12.397 est le nombre des défaillances des entreprises en 2022, d'après la dernière étude du cabinet Inforisk, soit une augmentation de 17,4% par rapport à l'année 2021. La dite étude indique que par catégorie, 99,2% de ces défaillances concernent les très petites entreprises (TPE), alors que les petites et moyennes entreprises (PME) représentent 0,7% et les grandes entreprises (GE) 0,1%. « Ces chiffres ne reflètent guère la réalité sur le terrain », juge le président de la confédération marocaine des TPE-PME. Abdellah El Fergui estime « qu'en 2021, plus de 20.000 entreprises ont mis la clé sous la porte. 250.000 entreprises, elles, étaient menacées de faillite d'où la demande formulée par la confédération pour lancer un programme d'urgence pour sauver ces TPE-PME et Auto-entrepreneurs ». Si El Fergui reste convaincu que le nombre de défaillances de TPE dépasse de loin ce qui a été annoncé, c'est parce que selon lui, ce type d'entreprises n'a reçu ni aides, ni accompagnement et n'a pas bénéficié d'aucune mesure de sauvetage. Il assure aussi, qu'il a reçu la confirmation de la part d'Inforisk que les TPE personnes physiques ne sont prises en considération dans l'étude. Seules les TPE personnes morales sont incluses. «Cette étude inclut seulement les sociétés qui suivent les procédures de cession d'entreprise auprès des tribunaux », souligne t-il. L'étude en question, note également que 33% des entreprises défaillantes opèrent dans le secteur du commerce, 21% dans l'immobilier, 15% dans le Bâtiment et Travaux publics (BTP) et 8% dans le Transport. « Cela conforte notre position », commente El Fergui qui précise que pour les TPE opèrent surtout dans des secteurs comme les services, le bâtiment, le commerce, l'artisanat, le tourisme, la formation... et ce sont là les secteurs les plus touchés par les défaillances des TPE. Les raisons des défaillances Les raisons de la défaillance sont multiples selon El Fergui. Il cite d'abord les difficultés liées à l'accès au financement, aux commandes publiques, au foncier, aux délais de paiement, au manque d'accompagnement et de formation...La crise sanitaire a aggravé encore plus la situation. « Et la crise économique a touché de plein fouet les TPE qui se caractérisent déjà par une assiette financière fragile et qui malheureusement n'ont pas été représenté auprès du comité de veille économique pour faite entendre leur voix », ajoute le professionnel qui assure que la TPE a été la grande oubliée dans les programmes de relance. El Fergui, met l'accent également sur l'inflation. «L'augmentation des prix du carburant et la décision d'augmenter le taux directeur prise par Bank Al Maghrib pour atteindre 2,5% ont compliqué la tâche pour les TPE qui ont du mal à accéder au financement bancaire pour faire face à leurs difficultés de gestion et de trésorerie », regrette –t-il. Pour le président de la confédération des TPE-PME, «c'est une véritable guerre de chiffres. Le cabinet en question ou encore l'observatoire des PME essaient de minimiser la portée de cette crise avec leurs statistiques et chiffres qui ne reflètent guère la réalité », admet-il ajoutant que l'hémorragie va continuer en l'absence d'un vrai programme d'urgence pour sauver les TPE, PE et les Autoentrepreneurs. Comment stopper l'hémorragie ? Pour stopper cette hémorragie, El Fergui recommande ainsi d'accorder à la TPE la place qu'elle mérite dans les programmes gouvernementaux. Il propose aussi de créer une banque d'Etat qui pourra soutenir ce type d'entreprises et appliquer l'article 156 du décret relatif aux marchés publics qui octroie 20% des commandes publiques aux TPE-PME. Le même professionnel préconise également de prévoir une loi qui protège le sous-traitant en lui garantissant d'être payé à temps et d'avoir les références techniques que jusque là, seules les grandes et moyennes entreprises ont le droit d' avoir. Il insiste par ailleurs sur l'adoption de décisions et de lois qui permettront de réduire les délais de paiement tout en mettant en place au sein du ministère de tutelle, de mécanismes capables de publier les listes des mauvais payeurs. Autre recommandation phare évoquée : « associer la confédération marocaine des TPE-PME dans des consultations et décisions liées aux TPE-PME et Auto-entrepreneurs en commençant par l'élaboration des PLF en passant par le dialogue social et sans oublier la présence au sein des conseils d'administrations des établissements publics en charge des entreprises ».