Les chiffres sont alarmants : près de 40 000 faillites sont prévues d'ici fin 2024, dont 99 % concernent des TPE, parmi lesquelles de nombreuses entreprises individuelles non recensées. « Cette crise aggrave également le chômage, qui dépasse maintenant les 13 %, et favorise l'expansion du secteur informel », déclare Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME. Il déplore également que « la promesse de 340 milliards de dirhams d'investissements publics ne bénéficiera pas aux petites entreprises, faute d'application de la loi de 2013 qui, sans décrets d'application, n'a jamais permis aux TPE-PME d'obtenir les 20 % de commandes publiques qui leur sont pourtant réservées. » Accès au financement. Une impasse pour les TPE Selon le président de la Confédération, les petites entreprises font face à des difficultés persistantes pour accéder aux financements bancaires, en raison d'un taux directeur élevé et de conditions strictes. Avec l'arrêt des programmes Forsa et Intelaka, « le microcrédit reste leur seul recours. Mais, bien que le plafond du microcrédit soit passé de 50 000 DH à 150 000 DH, les lourdeurs administratives des organismes de microcrédit et leurs taux d'intérêt très élevés, dépassant 20 %, limitent l'accès des TPE et des auto-entrepreneurs au financement », déplore El Fergui. Il ajoute que ces petites structures peinent aussi à obtenir des financements et à accéder aux marchés publics, en raison de retards de paiement, de refus de règlement, et d'un manque d'incitations fiscales qui fragilisent leur stabilité. El Fergui souligne par ailleurs que « malgré les 12 milliards de dirhams prévus pour soutenir les TPE-PME dans le budget, aucun programme concret n'a été mis en place, laissant craindre que cette enveloppe soit destinée aux grandes entreprises. » Difficultés d'accès aux marchés publics « En l'absence de décrets d'application de la loi de 2013, qui prévoit d'allouer 20 % des commandes publiques aux TPE et PME, celles-ci se heurtent à des obstacles majeurs pour accéder à un marché évalué à plus de 300 milliards de DH chaque année », explique El Fergui. Il précise que « depuis l'adoption de cette loi, les TPE et PME ont perdu plus de 660 milliards de DH, un manque à gagner considérable pour ces entreprises au Maroc. » Le président pointe également l'absence de mesures fiscales ciblées, qui freineraient le développement des TPE-PME et des auto-entrepreneurs. Des mesures pour un soutien concret Pour remédier à cette situation, El Fergui propose des mesures concrètes. Selon lui, l'application des décrets de la loi de 2013 est indispensable pour garantir un accès équitable aux marchés publics pour les petites entreprises. Il préconise aussi la mise en place de programmes de financement adaptés, accompagnés d'un soutien ciblé, offrant ainsi un appui solide à leur développement. En parallèle, « l'introduction d'incitations fiscales spécifiques et un cadre législatif pour protéger les sous-traitants contre les pratiques abusives favoriseraient un environnement plus juste et protecteur », préconise-t-il. Sur le plan des différends commerciaux, El Fergui considère que des mécanismes rapides et efficaces de résolution des conflits renforceraient les relations entre grandes et petites entreprises, favorisant ainsi une dynamique commerciale saine et durable. Enfin, El Fergui insiste sur le rôle crucial du renforcement des compétences par des formations adaptées et du soutien financier, deux leviers essentiels pour améliorer les performances des petites entreprises et renforcer leur contribution à l'économie nationale.