Les enfants marocains ont leur mot à dire lorsqu'il s'agit de leurs droits. De plus en plus conscients, sensibles aux questions liés à leurs droits fondamentaux malgré une certaine « ignorance », le sens critique de plus en plus aiguisé, les enfants ont partagé leur perception et leur vision de droits améliorés à travers le sondage réalisé par l'Observatoire national des droits de l'Enfant (ONDE) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF). Présentées à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, les conclusions de ce sondage viennent d'être dévoilées ce jeudi 21 novembre à Rabat. Résultats mitigés « Effectué auprès d'un échantillon de 7.500 jeunes dont 1.449 enfants âgés entre 9 et 18 ans, le sondage U-Report révèle les préoccupations des enfants et leur perception en rapport avec la jouissance de leurs droits. Même si les résultats du sondage font ressortir une faible connaissance des droits consacrés par la Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE), ils montrent toutefois une forte conscience par rapport à la priorité des droits à l'éducation, à la santé et à la protection contre les violences », explique à L'Observateur du Maroc et d'Afrique, Amal Chafai, Secrétaire générale de l'ONDE. Ainsi 16,9% des enfants sondés affirment connaître ces droits, tandis que 50,15 % ne les connaissent que partiellement. Cependant, 32,9% des sondés avouent les ignorer totalement. Par catégorie de droits, 34,5% des répondants estiment que le droit à l'éducation constitue le droit le plus important pour un enfant. Le droit à la santé vient en deuxième position avec 23,4% des sondés. Les enfants interrogés se montrent sensibles à l'impact des violences sur leurs compères. Ainsi 17,94% des sondés estiment que la protection contre les violences est un droit fondamental qui doit figurer sur la liste des droits primordiaux, juste avant le droit à l'alimentation suffisante (14%). L'éducation en premier « Les enfants quel que soit leur âge aussi bien en milieu rural qu'urbain placent l'éducation en tête de leurs préoccupations. Ce résultat fait écho au choix stratégique retenu dans le nouveau modèle de développement à savoir « une éducation de qualité pour tous » et nous interpelle sur notre rôle en tant qu'institution pour contribuer à garantir à tous les enfants une éducation à la hauteur de leurs attentes.», commente Amal Chafai. Cette dernière souligne l'aspect « solidarité enfantine ». « Fait surprenant ! Les enfants du milieu urbain se sont montrés solidaires avec ceux du milieu rural et estiment que le droit de ces derniers à une éducation de qualité est une priorité et un défi primordial », ajoute la secrétaire générale de l'ONDE. Dans ce même sens, le sondage montre que les enfants réclament plus de progrès dans certains domaines, notamment l'éducation. Interrogés sur les trois principaux défis auxquels sont confrontés leurs pairs dans leur entourage, 39,5% des enfants sondés citent l'accès à l'école en milieu rural en premier lieu, 20,2% mentionnent l'accès à une éducation de qualité en deuxième position et 6,8% évoquent la santé mentale de l'enfant comme troisième défi. Les filles restent largement plus sensibles à cette question que les garçons. Santé mentale, une priorité « La prise de conscience de l'importance de la santé mentale pour les enfants s'est accentuée après la crise sanitaire liée à Covid-19. A l'UNICEF, ce constat nous pousse à encourager et à appeler plusieurs ministères en charge de l'enfance à renforcer un accès équitable aux services de santé mentale pour les enfants », nous explique Marc Vincent, représentant de l'UNICEF. Pour Amal Chafai « Ces résultats sont logiques vu les pressions subites par les enfants sur les réseaux sociaux, à l'école, en société et qui les « fragilisent » psychiquement. A l'Observatoire nous sommes conscient de l'enjeu et veillons à y apporter des réponses en coopération avec les acteurs principaux de la santé mentale enfantine». En termes de respect de leurs droits, plus de la moitié des enfants (56,3%) estiment qu'ils sont respectés par leur entourage à des exceptions près tandis que près du tiers (30%) dénonce le non-respect de leurs droits. D'autres données viennent confirmer les préoccupations exprimées par les enfants relatives à l'éducation et la santé. Plus du tiers des enfants sondés (36%) estiment que l'accès à l'école en milieu rural doit être la principale priorité du gouvernement dans le domaine de l'enfance, et 27,9% appellent l'exécutif à placer l'accès à une éducation de qualité comme priorité. Les autres priorités évoquées par les enfants touchent à différents domaines dont la santé mentale et la protection contre les différentes formes de violences. Quant aux sources d'informations relatives à leurs droits, la télévision vient en tête pour 25.9% des enfants interrogés, les réseaux sociaux en deuxième position (21.9%) et l'école (16,35%). Enfants volontaires «Ecouter les enfants n'est pas seulement respecter leur droit à s'exprimer, c'est aussi comprendre leurs idées pour bâtir un monde meilleur et tenir compte de leurs priorités dans le cadre des mesures que nous prenons aujourd'hui », commente Marc Vincent. Des propos bien illustrés ce jeudi lors de cette conférence de présentation du sondage. Une rencontre animée à 80% par des enfants parlementaires. Deux filles et deux garçons qui ont réussi ce premier exercice avec brio devant les médias nationaux. « C'est une première au Maroc, une conférence de presse animée par des enfants, pour défendre la cause des enfants et faire entendre la voix des enfants », se félicite le représentant de l'UNICEF au Maroc au terme de la rencontre. Un sens de volontariat et une mobilisation pour la cause de l'enfance que l'on retrouve chez une grande majorité des enfants sondés. Ainsi 70,9% se disent prêts à soutenir les droits de l'enfant, en devenant notamment bénévoles dans des ONG, en partageant des informations sur les réseaux sociaux ou en participant à des campagnes de sensibilisation. La relève sera certainement assurée !