Fatima-Ezzahra El Mansouri, ministre de l'Aménagement du territoire, a dénoncé les entraves liées à la lutte contre l'habitat informel, notamment dues à la corruption et aux abus dans les programmes de relogement. Elle a détaillé les mesures mises en place pour lutter contre ces pratiques et améliorer les conditions de logement des ménages vulnérables. Malgré les efforts déployés par le gouvernement, une « économie parallèle » fondée sur la corruption continue d'entraver l'efficacité des programmes de lutte contre l'habitat informel, a affirmé Fatima-Ezzahra El Mansouri, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la ville, lundi 11 novembre 2024, lors d'une intervention au Parlement. Cette réalité, selon elle, empêche de garantir l'accès équitable au programme destiné à éradiquer les bidonvilles et améliorer les conditions de vie des citoyens. Lors de la séance hebdomadaire des questions orales, la ministre a détaillé aux députés l'ampleur du problème. Elle a expliqué qu'environ 14 000 personnes avaient abusivement bénéficié du programme de lutte contre les bidonvilles à plusieurs reprises, en se déplaçant d'une ville à l'autre, notamment entre Marrakech, Casablanca et Kénitra. Ces individus, en se réinscrivant sous différentes identités, privent ainsi les véritables bénéficiaires d'un accès aux logements décents. La ministre a souligné que cette fraude était rendue possible par un système de corruption bien implanté, qui rend difficile l'atteinte des objectifs du gouvernement dans s0a lutte contre l'habitat insalubre. Lire aussi : Accès aux logements sociaux : les députés appellent le gouvernement à des mesures urgentes Pour illustrer cette situation, Fatima-Ezzahra El Mansouri a précisé qu'une personne pouvait bénéficier des aides dans plusieurs villes en même temps, contournant ainsi les mécanismes de sélection. Cela empêche les foyers réellement dans le besoin, qui répondent aux critères du programme, d'en profiter. La ministre a ajouté qu'elle avait consulté le registre national des programmes de lutte contre les bidonvilles, afin de mieux comprendre l'ampleur de ces abus. Cette fraude, a-t-elle indiqué, est l'un des principaux obstacles à l'éradication de l'habitat informel. En réponse à une question de la députée Najwa Koukouss, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), concernant la lutte contre ces « intermédiaires » qui contribuent à maintenir la situation des bidonvilles, la ministre a expliqué que le ministère de l'Intérieur avait déjà mis en place un dispositif d'inspection visant à contrer ces pratiques frauduleuses. Elle a également évoqué l'implémentation d'un système technologique avancé, utilisant des cartes satellites et des images captées par des drones, pour surveiller et localiser les zones de prolifération de l'habitat insalubre, mais aussi pour identifier ces intermédiaires dans toutes les villes du pays. Cette approche technologique permet de gagner en efficacité et de réduire la dépendance aux mécanismes traditionnels, souvent sujets aux manipulations. La ministre a assuré que les résultats étaient déjà visibles dans certaines régions, où la lutte contre l'habitat informel commence à porter ses fruits. Elle a également précisé que des actions concrètes étaient menées pour éradiquer les foyers frauduleux et garantir que les fonds alloués par l'Etat et les collectivités locales bénéficient uniquement aux populations vulnérables. Concernant le cas particulier du bidonville de Carrière Rhamna à Casablanca, l'un des plus anciens du pays, avec ses 63 000 baraques et des habitants qui attendent depuis 2009 un relogement, la ministre a souligné que ce dossier avait été réactivé. Selon elle, une nouvelle approche a été adoptée, associant désormais le secteur privé au processus de relogement. Cette collaboration vise à accélérer la mise en œuvre des projets et à garantir une gestion plus efficace des ressources disponibles. La participation du secteur privé permet également d'attirer de nouveaux investissements, ce qui est essentiel pour mener à bien ces projets de grande envergure. Fatima-Ezzahra El Mansouri a insisté sur le fait que, malgré les obstacles rencontrés, le programme de lutte contre l'habitat insalubre progresse à un rythme soutenu. Elle a mentionné que 16 300 ménages bénéficiaient chaque année d'un programme d'amélioration de leurs conditions de logement, ce qui représente une augmentation de 163 % par rapport à la période 2018-2020, où seuls 6 200 ménages en moyenne en profitaient. De plus, la réduction des bidonvilles poursuit sa dynamique positive, avec une diminution de 35 % du nombre de ces zones à l'échelle nationale.