique Laurent Genet. Une fois la barre des 1,5 % franchie, la dynamique a pris un tour décisif. Des chiffres similaires ont été observés en Chine, à Singapour, et même au Vietnam. Au Maroc, la situation suit une trajectoire similaire, bien que dans une moindre mesure. « Il y a trois ans, l'électrique n'existait quasiment pas au Maroc. En deux ans, le marché a doublé, bien qu'il reste encore inférieur à 1 % du total. Ce n'est que le début, et cette progression est tout à fait normale à ce stade », affirme Laurent Genet. Cette lente montée en puissance est caractéristique des marchés émergents, où la croissance se fait à un rythme mesuré, souvent en réponse à des enjeux locaux comme la pollution de l'air. « Ce qui fait la différence, ce sont les politiques publiques », insiste Laurent Genet. Il précise que dans des pays comme la Chine, la pollution est devenue un véritable problème de santé publique. À Bangkok, par exemple, « le maire a pris la décision d'offrir les transports en commun gratuitement pendant la semaine pour réduire l'utilisation des voitures et des motos face à la pollution extrême de la ville ». Les gouvernements ont un rôle clé à jouer dans ce processus. À Paris, des mesures comme l'accès privilégié aux véhicules propres ou l'octroi de places de parking gratuites sont mises en place pour encourager l'adoption de véhicules écologiques. « Ce sont des décisions publiques qui relèvent des autorités locales, régionales ou nationales, et elles sont cruciales pour faire évoluer le marché », rappelle Laurent Genet. Il ajoute que « le Maroc, de par sa situation géographique et ses atouts naturels, dispose de tous les ingrédients nécessaires pour réussir cette transition énergétique ». Le Maroc, un marché prometteur Le Maroc, avec sa vaste zone côtière et son ensoleillement presque constant, possède un atout majeur : la production d'énergie propre. « Le pays pourrait largement profiter de ses vents forts et de son soleil pour développer l'éolien et le solaire, et alimenter ainsi les véhicules électriques », explique Laurent Genet. Cette transition est d'autant plus cruciale pour un pays comme le Maroc, qui souhaite réduire sa dépendance aux énergies fossiles. La possibilité de produire de l'énergie propre sur place offre une solution tangible et durable pour l'avenir de la mobilité. Cependant, Laurent Genet rappelle que l'électrique reste une solution adaptée principalement aux trajets courts ou moyens, dans des zones bien équipées en bornes de recharge. Pour les longs trajets, les véhicules hybrides et plug-in hybrides constituent des alternatives intéressantes. « De plus en plus de Marocains soucieux de l'environnement font déjà le choix du passage du diesel vers l'hybride ou le plug-in hybride », observe-t-il. Défis économiques Si la transition énergétique est prometteuse, elle comporte toutefois des défis, notamment économiques. Les véhicules hybrides ou électriques, bien qu'ils nécessitent moins d'entretien, restent plus chers à l'achat. « Aujourd'hui, un véhicule hybride ou plug-in hybride coûte plus cher qu'un diesel, ce qui représente un sacrifice pour les constructeurs et les distributeurs », note Laurent Genet. Cette différence de coût constitue un frein important à l'adoption massive de ces véhicules. Pour rendre cette transition plus accessible, « il est essentiel de mettre en place des incitations publiques, comme des subventions à l'achat ou des réductions fiscales », recommande l'expert. Une autre priorité, d'après lui, réside dans le développement parallèle des infrastructures de recharge. « Les bornes de recharge sont indispensables pour que les utilisateurs puissent adopter l'électrique en toute sérénité. C'est un cercle vertueux : plus il y a de bornes, plus les gens sont enclins à acheter des véhicules électriques, et vice-versa », ajoute-t-il. La réussite de cette transition énergétique dépendra avant tout de la volonté des autorités publiques. « Ce n'est pas seulement une question de technologie ou d'infrastructures, c'est aussi une question de vision et de volonté politique. Les gouvernements doivent rendre ces technologies accessibles, non seulement en termes de coût, mais aussi en facilitant l'accès aux bornes de recharge et en soutenant les initiatives privées qui souhaitent investir dans cette infrastructure », conclut Laurent Genet.