Les conflits, les catastrophes climatiques et les pressions économiques continuent de pousser des millions de personnes à quitter leur foyer en quête de sécurité ou, tout simplement, de nouvelles perspectives. C'est le nouveau contexte, de plus en plus complexe, dans lequel s'inscrivent les migrations actuelles au niveau mondial, comme l'explique l ́Organisation Internationale pour la Migration (OIM) à l'occasion de la Journée internationale de la migration. L'OIM nous apprend que durant l'année qui vient de s'écouler, les déplacements internes ont atteint un niveau record. « Tandis que les besoins humanitaires ont augmenté en raison des crises nouvelles ou en cours » précise l'OIM. Cette dernière déplore les pertes humaines enregistrées au niveau des différents couloirs de la migration et qui continuent de s'alourdir au fil des ans. Couloirs de la mort « Malheureusement, le nombre de décès enregistrés parmi les migrants en transit a été plus élevé que jamais », regrette l'organisation onusienne dans son rapport. Plus de 67.000 personnes sont mortes ou disparues sur les routes migratoires entre 2014 et septembre 2024. Un chiffre en constante augmentation. Si 2023 a été considérée comme l'année la plus meurtrière avec 8 606 personnes migrantes mortes ou disparues, 2024 qui n'est pas encore finie risque de battre ce record. Durant cette dernière décennie, la Méditerranée était la route migratoire la plus mortelle dans le monde. Sur cette période, plus de 30.000 personnes ont perdu la vie ou ont été portées disparues dans cette région. L'Afrique vient en deuxième position avec 15.579 décès et les Amériques en troisième position avec 9806 morts. Le Projet Migrants Disparus précise cependant que ces chiffres restent dessous de la réalité. Le bilan des migrants décédés et disparus peut être bien supérieur aux chiffres présentés. Impact positif Rappelant l'impact positif des migrations régulières, sûres et bien gérées, l'organisation affirme « qu'elle joue un rôle essentiel sur les marchés du travail. Les migrants réguliers comblent les pénuries de compétences, contribuent à l'innovation et à l'esprit d'entreprise et permettent de remédier aux difficultés démographiques dans les sociétés vieillissantes. Ils stimulent la croissance économique et apportent un soutien vital à leur famille et leur communauté restées au pays, ce qui favorise le développement », énumère l'OIM. Pour mettre à profit ce potentiel et répondre aux besoins humanitaires croissants dans le monde entier, l'OIM lance à cette occasion son Appel mondial pour 2025. « Les fonds essentiels ainsi mobilisés soutiendront les programmes de l'OIM dans plus de 170 pays et territoires, l'objectif étant qu'ils bénéficient à plus de 101 millions de personnes », détaille ONU migration. Migration en chiffres Toujours selon les statistiques de l'OIM, la grande majorité des personnes continue de vivre dans le pays où elles sont nées, seulement 1 personne sur 30 est un/e migrant/e. Dans l'ensemble, on estime que le nombre de migrants internationaux a augmenté ces cinquante dernières années. Selon les estimations de l'OIM, 281 millions de personnes vivaient dans un pays autre que leur pays de naissance en 2020, soit 128 millions de plus qu'en 1990 et plus de trois fois plus qu'en 1970. Il y a actuellement un plus grand nombre d'hommes que de femmes migrants internationaux dans le monde et l'écart entre les sexes s'est creusé au cours des 20 dernières années. En 2000, la distribution d'hommes/femmes était respectivement de 50,6 à 49,4% (soit 88 millions de migrants hommes et 86 millions de femmes migrantes). En 2020, il était de 51,9 à 48,1%, avec 146 millions de migrants hommes et 135 millions de femmes migrantes. En 2020, l'Europe et l'Asie accueillaient, respectivement, quelque 87 millions et 86 millions de migrants internationaux, représentant 61 % de la population mondiale totale de migrants. Ces deux régions étaient suivies par l'Amérique du Nord, avec près de 59 millions de migrants internationaux en 2020 (21 %), l'Afrique (9 %), l'Amérique latine et les Caraïbes (5 %), et l'Océanie (3 %). Fonds en transit Les données de l'OIM notent une augmentation générale des rapatriements de fonds internationaux au cours des dernières décennies, de 128 milliards de dollars en 2000 à 831 milliards de dollars en 2022. Ces rapatriements de fonds sont constitués essentiellement de transferts financiers ou en nature effectués directement par les migrants à l'intention de leur famille ou de leur communauté dans leur pays d'origine. En 2022, l'Inde, le Mexique, la Chine, les Philippines et l'Egypte ont été (par ordre décroissant) les cinq premiers pays bénéficiaires de rapatriements de fonds, bien que l'Inde surpassait grandement les autres, avec plus de 111 milliards de dollars de rapatriement de fonds, devenant le premier pays à atteindre et même dépasser les 100 milliards de dollars.