Casablanca serait un espace qui n'est pas tout à fait sûr pour les femmes et les filles. « La métropole est confrontée à une réalité alarmante : L'augmentation constante des violences de toutes formes faites aux femmes en général et à celles travaillant dans les espaces publics en particulier », constate l'Association Tahadi pour l'Egalité et la Citoyenneté (ATEC) dans sa pétition adressée au Conseil de la ville et à sa présidente Nabila Rmili, le 20 novembre 2024. Face à cette urgence sociale, l'association féministe a pris les devants en réclamant, via cette pétition, la création de Centres d'accueil, d'écoute et d'orientation dédiés aux femmes victimes de violences. Situation alarmante La pétition, déposée conformément aux dispositions de la loi organique 113.14 relative aux collectivités territoriales et au décret 2.16.403 encadrant la forme des pétitions, souligne en effet l'urgence d'agir face à « une situation qui ne cesse de se détériorer », alerte l'ATEC. Selon le rapport 2023, du Haut-commissariat au Plan intitulé « La Femme en chiffres », les cas de violences contre les femmes, notamment celles évoluant dans les espaces publics, atteignent des proportions inquiétantes. L'ATEC a de son côté publié un rapport en décembre 2024, intitulé « Vers des politiques publiques locales efficaces à Casablanca pour les femmes actives dans les espaces publics ». « Ces documents révèlent un constat accablant : les femmes, spécialement celles travaillant dans des lieux publics, subissent des violences à répétition avec peu ou une quasi-absence de mécanismes institutionnels pour les protéger ou les accompagner », déplore l'association active auprès des victimes de violence. Vide institutionnel Cette dernière alerte par rapport à l'ampleur du phénomène dans une métropole qui ne dispose d'aucun centre d'accueil, d'écoute ou d'orientation spécifiquement destiné aux survivantes de violences et financé par la Commune. « Un vide qui pousse les associations comme l'ATEC à se substituer aux institutions communales et à jouer ce rôle mais avec des moyens très limités. Nous faisons face à une responsabilité énorme avec des ressources humaines et logistiques insuffisantes et en l'absence de l'acteur clé : la Commune de Casablanca », fustige la pétition. Se basant sur les données et les témoignages de Casablancaises travaillent dans les espaces publics, l'ATEC pointe du doigt « un sentiment d'insécurité aggravé » et qui représente selon la pétition, un enjeu majeur. Ces données ont été confirmées par les ateliers et les sessions d'écoute menés par ATEC dans le cadre de son projet « Casablanca, une ville sûre », soutenu par l'ONU Femmes au Maroc. Démarche participative En déposant cette pétition, ATEC met également en lumière la nécessité de renforcer les principes de démocratie participative inscrits dans la Constitution de 2011. La pétition appelle le Conseil de la ville à inscrire la création de centre d'écoute à l'ordre du jour de sa prochaine session, en espérant une prise en charge réelle de cette problématique. Si la société civile joue un rôle de vigie, l'ATEC insiste cependant sur le fait que la lutte contre ce fléau ne peut se faire sans une implication proactive des autorités locales. « Les Casablancaises ont droit à des espaces sûrs et à une prise en charge adaptée. Il est temps que la ville assume sa responsabilité envers ses citoyennes », conclut la pétition.